REGNAUD DE SAINT-JEAN D’ANGELY, Auguste, comte (1794-1870), maréchal de France, ministre de la Guerre

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REGNAUD DE SAINT-JEAN D’ANGELY, Auguste, comte (1794-1870), maréchal de France, ministre de la Guerre
Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély par Gérard (1808)

Bien que les dictionnaires écrivent généralement son nom Regnault, nous avons retenu la forme Regnaud : on la trouve dans la quasi-totalité des documents originaux, qu’il s’agisse du maréchal lui-même ou des divers membres de sa famille, telles les lettres patentes conférant le titre de comte à son père.

Le futur maréchal naît à Paris le 30 juillet 1794, dans l’enclos du temple de la Raison, section de la Cité. Son acte de naissance le dit « fils de Marie-Louise-Augustine Chenié, artiste et de Michel-Louis-Étienne Desrichards, employé à l’armée du Nord ». En fait, il a pour père Michel-Louis-Étienne Regnaud (1760-1819) : Desrichards est le nom d’une propriété de la famille maternelle de ce dernier.

Avocat, député du tiers pour la sénéchaussée de Saint-Jean d’Angély aux États généraux où il se montre désireux de concilier la royauté et les idées nouvelles, Reynaud allait devenir un personnage de premier plan après la prise du pouvoir par Bonaparte : conseiller d’État (1799), président de la section de l’intérieur du Conseil d’État (1802), membre de l’Académie française (1803), procureur général près la Haute Cour impériale (1804), secrétaire d’État de la famille impériale (c’est-à-dire, notamment, officier de l’état civil pour les membres de celle-ci) et ministre d’État (1807), comte de l’Empire sous le nom de Regnaud de Saint Jean d’Angély (1808) député de la Charente-inférieure à la chambre des Cent-Jours (1815), collaborateur proche et très écouté du Premier Consul, puis de l’Empereur, sur lequel il exerça une influence considérable. Il avait eu ce fils d’une liaison avec Marie-Louise Augustine Chenié, qu’il n’avait pu épouser – le contrat était déjà signé-, en raison de la mort de l’intéressée peu de jours après ses couches. Il le reconnaîtra le 23 novembre 1794, devant Me Minguet, notaire à Paris, l’acte précisant que l’enfant s’appellera Auguste-Michel-Étienne Regnaud. Le 3 septembre 1795, il s’allie à Laure Guesnon de Bonneuil (1776-1857), célèbre de son temps, en raison tout à la fois de son salon, d’une vie sentimentale passablement agitée, de l’aversion affichée de Napoléon à son égard et de la fidélité qu’elle lui témoigna néanmoins dans le malheur. En exécution d’un article de contrat, celle-ci adopta, lors du mariage, le fils de Mlle Chenié.

Entré à l’école de cavalerie de Saint-Germain le 30 mars 1812, Auguste Regnaud de Saitn-Jean d’Angély la quitte le 21 septembre sous-lieutenant. L’année suivante, il sert au 8e régiment de chasseurs, puis au 8e de hussards, fait la campagne de Saxe et, passé lieutenant, est aide de camp du général de division Jean-Baptiste comte Corbineau. Toujours pourvu de ce dernier emploi, il participe en 1814 à la campagne de France. Capitaine le 15 mars, mais remis lieutenant en application de la décision royale du 17 mars, il appartient au 1er régiment de hussards de l’été 1814 au printemps 1815. Au retour de l’Empereur, il est rétabli capitaine et nommé officier d’ordonnance de celui-ci. Il se trouve à Waterloo et, le 21 juin, est promu chef d’escadrons. Il rentre dans ses foyers après la seconde abdication de Napoléon, avec le grade de lieutenant et, le 28 août, est rayé des contrôles pour s’être rendu en pays étranger sans autorisation : il a accompagné son père qui, exilé, est allé s’établir aux Etats-Unis. Il regagne la France en 1816 et reste sans emploi. En 1825, il rejoint le colonel Charles-Nicolas baron Fabvier, alors au service de la Grèce : le futur maréchal est chargé, durant deux ans, de l’organisation et de l’instruction d’un corps de cavalerie discipliné à l’européenne. En 1828, il est attaché, en qualité de secrétaire-interprète, à l’état-major du lieutenant général Nicolas-Joseph marquis Maison, commandant en chef de l’expédition de Morée. L’année suivante, sur les instances de Maison, devenu entre temps maréchal de France, il est réintégré dans l’armée, admis au traitement de réforme comme lieutenant et, bientôt, confirmé capitaine, avec le traitement de réforme de ce nouveau grade. Sa carrière va prendre un nouveau départ après la révolution de 1830. Lieutenant-colonel le 17 septembre, il est placé au 1er régiment de lanciers, où il restera jusqu’en 1841. En 1831 et 1832, il fait la campagne de Belgique, passant colonel en 1832. Il est promu maréchal de camp le 18 décembre 1841 et, en 1842, commande la 1re brigade de la 1re division du corps d’opérations sur la Marne, puis le département de la Meurthe, où il demeure jusqu’en 1844, date à laquelle il est mis à la tête de la brigade de cavalerie de la division de secours du corps d’opérations de la Moselle. De 1845 à 1848, il commande la brigade de cavalerie de Versailles. Il se distingue, lors de la révolution de 1848, par la fermeté de sa conduite : la discipline est maintenue dans sa brigade. Il reçoit le commandement du département d’Indre-et-Loire, puis de la 1re brigade légère de la division de cavalerie de l’armée des Alpes. Général de division le 10 juillet, il commande par intérim la division de cavalerie de l’armée des Alpes et, le 26 novembre 1848, est élu député de la Charente-Inférieure à l’Assemblée constituante. Le 15 avril 1849, il est placé à la tête des troupes de terre du corps expéditionnaire de la Méditerrannées, dépêché à Rome pour y rétablir l’autorité pontificale et, le 13 mai, est élu représentant de la Charente-Inférieure à l’Assemblée législative. Il assure à partir de 1849 et jusqu’en 1855 un certain nombre d’inspections. En 1850, il entre au conseil général de la Charente-Inférieure, où il restera vingt ans, le président à différentes reprises.

Ministre de la Guerre quelques semaines au début de 1851, il contresigne, le 9 janvier, la révocation du général Changarnier, commandant des troupes de Paris. Partisan résolu du coup d’État du 2 Décembre, il est, le 3, nommé membre de la commission consultative et, le 26, du comité consultatif de la cavalerie, conservant cette dernière fonction jusqu’en 1853, date à laquelle il en devient président pour un an. Le 26 janvier 1852, il entre au Sénat, dont il sera jusqu’en 1870 l’un des vice-présidents. En 1854, il commande la Garde impériale et, en 1855, le corps de réserve en Orient. De retour en France au début de novembre de cette dernière année, il prend le commandement des éléments de la Garde impériale qui y sont stationnés. En 1856, il commande en chef la Garde impériale, fonction qu’il gardera jusqu’en 1869, où il sera sur sa demande, relevé de ce commandement pour raisons de santé. Il prend, en 1859, une part déterminante à la victoire de Magenta, à la tête de la Garde impériale, et, le 5 juin, est élevé au maréchalat. Le 20 novembre 1864, un décret impérial le confirme dans le titre de comte héréditaire conféré à son père, avec réversion en faveur du mari de sa fille adoptive. Il meurt à Cannes le 1er février 1870. Ses restes reposent aux Invalides. Il n’a laissé que deux écrits, peu importants : Rapport adressé à M. le président de la République par le ministre de la Guerre sur le gouvernement et l’administration des tribus arabes de l’Algérie (Paris 1851, 91 p.) ; Ordre général constitutif du camp de Châlons-sur-Marne (Châlons 1857, 12p.)

Le maréchal avait épousé à Daubeuf-Serville, en Seine-Maritime, le 21 juillet 1851, Anne-Angélique Ruby (Bec-de-Mortagne, Seine Maritime, 6 septembre 1807 – Bec-de-Mortagne, 3 avril 1890), fille d’Edme, propriétaire agriculteur, et d’Anne-Angélique-Rose Selle. Il n’y eut pas de postérité de cette union. Anne-Angélique Ruby était veuve de Philippe-Hyacinthe Mongrard, entrepreneur de travaux publics au port du Havre. De ce premier mariage lui était née une fille, Flore-Angélique (1834-1917), que le maréchal adopta. Elle épousa Edmond Davillier (1824-1908), capitaine de cavalerie, officier d’ordonnance et premier écuyer de l’Empereur, lequel fut autorisé par décret impérial du 2 novembre 1864 à s’appeler Davillier-Regnaud de Saint-Jean d’Angély et, en vertu du décret du 20 novembre mentionné plus haut, succéda au titre de comte du maréchal. Ce ménage n’eut lui-même qu’une fille dont la postérité est éteinte.

Joseph VALYNSEELE

Cette notice est tirée, avec l’aimable autorisation des éditions Fayard, du Dictionnaire du Second Empire.

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