Les débuts de carrière et la Révolution française
Issu d’une famille de la haute bourgeoisie provençale, Jean-Etienne-Marie Portalis suit de brillantes études chez les Oratoriens de Toulon et de Marseille sous l’œil de son père, notaire royal au Beausset (futur département du Var), puis devient à 22 ans, avocat au parlement d’Aix. Il acquiert une grande réputation grâce à ses talents d’orateur et s’illustre notamment dans le procès de Mirabeau contre son épouse, que Portalis défendit brillamment. En 1788, il rédige, comme porte parole des avocats aixois, leurs protestations contre les édits de Lamoignon « Lettres des avocats au parlement d’Aix à Monseigneur le garde des sceaux » et « Examen impartial des édits du 8 mai 1788 ». Elu un an auparavant parmi les quatre administrateur d’Aix et s’implique fortement dans la modernisation de sa ville. En 1789, le ressentiment de Mirabeau provoque son échec à l’élection de député du tiers aux Etats généraux et Portalis préfère se retirer à la campagne. Lors d’un séjour à Paris, il est arrêté comme suspect puis libéré après le 9-Thermidor. Elu par les départements de la Seine et du Var, il entre au Conseil des Anciens lors du Directoire en l’an III, il défend la liberté de la presse et plaide pour l’abolition de la législation qui frappe les émigrés et les prêtres réfractaires. Elu à la présidence des Anciens après les élections de l’an V, il est cependant de nouveau inquiété par les proscriptions du 18- Fructidor et émigre à Holstein chez le comte Frédéric de Reventlau. Son exil durera deux ans et lui permettra d’apprécier les philosophes allemands. Un ouvrage posthume De l’usage et de l’abus de l’esprit philosophique durant le XVIIIe siècle sur les philosophes français et allemands sera publié en 1820.
L’homme du Code civil et du Concordat
Après le coup d’Etat du 18-Brumaire, il rentre à Paris en février 1800 et est nommé commissaire du gouvernement au Conseil des Prises et conseiller d’Etat. Membre de la commission de rédaction du Code civil, il y fait un travail remarquable et c’est lui qui le présente au corps législatif en 1804.
Parallèlement à ces travaux, Portalis, fort de ses vastes connaissances en droit canonique et de sa réputation de croyant sincère, est chargé de la mise en oeuvre du Concordat signé en 1801 avec le Saint-Siège. Il est nommé à la tête de la direction générale des cultes le 8 octobre 1801 et acquiert rapidement toutes les prérogatives d’un ministre, avant de le devenir véritablement le 10 juillet 1804. Malgré ses problèmes de santé (en 1805, il était devenu quasiment aveugle) il tint son poste jusqu’à sa mort le 25 août 1807. Il eut droit à des obsèques grandioses et fut inhumé au Panthéon.
Des statues de Portalis furent installées au musée de Versailles, au palais du Luxembourg et au palais de justice de la ville d’Aix.
Irène Delage, (mars 2004) – notice revue en juillet 2005
Bibliographie
Jean-Luc A. Chartier : Portalis, père du Code civil, Paris, Editions Fayard, 2004, 441 p.
Joël-Benoît d’Onorio : Portalie, l’esprit des siècles, Paris, Editions Dalloz, 2005, 364 p.