PASQUIER, Etienne-Denis (1767-1862), préfet de police

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D'une  grande famille de robe comptant également Estienne Pasquier, l'auteur des Recherches sur la France; son père, president de la chamber des enquêtes au parlement de Paris et sa mère, janséniste, lui font donner une education severe au collège de Juilly. Il entre au parlement  avec dispense d'âge. En choisissant Etienne-Denis Pasquier comme préfet de police en 1810 pour succèder au corrompu mais efficace Dubois, Napoléon entendait faire pénétrer la rigueur et l'austérité rue de Jérusalem. Son choix était-il pour autant heureux ? Emprisonné sous la Terreur – son père fut guillotiné-, Pasquier garda toujours l'horreur de la Révolution, mais malgré ses liens avec Chateaubriand qui venait de prendre ses distances après l'exécution du duc d'Enghien, il se décida à se rallier à l'Empire.
 
Il fut nommé, le 11 juin 1806, en même temps que Molé, maître des requêtes au Conseil d'Etat. Ralliement douteux que justifiait ainsi Pasquier devant son secrétaire Favre : “Si les honnêtes gens s'abstiennent, tout pouvoir n'est-il pas livré à l'intrigue, à la malversation ? si les modérés se taisent , la grande influence n'est-elle pas acquise aux propagateurs d'idées fausses ? » Il fallait, au contraire, occuper les places pour pouvoir agir le moment venu en faveur d'une restauration. Au Conseil d'Etat, Pasquier se fit remarquer comme commissaire chargé de traiter de toutes les affaires relatives aux Juifs et de dresser la liste des questions à poser à l'assemblée des notables de cette religion. Il fut procureur général près le conseil du Sceau des titres et nommé conseiller d'Etat le 8 février 1810.

Appelé à la préfecture de Police pour « la nettoyer », selon l'expression qu'il emploie dans ses Mémoires (T. 1, p.411), il se révéla peu efficace et se fit surprendre par le coup d'Etat de Malet. Arrêté en même temps que Savary, il échappa toutefois à la disgrâce, mais se rapprocha de Talleyrand. Seule autorité, avec le préfet de la Seine, restée à Paris après le départ du conseil de régence, le 29 mars 1814, il y maintint l'ordre tout en favorisant les intrigues de Talleyrand en faveur de Louis XVIII. Il n'en fut au moins renvoyé, le 12 mai, le poste de préfet de police ayant été supprimé. Le 21 mai, il fut appelé à la direction des Ponts et Chaussées. Ecarté pendant les Cent Jours et exilé de Paris, il devint garde des Sceaux et ministre de l'Intérieur par intérim dans le ministère Talleyrand-Fouché du 9 juillet 181(. Tombé avec Talleyrand en septembre 1815, il redevint ministre de la Justice le 19 janvier 1817 et fut encore ministre dans le Second ministère Richelieu en 1820. En 1821, il fut appelé à la Chambre des pairs qu'il présida sous la Monarchie de Juillet. En 1842, il fut élu à l'Académie française contre Vigny. Nommé chancelier de France par Louis-Philippe, retiré de la vie politique en 1848, il mourut à Paris, le 5 juillet 1862. Il avait connu tous les régimes de Louis XVI à Napoléon III. C'est dire l'intérêt des Mémoires qu'il a laissés, surtout pour l'époque impérial.
 
Jean Tulard.
 
Source
Dictionnaire Napoléon, éditions Fayard, 1999, notice : Jean Tulard
Avec l'aimable autorisation des éditions Fayard


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