MONTHOLON, Charles de (1783-1853), général

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MONTHOLON, Charles de (1783-1853), général

Des débuts sous le signe de l’intrigue et du charme

Né le 21 juillet 1783, Charles de Montholon est le fils d’un conseiller au parlement de Metz, Mathieu de Montholon, dont la famille a donné deux gardes des Sceaux à la monarchie. Orphelin de ce père à l’âge de six ans, il fut adopté par son beau-père, le marquis de Sémonville, réputé être « le roi de l’intrigue », qui n’eut de cesse que de lui apprendre à gravir les échelons de la société. Montholon fut bon élève et sut jouer de son charme toute au long de sa vie…
Sa carrière militaire fut fulgurante : auréolé par procuration de la gloire de ses beaux-frères successifs, époux de sa plus jeune soeur Félicité Françoise Zéphirine de Montholon, le général Joubert et le maréchal MacDonald, Montholon franchit les grades de la cavalerie pour devenir aide de camp du maréchal Berthier en 1807. Dès 1809, il fut comte grâce au majorat constitué par son beau-père, colonel et chambellan de l’impératrice Joséphine. Le remariage de Napoléon avec Marie-Louise le propulsa à une nouvelle fonction : fait ministre plénipotentiaire dans le duché de Würtzbourg, il fut chargé de représenter l’empire français auprès de l’oncle de Marie-Louise en 1812.

La disgrâce après le mariage d’amour

Quelques quatre ans auparavant, Charles de Montholon avait rencontré une jeune femme de trois ans son aînée : Albine de Vassal. Quittant son mari, elle donna un fils à Montholon hors mariage et avant tout divorce. Devant le refus de Napoléon de le voir épouser Albine de Vassal, Montholon rusa et mentit à l’Empereur. La situation étant peu convenable au vu des fonctions que l’Empereur avait prévues pour lui, il tomba en disgrâce quand l’Empereur découvrit ce mariage et fut chassé des salons où il brillait tant auparavant, dès la fin de l’année 1812. le couple vécut en province discrètement mais fut bientôt proche de la banqueroute.

Retour en grâce en 1813-1814 et persistance en 1815

La débâcle de la campagne de Russie lui permit de retrouver un poste. Esquivant avec une certaine habileté toute assignation militaire, il devint commandant du département de la Loire en mars 1814. Il tint tête drant la campagne de France aux troupes autrichiennes jusqu’à la première abdication de l’Empereur.
Louis XVIII rentré en France, Montholon fit valoir ses origines et sa noblesse d’extraction. Il rappela également sa charge de premier veneur de Monsieur acquise à ses cinq ans. Il fut fait maréchal de camp sous la Restauration mais fut prié de s’éloigner de la Cour. Sa carrière semblait donc dans un cul-de-sac avec le retour des Bourbon.
À son retour, Napoléon le confirma dans ses fonctions de maréchal de camp mais il ne reçut aucune affectation précise durant la campagne de Belgique. le désastre de Waterloo précipita son destin : il décida de suivre Napoléon à Sainte-Hélène.

Sainte-Hélène : jusqu’à la fin

À Longwood, Montholon sut se faire apprécier par son charme, sa gentillesse et son dévouement, toujours pressé de satisfaire les exigences de l’Empereur. Son épouse, qui l’a suivi en exil, assura également le rôle de première dame de la petite Cour de Sainte-Hélène. Les époux Bertrand n’en furent que plus effacés.
Exécuteur testamentaire de Napoléon Bonaparte, dont il ferma les yeux, Montholon fut le plus récompensé de tous les compagnons d’exil de l’empereur déchu. Il reçut deux millions de francs tandis que Bertrand ne reçut que cinq cent mille francs.
Montholon rentra à Paris en octobre 1821 et se sépara de sa femme.

Avec Louis-Napoléon Bonaparte

Menant grand train et après quelques opérations industrielles hasardeuses, Montholon perdit sa fortune et passa en Grande-Bretagne pour éviter la prison. il se lia d’amitié avec Louis-Napoléon Bonaparte et participe au coup manqué de 1840 à Boulogne. Condamné à six ans de prison pour cet acte séditieux, il suivit Louis-Napoléon au fort de Ham où il resta jusqu’à l’évasion du futur Napoléon III, en 1846. Il soutint la candidature de Louis-Napoléon en 1848 et devint député de la Charente-Maritime en 1849. En 1851, il appuya le coup d’État de son ancien compagnon de captivité mais n’eut guère le temps de profiter de la reconnaissance de Napoléon III puisqu’il mourut le 21 août 1853.

► D’après la notice de Gilbert Martineau dans le Dictionnaire Napoléon, sous la direction de Jean Tulard, éd. Fayard, 1999

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