WURMSER Dagobert Sigismond, comte de, (1724-1797), maréchal allemand

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WURMSER Dagobert Sigismond, comte de, (1724-1797), maréchal allemand

Né le 7 mai 1724 à Strasbourg, Dagobert-Sigismond de Wurmser appartient à une ancienne famille alsacienne.

On devient tôt militaire en ce temps-là; le jeune officier fait en 1742, ses premières armes en Bohême, où l'armée française a fort à faire pour ne pas se trouver anéantie par les partisans autrichiens. Spécialiste de l'emploi des troupes légères, Wurmser engage un corps franc avec lequel il se distingue _ au service de Louis XV _ pendant la guerre de Sept Ans. L'empereur d'Allemagne, François Ier, le fait comte d'Empire. Colonel de hussards, Wurmser fait la connaissance à la cour de Versailles de Jacques-Edme d'Avout, oncle du futur maréchal Davout, major du régime qui prendra le nom de Royal-Champagne. La réforme de Choiseul laissant Wurmser et sa troupe sans emploi, il passe avec l'ensemble de son corps au service de Marie-Thérèse. Le conflit austro-prussien de 1778-1779 lui permet, une fois de plus, de déployer ses talents; pendant tout l'hiver, il harcèle sans interruption les communications prussiennes. Un coup de main audacieux dans le saillant de Glatz enlève à l'armée de Frédéric II un millier d'hommes et dix drapeaux.

Lorsqu’éclate le conflit avec la République française, Wurmser est placé à la tête de l’armée du Rhin supérieur.

Il voudrait y prendre l'offensive, mais les tergiversations du duc de Brunswick le condamnent à l'inaction. Finalement, il n'y tient plus. En 1793, les troupes françaises s'apprêtent à dégager Mayence. Wurmser les arrête les 19 et 20 juillet, en tenant Landau et Germersheim. Le 27 juillet, contre l'avis de Brunswick, il prend l'offensive, enfonce les lignes de Wissembourg, pousse sur Haguenau, s'empare de nombreux prisonniers et, surtout, d'importantes ressources logistiques. Exploitant son succès, il s'empare dans la foulée de Fort-Louis et des défilés de Bergzabern. Mais Brunswick ne le soutient pas. Lorsque Pichegru, déployant toute son énergie, passe à la contre-attaque, Wurmser doit effectuer son repli. Le roi de Prusse ayant fort mal pris la chose, il doit quitter pour un temps son commandement. On le lui rend en août 1795. Connaissant l'art de se faire passer pour plus faible qu'il n'est en réalité, Wurmser parvient à attirer deux divisions de Pichegru à Handschuhsheim, près d'Heidelberg, puis, les ayant fixées, il les manoeuvre, leur inflige de fortes pertes et les contraint à se replier dans Mannheim. Médiocrement défendue par le général Montaigu, cette dernière ville se rend assez rapidement. Parmi les prisonniers, le général de brigade Davout, qui avait conseillé la défense à outrance de la place et n'avait pas été écouté. Wurmser le reçoit comme on le faisait dans les armées européennes sous l'Ancien Régime, il lui rappelle son amitié pour Jacques-Edme d'Avout et autorise le jeune général à se rendre, sur parole, dans ses foyers (c'est en définitive grâce à Wurmser et à l'inaction forcée du futur vainqueur d'Eckmühl que Davout pourra se livrer pendant quelques mois à une étude approfondie de la tactique de Folard et de ses Commentaires de Polybe, lecture qui donnera l'éveil à son génie original).
La victoire de Mannheim est brillante: les hommes de dix demi-brigades ont été faits prisonniers, le butin se monte à 30 000 fusils et 383 pièces de canon. Wurmser est fait maréchal. A 71 ans, il est au faîte de sa gloire. Mais Beaulieu est tôt défait par Bonaparte en Italie, et Wurmser est appelé à le remplacer. Quittant l'armée du Rhin le 29 mai 1796, il se trouve à Trente le Ier juillet, et le 13 à Roveredo. Sans perdre de temps, le vieux hussard décide de lancer quatre colonnes contre Bonaparte, qu'il croit fixé par le siège de Mantoue. Initialement, l'opération est couronnée de succès: le 29 juillet, Wurmser culbute les Français au Montebaldo, le 30, il est à Calmasino et à Campora où il s'ouvre par la force la route de Mantoue. Mais il ne parvient pas à effectuer sa jonction avec Quasdanovitch, battu à Lonato. Bonaparte, plus rapide que lui, se retourne ensuite contre Wurmser accouru de Mantoue. La défaite de Castiglione contraint le vieux maréchal à opérer sa retraite.

Indomptable, Wurmser effectuera quelques mois plus tard un second retour offensif, mais devra cette fois se jeter dans Mantoue qu’il défendra jusqu’à épuisement de ses forces.

Le 2 février 1797, lors de la reddition de la place, Bonaparte lui accordera les honneurs de la guerre. Le maréchal comte de Wurmser mourut à Vienne le 21 avril 1797.


Daniel Reichel

Source : Dictionnaire Napoléon, Paris : Fayard, 1987.
Avec l'aimable autorisation des Editions Fayard

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