NIEL, Adolphe (1802-1869), maréchal de France, ministre de la Guerre

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Il naît à Muret, Haute-Garonne, le 4 octobre 1802, fils de Jospech Niel, avocat au Parlement de Toulouse, puis propriétaire agriculteur, conseiller général de la Haute-Garonne, et de Louise-Christine Lamorthe. Appartenant à la bourgeoisie depuis plusieurs générations, la famille Niel était originaire de Goyrans, dans la Haute-Garonne. L'ascendance irlandaise qu'on lui a parfois attribuée, allant jusqu'à en faire une branche des grands O'Neill, dont le rôle a été considérable dans l'histoire de l'Irlande, est une songerie ne reposant sur aucun élément concret. Niel, au surplus, est un nom typique du midi.

Sorti sous-lieutenant de l'École polytechnique  en 1823, le futur maréchal entre à l'École d'application du génie, à Metz. Lieutenant en second en 1825, il est placé au 3e régiment du génie, où il reste jusqu'en 1829, devenant lieutenant en 1er, puis lieutenant breveté en 1827, détaché en 1828 aux travaux de défense de la place de Longwy, puis, au début de 1829, à ceux de Toulon. Capitaine en second le 25 janvier 1829, il appartient de cette date à 1831 au 1er régiment du génie, chef du service aux îles d'Hyères le 30 juin, employé à Toulon en 1830 et à Bayonne en 1831. Capitaine en second breveté le 1er septembre 1831, il passe au 2e régiment du génie, où il restera jusqu'en 1835, date à laquelle il est promu capitaine en premier et transféré au 1er régiment du génie. En 1836, il est tout d'abord employé au dépôt des fortifications de Paris, puis attaché à l'état-major du génie du corps expéditionnaire dirigé contre Constantine. L'année suivante, il conduit l'une des colonnes d'assaut lors de la prise de Constantine. Devenu chef de bataillon le 24 décembre 1837, il reste sur place jusqu'en 1839, en qualité de chef du génie, après la reddition de la ville. En 1839 et 1840, on le trouve au 3e régiment du génie. De 1840 à 1846, il est employé aux travaux de fortifications de Paris (rive droite), en qualité de directeur des fortifications à Saint-Denis, promu lieutenant-colonel en 1842. Colonel en mai 1846, il commande jusqu'en 1849 le 2e régiment du génie. En 1849, il est chargé des fonctions de chef d'état-major du génie au corps expéditionnaire de la Méditerranée, envoyé à Rome afin d'y établir l'autorité pontificale. Il conduit les travaux du siège de la ville et, après la chute de celle-ci, reçoit mission du général en chef Oudinot d'en porter la nouvelle à Pie IX réfugié à Gaète. Général de brigade le 13 juillet, il commande le génie de l'armée expéditionnaire de la Méditerranée. 1850 le voit chef du service du génie au ministère de la Guerre. Entre 1851 et 1853, il inspecte différents arrondissements du génie. Le 21 mars 1851, il entre au comité des fortifications – il y siègera jusqu'en 1859 – et, le 26 janvier 1852, est nommé conseiller d'État en service ordinaire hors section : il le restera cinq ans. Le 30 avril 1853, il est général de division. En 1854, durant les premiers mois de la guerre de Crimée, il commande le génie du corps expéditionnaire de la Baltique et obtient la capitulation de la citadelle russe de Bomarsund, après un siège de cinq jours. De 1855 à 1860, il est aide de camp de l'Empereur. Au début de 1855, préoccupé par la durée du siège de Sébastopol, ce dernier l'y envoie avec mission d'établir un rapport sur la situation exacte de l'armée et la conduite des opérations. En mai, il commande le génie de l'armée d'Orient et assure la direction technique du siège de Sébastopol. En 1857, il entre au Sénat et, de cette année à 1860, est membre de la commission de défense des côtes. Par ailleurs, en 1857 et 1858, il inspecte différents arrondissements du génie. En décembre 1858, il est chargé par l'Empereur de négociations avec le roi Victor-Emmanuel II et Cavour, dans le dessein de conclure une alliance et de préparer le mariage du prince Napoléon –Jérôme avec la princesse Clotilde de Savoie. Le 22 avril 1859, il prend le commandement du 4e corps de l'armée d'Italie, contribue à la victoire de Magenta et prend une part décisive à celle de Solferino. Le 25 mai, il est fait maréchal de France. En août, il est nommé commandant supérieur du 6e corps d'armée à Toulouse et, le même mois, est élu président du conseil général de la Haute-Garonne, où il est entré l'année précédente. Il conserve son commandement à Toulouse jusqu'en 1867.
 
Parallèlement à ces fonctions, il est, de 1861 à 1867, président de la commission de défense des côtes et, en 1865, commandant en chef du camp de Châlons. Le 20 janvier 1867, l'Empereur lui confie le poste de ministre secrétaire d'État à la Guerre. Il entreprend une politique énergique de réformes vissant à adapter l'armée aux nouvelles conditions de la guerre. Il défend avec talent, devant le Corps législatif et le Sénat, une loi organique militaire, destinée à accroître les effectifs disponibles en cas de guerre, grâce notamment à la création d'une garde nationale mobile, comprenant les jeunes gens non appelés à servir dans l'armée active. Le 1er février 1868, il obtient le vote de cette loi, mais avec de tels amendements et limitations que les dispositions en deviennent illusoires. Il meurt à Paris VIIe, le 13 août 1869, des suites d'une opération aux voies urinaires, avant d'avoir pu mener à bien la tâche qu'il s'était assignée. Sa tombe se trouve dans l'allée centrale du cimetière de Muret.

Le maréchal Niel a laissé un certain nombre d'écrits : Siège de Bomarsund en 1854, journal des opérations de l'artillerie et du génie, avec la collaboration du colonel de Rochebouët (paris 1855, 54 p.) ; Siège de Sébastopol, journal des opérations du génie (Paris 1858, 599 p.) ; Loi sur l'armée. Discours de son excellence M. le maréchal Niel, ministre de la Guerre, prononcé au Corps législatif, le lundi 23 décembre 1867 (Paris1867, 31 p.) ; Loi sur l'armée. Discours de son excellence le maréchal Niel, ministre de la guerre, prononcés au Corps législatif les 23, 24, 28, 30, 31 décembre 1867, 2, 9, 10, 12, 13 et 14 janvier 1868 (Paris 1868, 135 p.) ; Rapport à l'Empereur sur l'organisation de la garde nationale mobile (Paris 1868, 8p.). Par ailleurs, quelques lettres de lui ont été publiées dans l'ouvrage de Mme de Beaulaincourt de Marles, fille du maréchal de Castellane : Campagnes de Crimée, d'Italie, d'Afrique, de Chine et de Syrie ;  1849-1862. Lettres adressées au maréchal de Castellane par les maréchaux Baraguey d'Hilliers, Niel… (Paris 1898).

Il avait épousé à paris Ve ancien, le 24 avril 1843, Clémence Maillères (Bordeaux 28 août 1822 – Paris VIIIe  mars 1901), fille de Guillaume-Maurice, receveur principal des douanes, et de Marguerite-Lucy Bonnaffé. Il subsiste de cette union une descendance en lignes masculine et féminine. En reconnaissance du rôle important tenu par le futur maréchal, lors du siège de Rome en 1849, la maréchale et Léopold Niel (1846-1918), général de brigade, son fils aîné, furent crées comtesse et comte par bref pontifical du 25 avril 1877, celui-ci stipulant que le titre serait transmissible par primogéniture dans la descendance masculine, légitime et catholique du second. Léopold Niel fut autorisé personnellement à porter ce titre en France, par décret du président de la république du 25 septembre 1877. Le titre s'est éteint en 1918, avec Léopold Niel, mort sans postérité.
 
Joseph VALYNSEELE

Cette notice est tirée, avec l'aimable autorisation des éditions Fayard, du Dictionnaire du Second Empire

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