Une vie de roman
Anna Louise Germaine Necker est née à Paris (2e), le 22 avril 1766 chez ses parents. Elle était la fille unique du banquier et ministre des Finances, Jacques Necker (1732-1804) et de son épouse, née Suzanne Curchod (1739-1794), fille d'un pasteur de Crassier, village voisin de Coppet (Suisse).Mme Necker veilla avec soin à l'éducation de sa fille (1) . Elle voulait en former l'esprit et la faisait assister aux réunions tenues dans son salon, où se retrouvaient de nombreux esprits des Lumières : Laharpe, Raynal, Morellet, Grimm, Gibbon, Marmontel, Buffon… D'ailleurs, le 26 mai 1778, la mère et la fille avaient rendu visite à Voltaire. Germaine révèle sa précocité en littérature, comme en amour. À dix ans, elle voulait épouser l'historien anglais Gibbon (1737-1794), pour le fixer à Paris. À quinze ans en 1781, elle s'éprend de Guibert, dont les écrits sur la stratégie influenceront Napoléon.
Dès 1783, on lui cherche un mari parmi des prétendants : le jeune Pitt, le prince Auguste de Mecklembourg, le baron Eric Magnus de Staël-Holstein. Le choix de la jeune fille se porte sur ce dernier, de dix-sept ans plus âgé qu'elle, de confession protestante, comme les Necker, membre de l'aristocratie suédoise et ambassadeur à Paris, auprès de Louis XVI.
Le mariage est célébré le 17 janvier 1786, à la chapelle de l'ambassade de Suède. Ce ne sera pas un mariage heureux. Rapidement, les époux vivront séparés, et, plus tard, Germaine dira : « De tous les hommes que je n'aime pas, c'est certainement mon mari que je préfère… ».
Présentée à la cour, elle eut peu de succès, ce qui explique peut-être son opposition au gouvernement de Louis XVI. Elle se venge en ouvrant un salon, à l'ambassade de Suède, 94, rue du Bac, Paris (7e), qui aura très vite une grande influence.
En 1789, Germaine fait paraître ses Lettres sur le caractère et les écrits de Jean-Jacques Rousseau, ce qui lui vaut un beau succès.
Le 4 mai 1789, elle assiste à la procession solennelle d'ouverture des États généraux et, le 5, à la séance d'ouverture. Les débuts de la Révolution avaient vu le triomphe de son père, mais cela ne dura pas puisque Jacques Necker doit présenter sa démission au roi le 8 septembre 1790.
Le salon de Germaine était le lieu de rencontre des Constitutionnels : Malouet, Mounier, Clermont-Tonnerre, La Rochefoucault… C'est elle qui pousse son amant, le général de Narbonne-Lara (1755-1813 : G. Six, t. II, p. 250) au ministère de la Guerre (on dit même qu'elle lui préparait ses discours) (2) . Elle lui écrit cette lettre brûlante : « Je ne vis que pour vous. Vous seul êtes le bonheur ou le désespoir. Vous tenez dans votre main toutes les puissances morales sur mon coeur » (Historia n°233, avril 1966, p. 102). Un fils, Albert, naît de leurs amours. Il sera officier dans l'armée suédoise (aide de camp du général Bernadotte). Le 12 juillet 1813, il sera tué en duel.
Le renvoi de Narbonne (10 mars 1792) affecte beaucoup Germaine. Cependant, elle réussit à le sauver après l'insurrection du 10 août 1792 (il passe en Angleterre avec un faux passeport), mais elle-même doit quitter Paris peu après (en fuyant Paris, elle manque d'être massacrée place de l'hôtel de ville). Elle va à Coppet, sur les bords du lac Léman, dans une propriété achetée par son père en 1784 (3). En 1792, elle protège, en Suisse, l'émigré français, Jacques Norvins (RSN n° 464, p. 59).
Après un séjour à Coppet, elle rejoint en Angleterre ses amis Talleyrand, Montmorency, Malouet et Narbonne. À la fin mai 1793, elle revient à Coppet et écrit ses Réflexions sur le procès de la Reine, pour essayer de sauver la souveraine. Ensuite, le grand événement de sa vie fut sa rencontre en Suisse, le 19 septembre 1794 chez les Cazenove d'Arlens, avec Benjamin Constant (1767, Lausanne – 8 décembre 1830, Paris), qui sera l'homme de sa vie.
Après le 9 thermidor, elle espère le retour à l'union des Français, si la guerre pouvait être arrêtée. Pour y amener l'opinion publique, elle publie ses Réflexions sur la paix intérieure, adressées à William Pitt et aux Français (1795). Lors de cette même année, Benjamin Constant propose le mariage à Germaine de Staël, elle refuse.
Sur ses amours, Jean d'Ormesson écrit (Le Figaro littéraire, 25 juillet 2002, p. 4) :
« Madame de Staël était une emmerdeuse pleine de générosité, de bonté, de talent et d'esprit. Vêtue de façon extravagante, comme à la va-comme-je-te-pousse, avec des turbans invraisemblables et des chapeaux à fleurs, elle ne cessait jamais de déverser sur ses interlocuteurs ébahis, des torrents de bienveillance spirituelle et savante. Une de ses rivales, Madame de Charrière, née Belle de Zuylen, la traitait dédaigneusement de “machine à parler” ».
Mais la rencontre avec Benjamin Constant fut le début d'une passion qui, dans les orages et les larmes, allait traîner quatorze ans. « Dès le début, tout de suite, une figure imposée, reprise indéfiniment, tour à tour par les deux protagonistes, domine le ballet dansé par les amants : c'est le suicide ou plutôt le chantage au suicide… »
Très vite, des liaisons, sinon extraconjugales, du moins extérieures, se multiplient de part et d'autre.
« Constant et Madame de Staël se détestèrent aussitôt au moins autant qu'ils se fascinèrent. Leur amour romantique prit la forme d'une longue rupture. Dès le début, leur passion ne fut qu'une agonie. »
Comme l'a dit Proust : « J'appelle ici amour une torture réciproque. »
Une fille, Albertine, naît de leurs amours en 1797. Le 20 janvier 1816, elle épousera, à Pise, Victor, duc de Broglie. Elle mourra en 1838.
Ensuite, Germaine rentre à Paris. Dans son salon, se rencontrent les membres du cercle constitutionnel, dont l'un des chefs est précisément Benjamin Constant, avec Destutt de Tracy, Lanjuinais, Cabanis, Boissy d'Anglas. Elle rêvait d'une république américaine ralliant tous les modérés, royalistes ou non.
Dans cette optique, elle avait donc publié ses Réflexions sur la paix intérieure (juillet 1795), qui lui attirèrent l'hostilité des Jacobins et les menaces du Comité du salut public. Comme dérivatif, elle publie ses écrits de jeunesse sous le titre de Recueil de morceaux détachés, mais devant les tracasseries du Directoire, elle se retire à Coppet (décembre 1795) où elle achève son ouvrage De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations. Cela n'apaise pas l'hostilité du Directoire, qui prescrit à son préfet, à Genève, de la surveiller de près.
Bien qu'elle ait grand besoin de rentrer à Paris pour obtenir la séparation de biens contre son mari, endetté, elle ne peut se réinstaller rue du Bac qu'en avril 1797. C'est elle qui, après avoir obtenu la radiation de Talleyrand (1754-1838) de la liste des émigrés, contribue à le faire nommer ministre des Relations extérieures, en remplacement de Delacroix (16 juillet 1797).
Le 10 décembre 1797, elle rencontre le général Bonaparte, lors de sa présentation solennelle au Directoire. Elle avait espéré acquérir de l'influence sur lui en le poursuivant de ses avances. Or, elle obtient le résultat inverse : elle en éprouve un grand ressentiment qui tourne vite à l'hostilité.
Après le coup d'État des 18-19 Brumaire (9-10 novembre 1799), elle tente de se rapprocher du Premier consul, qui venait de nommer Benjamin Constant au Tribunat et proposait de rendre à Necker les deux millions que le gouvernement lui devait (4). Mais le rapprochement ne dura guère : elle ne pouvait supporter le dédain que Bonaparte lui manifestait et, en 1800, c'est de son salon que Benjamin Constant préparera ses premiers discours d'opposant prononcés au Tribunat.
Revenue à Coppet en mai 1800, sa haine contre le Premier consul la poussait à espérer une défaite française à Marengo. La publication de son livre De la littérature considérée dans ses rapports avec l'état moral et politique des Nations, aggrave encore les choses : l'idée que la littérature française ne se régénérerait que par les moeurs républicaines et l'influence des littératures étrangères, ne pouvait que déplaire à Napoléon.
En 1802, le mari de Germaine vivait en France. Après avoir été un brillant et séduisant ambassadeur, il était ruiné, vieilli et malade. Germaine vient en France, elle l'emmène en Suisse avec elle, mais il meurt en cours de route à Poligny (Jura), le 9 mai 1802.
Après la mort de son mari, Germaine rentre à Paris. Benjamin Constant venait d'être exclu du Tribunat. En fait, dans son salon, c'est un rendez-vous d'opposants avec Camille Jordan,
Mme Récamier, Narbonne, Moreau et Bernadotte (les deux rivaux de Bonaparte). Le Premier consul fait mettre son salon en interdit. Elle retourne alors en Suisse et publie Delphine (1802), l'histoire de sa vie. Mme de Staël y défendait le divorce et les droits de la femme, au moment où le Premier consul s'efforçait de rétablir les moeurs, ce qui l'irrita fortement et les interventions de Joseph et Lucien Bonaparte n'eurent aucun effet. Le Premier consul n'était pas féministe : il avait les idées de son temps, c'est-à-dire que les femmes devaient être cantonnées à leurs rôles d'épouse et de mère (Simone Balayé, Dictionnaire Napoléon, p. 1593). Elle voulait rentrer en France, mais le 15 octobre 1803, elle reçoit l'ordre de s'éloigner à quarante lieues de Paris.
Alors, sur les conseils de son ami, Charles de Villiers, un émigré germanisant rencontré à Metz, elle part avec Constant, le 24 octobre 1803, visiter l'Allemagne : elle y rencontre Goethe, Schiller et Wieland. À Berlin, elle se lie avec Auguste de Schlegel, qu'elle s'attache pour l'instruction de son fils.
À la mort de son père (9 avril 1804), qui lui laisse une fortune considérable, elle rentre à Coppet et écrit son éloge. Ensuite, elle part pour l'Italie. Elle y séjourne sept mois et, à son retour, à Coppet, elle écrit un nouveau roman, Corinne ou l'Italie qui paraît en 1807, avec un immense succès. C'est alors le début des grands jours de Coppet.
Mme de Staël rencontre Prosper de Barante, fils du préfet de Genève, avec lequel elle noue une liaison. Avec ses amis et ses enfants, elle joue des drames de sa composition Agar dans le désert ou des tragédies de Racine (Phèdre, Andromaque) : dans le rôle d'Hermione, elle lançait des reproches passionnés à Benjamin Constant, pitoyable Pyrrhus.
Le 21 août 1805, elle reçoit la visite de Chateaubriand. Il lui envie sa belle demeure : « Si j'avais, comme vous, un bon château au bord du lac, je n'en sortirais jamais… ». Il faut aussi évoquer la présence de Juliette Récamier, dont la silhouette blanche et le souvenir errent encore dans les allées du parc. Après le décès de sa mère (20 janvier 1806), Juliette se rend à Coppet (voir Guide Napoléon, p. 655) chez Mme de Staël. Le 11 août 1806, arrive le prince Auguste de Prusse, frère du prince Louis, tué à Saafeld par Guindey, un hussard français (voir RSN n° 417, p. 33). Germaine voudrait lui faire épouser Juliette. Le prince en est fou. Juliette chancelle ; ils échangent un serment écrit par lequel ils s'engagent à s'épouser dès que possible. Mais, il y a un obstacle : M. Récamier refuse de divorcer. Le prince Auguste est furieux. Juliette fait une tentative de suicide avec de l'opium (hiver 1807-1808, voir RSN n° 472, p. 62).
Byron viendra aussi à Coppet. Ce fut une époque brillante et l'on a pu affirmer « qu'il se dépensait plus d'esprit en un jour à Coppet, que dans le reste du monde en un an ». Et Stendhal dira, plus tard, que se réunissaient à Coppet « les états généraux de l'opinion européenne ».
Ensuite, Mme de Staël s'occupe de la parution de son nouvel ouvrage De l'Allemagne. Elle se rend à Chaumont (mars 1810), elle le fait imprimer et envoie un exemplaire à Napoléon. Elle espérait se concilier l'Empereur, or c'est le contraire qui se produit : on lui donne l'ordre de se retirer à Coppet (4 octobre 1810) et la police fait détruire tous les exemplaires.
Le premier élément de ce livre, aujourd'hui moins apparent mais le plus vivement ressenti par les contemporains, était une protestation contre la force : le principe des nationalités contre l'esprit de conquête. Mme de Staël, au milieu du silence effrayé de l'Europe, élevait une voix généreuse et éloquente : la police impériale ne s'y trompa point. Aussi bien, Savary, duc de Rovigo le nouveau ministre de la Police dans une lettre du 8 octobre 1810, reproche à Mme de Staël d'avoir abaissé la France dans son livre : « Nous n'en sommes pas encore réduits à chercher des modèles dans les peu-ples que vous admirez. Votre dernier ouvrage n'est point français. » (Thierry Lentz, Savary, le séide de Napoléon, Fayard 2001, pp. 272-274). Néanmoins, il faut reconnaître que le livre ouvrait la voie au romantisme français.
Au début novembre 1810, Germaine s'installe à Genève pour l'hiver, où elle rencontre John Rocca (1782-1818), un Genevois, officier au 2e hussards et grand blessé de la guerre d'Espagne, « au visage angélique » qui s'éprend d'elle, son aînée de vingt années. Le 7 avril 1812, un fils, Louis-Adolphe Rocca, naît de leurs amours (1812-1838).
Le 23 mai 1812, Germaine de Staël s'évade de Coppet avec ses enfants, Schlegel et Rocca ; elle se rend en Angleterre par Vienne, Saint-Pétersbourg et Stockholm.
Elle franchit la frontière russe le 14 juillet 1812 ; elle est reçue par le tsar Alexandre Ier à Moscou, vingt jours après le passage du Niémen par la Grande Armée. En septembre, alors que Moscou brûlait, elle s'embarque à Riga, pour la Suède, où elle achève son livre Dix ans d'exil, commencé en 1810.
En septembre 1813, elle passe en Angleterre où elle fait imprimer De l'Allemagne en français (avec la reproduction de la lettre de Savary).
Son action politique se fait de plus en plus importante. Elle est l'agent de liaison de Bernadotte, auquel elle avait songé pour le trône de France (voir les Mémoires de Langeron in Alfred Fierro, Les Français vus par eux-mêmes, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1998, p. 1096).
En 1814, après l'abdication de Napoléon, elle rentre à Paris et s'installe à Clichy où elle reçoit souverains, ministres et généraux. Elle va à Coppet, où elle voit de nombreux Anglais. Elle revient le 30 septembre 1814 à Paris.
Le 10 mars 1815, elle repart pour Coppet à la nouvelle du débarquement de l'Empereur de l'Ile d'Elbe. Elle blâmera d'abord le ralliement de Benjamin Constant à Napoléon, mais finira par approuver l'Acte additionnel.
Après Waterloo, elle plaide en faveur de l'intégrité du territoire français dans ses Lettres à un ami d'Angleterre et dans sa Lettre au duc de Richelieu (20 juin 1815). Le 10 octobre 1816, elle épouse Rocca secrètement et, le 16, ils partent pour Paris.
Rocca était réservé, timide et effarouché par le monde. Germaine (« la machine à parler ») dit un jour, curieusement, à la comtesse de Boigne : « Rocca, la parole n'est pas son langage ». À Londres, Byron, avec un humour cérémonieux bien dans la tradition britannique, l'appelait « Monsieur l'Amant ».
En février 1817, Germaine de Staël est frappée de paralysie en arrivant à un bal, chez le duc Decazes. Elle refusait alors de s'endormir « de peur de ne pas revoir Rocca ».
Le 18 mai 1817, au cours d'une visite chez Mme de Staël malade, 40, rue des Mathurins, Paris (8e), Juliette Récamier et François-René de Chateaubriand se rencontrent (voir RSN n° 472, p. 62).
Germaine de Staël meurt le 13 juillet 1817 à 51 ans, après une vie tu-multueuse. Elle est inhumée à Coppet avec ses parents le 28 juillet 1817, et le caveau a été muré le 5 août 1817.
Une rue de Paris (15e), ouverte en 1885, le long du lycée Buffon, rappelle son souvenir.
Le manuscrit venu de Sainte-Hélène
En mars 1817, une nouvelle énigme était apparue. Le duc de Wellington reçoit Le manuscrit venu de Sainte-Hélène d'une manière inconnue. Il en donne un exemplaire à Louis XVIII, un autre au ministre de la Police qui le fait immédiatement interdire.
Ces confessions sont censées être écrites par Napoléon (le style, les idées et l'esprit de celui-ci s'y retrouvent). Or, l'Empereur dément en avoir été l'auteur.
En 1841, on apprendra que l'auteur était un agronome suisse, le marquis Lullin de Chateauvieux.
Aujourd'hui, on considère que Benjamin Constant, Victor de Broglie, Lullin de Chateauvieux et son cousin, Gehiel Eynard, pourraient avoir apporté leur pierre à l'édifice, à l'invitation de Germaine de Staël… Ce serait donc le groupe de Coppet qui en aurait la paternité (cf. Michèle Brocard, Le manuscrit de Sainte-Hélène, une énigme napoléonienne, éd. Cabédita, Suisse, 1996 ; Erick Egnell, De Sainte-Alvère à Sainte-Hélène, le secret du manuscrit, éd. Cyrano, 24240 Pomport ; Jacques Macé, “Le manuscrit venu de Sainte-Hélène, quoi de nouveau ?”, RSN n°477, p. 75).
Comment conclure sur ce personnage ?
Mme de Staël est encore actuelle, sinon par ses romans, du moins par ses idées (Jean Mistler, 1966).
Stendhal est élogieux : « La femme la plus extraordinaire qu'on vit jamais, elle qui mena la conversation française et porta au plus haut degré de perfection, l'art brillant de l'improvisation, sur quelque sujet que ce fût ».
Goethe l'est aussi : « De l'Allemagne fut comme un puissant instrument qui fit la première brèche dans la muraille d'antiques préjugés élevés entre nous et la France ».
Et, Napoléon, à Sainte-Hélène, formulera une appréciation apaisée : « Il faut reconnaître, après tout, que c'est une femme d'un très grand talent, fort distinguée et de beaucoup d'esprit, elle restera ».
Mais les idées politiques, voire l'idéologie de Mme de Staël et de Napoléon étaient radicalement opposées… (5)
Marc Allégret
Notes
(1) L'hôpital Necker, 151 rue de Sèvres, Paris (15e) qui s'est appelé d'abord Hospice des Paroissiens ou du Gros Caillou, puis Hospice de l'Ouest, a été fondé en 1778 par Mme Necker à laquelle Louis XVI avait donné 42 000 francs pour cette création. L'hôpital prit, en 1820, le nom de sa fondatrice.
(2) En juillet 1792, Mme de Staël, Narbonne et Malouet proposent à Louis XVI un plan d'évasion ; la reine refuse.
(3) Le château de Coppet : au rez-de-chaussée, on visite la cuisine, la salle à manger d'été (avec des gravures chinoises), la salle à manger d'hiver ; la galerie devenue bibliothèque où l'on jouait la comédie ; la chambre de Mme de Staël (le bureau est celui de Necker) ; la chambre de Mme Récamier (avec des papiers muraux de Chine, ils existaient lors de l'achat du château) ; au premier étage, le grand salon et le salon des portraits.
(4) En 1815, sous la Restauration, les deux millions de francs sont remboursés à Mme de Staël, après vingt ans de démarches.
(5) Sources : Dictionnaire Napoléon, p. 1589 : “Madame de Staël-Holstein”, par Simone Balayé ; Napoléon, éd. Rencontre 1969, t. I,
p. 187 ; “Les passions de Madame de Staël”, par Jacques de Lacretelle, Historia n° 233, avril 1966, p. 100 ; “Madame de Staël à Coppet”, par Jean Mistler, Historia n° 233, p. 109 ; “Madame de Staël”, par N. Goutina, Gloire et Empire n° 15, nov.-déc. 2007, pp. 98-99 ; J.-P. Tarin,
Les notabilités du Premier Empire – leurs résidences en Ile-de-France, Terana, éd. 2002, t. II, p. 616 ; Éditions Atlas, La glorieuse épopée de Napoléon, Les ennemis de Bonaparte, Madame de Staël, pp. 66-68, Benjamin Constant, p. 70.