Juillet 1801
Aux grands événements politiques français et internationaux, se mêlent les petits faits et les anecdotes de la vie quotidienne des Français.
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Juillet 1801
3 juillet (14 messidor an IX) : le général Toussaint-Louverture (1743-1803) proclame une Constitution, issue des travaux de l'Assemblée constituante de Saint-Domingue, organisée le 4 février 1801 : l'île est placée sous une dictature militaire autonome mais reste une colonie française, dans laquelle « la servitude est à jamais abolie. Les hommes y naissent, vivent et meurent libres et Français ». (Titre II. art. 3) La religion catholique est déclarée religion officielle. (Titre III. art. 6).
14 juillet (25 messidor) : célébration de la fête nationale commémorant la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 : jeux et théâtres forains sur les Champs-Élysées, animations sur la Seine, aérostat de Garnerin, concert et feux d'artifice. Toute la capitale est illuminée. C'est l'architecte Chalgrin qui fut chargé d'organiser l'ensemble des manifestations.
Le ballon qui fut utilisé pour le feu d'artifice du 14 juillet, termina sa course chez Madame Montlezun, institutrice, habitant 1069 rue de la Madeleine : il explosa au dessus de sa maison qui fut recouverte de charbons ardents ; une des élèves a failli être blessée par la chute de la balancelle.
Rapport de la préfecture de police, 30 messidor an IX
14 juillet (25 messidor an IX) : « la Lionne du Jardin des Plantes, dont le titre féodal est celui de Constantine (de la région d'Afrique où elle a été prise), [met] bas le 25 messidor à cinq heures du soir, deux lionnes… »
Journal des Débats, 3 thermidor an IX
15 juillet 1801 (26 messidor) : signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège : la religion catholique est reconnue religion d'Etat, tous les cultes sont permis, un serment de fidélité à la République française devra être prêté, le clergé devient salarié du gouvernement, les archevêques et évêques sont nommés par le Pape sur proposition du premier Consul, les prêtres mariés sont définitivement exclus, et un nouveau découpage des paroisses est prévu.
23 juillet (3 thermidor) : le Conseil d'Etat aborde la discussion sur le Code civil : 109 séances, dont 57 présidées par Bonaparte. Portalis, Tronchet, Bigot de Préameneu et Malleville, rédacteurs du code, assistent également aux séances. (Le texte avait été remis aux consuls le 28 janvier 1801 – 8 pluviôse an IX)
23 juillet (4 thermidor) : le modèle de la nouvelle ménagerie qui doit être construite au Jardin des Plantes est présentée au premier Consul par le citoyen Molines, architecte du département de la Seine et de cet établissement. « C'est un rocher élevé de 30 pieds. Il renferme dans son enceinte toutes les loges des animaux ; au-dessus est l'habitation des singes. »
Journal des Débats, 5 thermidor an IX
étranger : 29 juillet (10 thermidor) : l'aigle impériale est placée pour la première fois sur les trois drapeaux de la place Saint-Marc de Venise
Gazette nationale, 28 thermidor an IX
31 juillet (12 thermidor) : un arrêté ré-organise la Gendarmerie nationale, en créant à sa tête un inspecteur général, placé sous l'autorité des ministres de la Police, de la Guerre et de la Justice
31 juillet (12 thermidor) : une ordonnance de police défend de placarder aucune affiche « qu'elle ne porte le nom de l'auteur et de l'imprimeur. Nul ne pourra désormais être afficheur dans la ville de Paris, dans les communes rurales du département de la Seine et celles de Saint-Cloud, Sèvres et Meudon, sans en avoir obtenu la permission du préfet de police. Les afficheurs porteront une plaque de cuivre sur laquelle sera gravée le mot afficheur, avec le numéro de leur permission. Ils seront tenus, avant d'afficher, de déposer à la préfecture de police un exemplaire de chaque affiche, et d'y apposer leur signature. »
Journal des Débats, 13 thermidor an IX
durant le mois de juillet : à Brest, l'inventeur américain Robert Fulton (1765-1815) procède à des essais de son sous-marin torpilleur, Le Nautilus. Le 20 mars (29 ventôse an IX), Bonaparte avait alloué, pour la deuxième fois, 10 000 francs à Fulton pour pouvoir faire une expérience complète du Nautilus. Fulton fit également des recherches sur la navigation à vapeur.
Août 1801
3 août (15 thermidor) : une commission est chargée d'entreprendre la rédaction du Code commercial, et le 10, une autre, chargée de travailler à la rédaction du Code rural
5 août (17 thermidor), puis le 15 août (27 thermidor) : l'amiral Latouche-Tréville (1745-1804) s'oppose à Nelson (1758-1805) dans le port de Boulogne et repousse l'attaque anglaise.
Tout le mois d'août sera parcouru de rumeurs sur une prochaine descente de bateaux français sur l'Angleterre, cette dernière n'apparaissant plus aussi invincible après ces deux revers.
étranger : 11 août (23 thermidor) : une congrégation générale se tient à Rome pour ratifier le Concordat : 14 avis pour, 12 avec réserve, 2 contre
13 août : (25 thermidor) : le ministre de l'intérieur Chaptal (1756-1832) prend un arrêté « portant qu'il ne sera employé dans les fêtes, ameublements, décorations et généralement dans tous les ouvrages ordonnés par les autorités constituées dans les attributions du ministre de l'intérieur, que des produits des fabriques françaises. […] Le présent arrêté sera envoyé à tous les préfets, et signifié à tous les architectes et entrepreneurs employés pour le service public. »
Journal des débats, 28 thermidor an IX
En effet, le commerce français souffre de la concurrence des produits anglais, qui entrent frauduleusement sur le territoire.
étranger : 15 août (27 thermidor) : paraît la bulle Ecclesia Dei ratifiant le Concordat ; un bref pontifical Tam multa demande aux évêques français de respecter la clause du concordat leur signifiant la cession de leur siège
étranger : 21 août (3 fructidor) : à la suite d'une convention franco-batave, les troupes françaises évacuent le territoire néerlandais
étranger : 24 août (6 fructidor) : le cardinal Caprara (1733-1810) est choisi par Pie VII comme légat en France, pour assurer le respect des premières applications du Concordat. Caprara fut également archevêque de Milan.
étranger : 24 août (6 fructidor) : la Bavière ratifie le traité de Lunéville et abandonne la partie du Palatinat situé sur la rive gauche du Rhin à la France
étranger : 31 août (13 fructidor) : à Alexandrie, le général Menou (1750-1810) signe la capitulation française face aux Anglais : l'expédition d'Egypte est terminée
Septembre 1801
étranger : 2 septembre (15 fructidor) : l'armée française commence à quitter l'Egypte.
3 septembre (16 fructidor) : au Louvre s'ouvre le Salon des arts de l'an IX.
8 septembre (21 fructidor) : le Premier Consul ratifie le Concordat, après avis favorable du Conseil d'Etat.
8 septembre (21 fructidor) : à Paris, les boulangers sont surpris à diminuer le poids du pain, pour contrebalancer l'interdiction qui leur a été faite d'augmenter les prix face aux difficultés d'approvisionnement en farines. La police enquête régulièrement pour surveiller les stocks des différents boulangers de la capitale, et plus particulièrement dans les quartiers ouvriers sensibles comme celui du faubourg Saint-Antoine.
15 septembre (28 fructidor) : « le citoyen Desquinemare, ingénieur-mécanicien, inventeur d'un enduit qui rend la toile impénétrable à l'air et à l'eau, a fait une expérience très-brillante dans le port de Dunkerque […]. Il enferma dans un sac de toile, enduit d'après son procédé, tout ce qui compose l'habillement d'un matelot. Un matelot descendit dans la mer avec ce sac dont l'ouverture était fortement liée. Quelque effort qu'il fit pour s'y plonger, il ne put y venir à bout, le sac surnagea toujours. […] Cette découverte paraît devoir être fort avantageuse au commerce et à la marine. On pourra désormais transporter toute sorte de marchandises des pays les plus éloignés, sans crainte qu'elles soient avariées par l'eau de la mer. »
Gazette nationale, 28 fructidor an IX
15 septembre (28 fructidor) : « le Lycée de Paris, connu depuis six ans, va prendre une forme nouvelle sous un nouveau directeur […]. Il offre à ses souscripteurs des cours de physiologie, d'histoire, de géométrie, de botanique, de langues anglaise et italienne, deux veillées des muses, deux bals de société par mois, avec quelques concerts. Le directeur invite tous les maires de Paris à lui envoyer chacun deux élèves, pour assister gratis aux cours de physiologie, d'histoire et de géographie et de mathématiques. […] Le prix de l'abonnement est de 60 francs par an pour les hommes et de 36 francs pour les dames. »
Journal des débats, 28 fructidor an IX
16 septembre (29 fructidor) : arrêté portant création d'un directeur général des Douanes
17 septembre (30 fructidor) : le Premier Consul demande à son ministre des relations extérieures Talleyrand de durcir les négociations avec l'Angleterre et de poser un ultimatum pour la signature du traité de paix : « je veux que tout soit fini avant le 10 vendémiaire. » Bonaparte engage même Talleyrand à expédier son « courrier avant de [se] coucher ; car toutes les heures sont contre nous. »
Les préliminaires de paix seront effectivement signés le 1er octobre (9 vendémiaire an X)
Correspondance de Napoléon, lettre n° 5749
Le 18 septembre (1er jour complémentaire) s'ouvre l'Exposition des produits de l'industrie française, avec près de 220 exposants installés dans la cour du Palais national des sciences et arts (grande cour du Louvre). Cette exposition qui doit mettre en valeur les productions industrielles et artisanales, ainsi que les inventions françaises, avait été créée par arrêté du 4 mars 1801 (13 ventôse an IX). Cette exposition permet de découvrir les crayons de Conté, les cotons filés de Bauwens mais aussi les papiers peints de Jacquemart et Benard, les porcelaines de Sèvres.
22 septembre (5e jour complémentaire) : le public peut admirer au Louvre, et ce pendant seulement deux semaines, les deux portraits équestres du général Bonaparte franchissant le col du Mont Saint-Bernard, du peintre David ; un de ces portraits appartient à Bonaparte, l'autre est une commande du roi d'Espagne.
Citoyen français, 1er vendémiaire an X
23 septembre (1er vendémiaire an X) : la France célèbre l'anniversaire de la fondation de la République en 1792 : animations et jeux sur la Seine, jeux aux Champs-Élysées, orchestres et bals dans Paris, feu d'artifice.
On note également de nombreuses célébrations à l'étranger, à Milan et à Cadix par exemple.
23 septembre (1er vendémiaire an X) : le Premier Consul s'oppose fortement au nouveau représentant du tsar Alexandre Ierc, Markhov, qui réclame la restitution du Piémont au royaume de Sardaigne.
Par un arrêté du 12 avril 1801 (22 germinal an IX), le Piémont avait été érigé en « division militaire », le quartier général se trouvant à Turin (art. 1er) ; l'administrateur général était le général Jourdan (art. 9). Ce nouveau statut de la région du Piémont prépare l'annexion qui aura lieu le 11 septembre 1802. Le référendum de février 1799 avait montré l'adhésion de la population, à la réunion à la France, mais dans des conditions de vote tellement suspectes, qu'une insurrection éclata, fortement réprimée par Grouchy. Les défaites françaises d'avril 1799 retardèrent le projet d'annexion. Par la suite le traité de Lunéville (9 février 1801) et celui d'Amiens (25 mars 1802) n'évoquèrent pas la question piémontaise, laissant Bonaparte apprécier la situation à sa guise.
étranger : 27 septembre (5 vendémiaire – en Russie 15 septembre, selon le calendrier julien) : couronnement du tsar Alexandre Ier à la cathédrale de la Dormition à Moscou.
Bien que suspecté d'avoir commandité, ou tout au moins soutenu, l'assassinat de son prédécesseur Paul Ier, Alexandre est bien accueilli par les Russes, il prend des ukases et engage des réformes dans un sens libéral : à l'intérieur il réintègre les officiers et fonctionnaires évincés et amnistie des déportés politiques, réduit les pouvoirs extraordinaires de la police (mars), rétablie la noblesse dans ses droits et s'engage à ne pas augmenter les impôts (avril). Ouverture également avec l'étranger : exportations de marchandises autorisées (mars) et liberté d'importation de livres et réouverture des frontières pour les voyageurs (avril).
étranger : 29 septembre (7 vendémiaire) : Bonaparte accepte le texte du traité de paix entre la France et le Portugal, négocié par son frère Lucien à Madrid : la France reçoit une partie de la Guyane, une indemnité conséquente de 25 millions de francs et les produits français bénéficieront de droits particuliers sur le territoire portugais. Une clause spéciale ferme les ports portugais aux bateaux anglais.
29 septembre (7 vendémiaire) : le préfet de police de Paris annonce par voie de presse, un contrôle des voiture et carrosses de location, place de la Concorde, à partir du 11 vendémiaire (pour les voitures numérotées de 1 à 200 ; etc.) : « faute par lesdits loueurs d'envoyer leurs voitures sur la place de la Concorde, conformément à ces avis, leurs voitures seront arrêtées partout où elles se trouveront en stationnement […] et conduites à la préfecture de police. »
Gazette nationale, 7 vendémiaire an X
étranger : 30 septembre (8 vendémiaire) : la France et l'Empire ottoman débutent les pourparlers de paix, qui aboutiront à la restitution de l'Egypte aux Turcs lors du traité de Paris du 25 juin 1802
Auteur : I. Delage – septembre 2001, mis en ligne en mai 2003