Antoine Christophe Saliceti, homme politique corse, est né à Saliceto (Corse), le 26 août 1757, dans une famille gibeline originaire de Plaisance (Italie) et réfugiée en Corse. Il fait de solides études classiques chez les Barnabites de Bastia, puis étudie le droit à Pise.
Nommé avocat au Conseil supérieur royal de Corse, rédacteur des cahiers de doléances de l'île, il est facilement élu comme député du Tiers aux États généraux. Ensuite, les électeurs le nomment procureur général syndic du département.
Seul des députés corses d'avoir voté la mort de Louis XVI, il est réélu, en 1792, à
En 1793, il se rend à Toulon, comme représentant en mission, et participe à la reprise de la ville et à la sanglante répression qui suivit.
C'est à Saliceti, élu de
Saliceti étant hostile au coup d'État du 18 Brumaire, le Premier Consul estime préférable de l'éloigner en Corse, comme délégué général des Consuls. Puis, se méfiant de lui, il l'affecte en Italie, avec des missions diverses, à Lucques (déc. 1801 à avril 1802), à l'île d'Elbe (pour affermer à des Français les mines de fer), à Gênes (pour préparer l'annexion de la répulique à
Malheureusement, Saliceti manifestait partout la même violence et la même rapacité. Il était détesté et monopolisait la haine des populations placées sous son autorité. C'est ainsi que son palais, à Naples, fut détruit par une bombe, dans la nuit du 20 janvier 1808. Saliceti en fut fortement commotionné.
Il meurt peu après à Naples, le 23 décembre 1809, à 52 ans, dans des conditions mystérieuses. Le 20 décembre, il dînait chez le préfet de police, le Génois Antonio Maghella (dont il avait surpris les contacts avec les contrebandiers et les brigands du royaume de Naples), lorsqu'il fur pris de violentes douleurs à l'abdomen qui l'obligèrent à rentrer chez lui. Les médecins appelés à son chevet ne purent rien faire. Dès que la nouvelle de sa mort fut connue, tout Naples parla d'empoisonnement. Sa fille eut beau démentir, en assurant qu'il avait succombé à une maladie constatée depuis longtemps (coliques néphrétiques) et l'autopsie aboutira aux mêmes conclusions, les Napolitains continuèrent de penser autrement. Aujourd'hui, les historiens rejettent la thèse de l'empoisonnement, mais les faits sont encore obscurs (Jean Defranceschi).
En apprenant son décès, Napoléon dira : « L'Europe vient de perdre une de ses têtes les plus fortes. Dans un moment de crise, Saliceti valait à lui seul une armée de 100 000 hommes » (Arthur Conte, Sire, ils ont voté la mort, p. 467).
Certes, Napoléon reconnaissait que « dans un moment de crise », l'action de Saliceti était particulièrement efficace, mais cela dit, son appréciation sur le personnage n'était ni chaleureuse, ni élogieuse… Peut-être, l'Empereur n'avait-il pas voulu rappeler le regrettable comportement de son compatriote corse et avait considéré qu'il valait mieux ne pas aborder ce sujet (1).
Marc Allégret
(1) Sources : Saliceti, par Jean Defranceschi : Dictionnaire Napoléon, p. 1523 ; Histoire de