janvier 1802
Le 2 janvier (12 nivôse), devant les marques d'opposition réitérées au Concordat et le rejet des premiers articles du Code civil, le Premier Consul retire tous les projets présentés aux Conseils. Lecture est ainsi faite lors de la séance du Corps législatif le 3 janvier (13 nivôse) : « Le gouvernement a arrêté de retirer les projets de loi du Code civil, et celui sur le rétablissement de la marque pour les condamnés.
C'est avec peine qu'il se trouve obligé de remettre à une autre époque les lois attendues avec tant d'intérêt par la nation. Mais il s'est convaincu que le tems n'est pas venu où l'on portera dans ces grandes discussions le calme et l'unité d'intention qu'elles demandent. »
Le lundi 4 janvier 1802 (14 nivôse), Louis Bonaparte, 3ème frère de Napoléon, épouse Hortense de Beauharnais, fille du premier mariage de Joséphine avec Alexandre de Beauharnais, devant Huguet de Montaran, maire du Ier arrondissement. Puis, Louis et Hortense d'une part, et Murat et Caroline d'autre part (unis civilement deux ans auparavant le 20 janvier 1800), reçoivent la bénédiction nuptiale du cardinal Caprara.
Voyant son mariage organisé dans une certaine discrétion par le Premier Consul, Louis Bonaparte ne peut s'empêcher d'envoyer des faire-part, ce qui provoque la colère de Napoléon : » Madame Bonaparte la mère a l'honneur de vous faire part du mariage de son fils, le chef de bataillon Louis Bonaparte, avec Mlle Hortense de Beauharnais. Paris, 13 nivôse, an X. «
Le lendemain, le couple déjeune aux Tuileries.
Le 5 janvier (15 nivôse) : lancement d'une souscription pour un nouveau volume de La ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle, « dessinée d'après les animaux vivans, et gravée par les meilleurs artistes dans le format in-folio, sur beau papier et avec le plus grand soin. » Ce nouveau volume présente la panthère, la hyène, l'ours brun, et le « nez blanc, espèce de gros singe ». Les textes qui accompagnent les gravures sont de Lacépède.
Le 7 janvier (17 nivôse) : un arrêté organise un escadron de 150 Mamelouks, placé sous les ordres du chef de brigade Rapp, et recruté parmi les Mamelouks, Syriens et Coptes ayant fait partie de l'armée d'orient.
Le 8 janvier (18 nivôse), départ de Paris du Premier Consul qui arrive à Lyon le 14 à 9h du soir : en novembre 1801, Napoléon Bonaparte avait décidé d'organiser la réunion des députés de la République cisalpine pour en revoir la constitution.
Le 12 janvier (22 nivôse an X), la Gazette nationale fait paraître un avis de publication : « Le cit. Levo employé à la Monnaie, vient de publier un Tableau de comparaison du nouveau kilogramme et de ses fractions, avec la livre, once, gros et grain du poids de marc, sous la forme d'une table de multiplication. […] Il est très-propre à faciliter l'usage du kilogramme dans le commerce, afin d'y remplacer la livre, si variable par son poids dans les différens départements. Cet utile travail en une feuille de beau papier sous la forme de tableau se vend 25 cent. (15 s. tournois) chez Jecker, au dépôt des nouveaux poids, Palais du Tribunat, galerie de Bois, n° 232. Nota : On donne avec une petite instruction sur la manière de s'en servir rédigée par l'auteur.
Le 13 janvier (23 nivôse an X), de Lyon, Bonaparte adresse un billet au consul Cambacérès, dans lequel il fait état du bon accueil que les Lyonnais lui ont réservé. Il indique également son projet de faire discuter au Conseil d'état l'interdiction de tous les jeux, loteries, etc. dans toutes les villes de la République, sauf à Paris.
Correspondance, tome VII, n° 5917
Le 16 janvier (26 nivôse an X), à Rouen, alors que les échanges commerciaux s'avèrent en plein essor, le tribunal de commerce de cette ville organise une surveillance des prix pratiqués à la halle de la ville :
« les citoyens Bucaille, Brouard, Cuvelier et Denel, sont chargés […] de rédiger une feuille de prix courans des marchandises. Cette feuille est par conséquent soumise à une surveillance qui en garantit l'exactitude. Elle sera rédigée tous les jours qui suivront immédiatement ceux de chaque halle, à midi, dans une des salles du tribunal, en présence d'un juge dudit tribunal, et revêtue de sa signature, avant d'être livrée à l'impression. »
Gazette nationale, 30 nivôse an X.
Paris le 21 janvier (1er pluviôse), le docteur Hagel a été appelé par le ministre de l'Intérieur, pour publier le Dictionnaire chinois, qu'il avait annoncé à Londres l'année passée. Ce dictionnaire va être enrichi par les travaux laissés par Fourmont, ainsi que par d'autres matériaux nombreux. Imprimé aux frais du gouvernement, il comprendra plus de 80 000 caractères chinois.
Paris le 21 janvier (1er pluviôse), la préfecture de police avise les parisiens de dispositions prises en raison des inondations récentes : « le préfet de police craignant que les eaux qui ont pénétré par infiltration, sous une infinité de maisons, n'aient occasionné des dégradations dont il pourrait résulter des accidens, invite les propriétaires à faire visiter leurs caves, par leurs architectes ou entrepreneurs. »
Gazette nationale, 2 pluviôse an X
Le 24 janvier 1802 (4 pluviôse an X), le Journal des débats fait paraître cet avis : en exécution de l'arrêté des Consuls concernant le transfert de la Bibliothèque nationale, les sociétés savantes et les artistes qui demeurent au Louvre peuvent y rester jusqu'au 21 avril (1er floréal), date de début des travaux de réparation. La Sorbonne continue de loger de nombreux artistes choisis par le gouvernement.
Le 25 janvier 1802 (5 pluviôse an X) Bonaparte est élu Président de la République italienne, nouvelle dénomination de la République cisalpine à partir du 26 janvier.
Nommé vice-président, François Melzi d'Eril est chargé de faire de la République un état moderne, tout en ménageant Murat et ses troupes stationnées en Italie. Bien qu'opposé à l'instauration de la royauté en 1805, il est le premier anobli du royaume d'Italie, en devenant duc de Lodi le 20 décembre 1807. Un temps mis à l'écart, il reprend un certain pouvoir à partir de 1809, en assurant la présidence du Conseil privé et du Conseil des ministres lors des absences du vice-roi Eugène de Beauharnais. Il meurt à Milan, le 16 janvier 1816.
Ferdinando Marescalchi (1764-1816) est nommé ministre des Relations extérieurs, poste qu'il continuera d'occuper lorsque le royaume d'Italie est constitué en 1805.
Le gouvernement de la République italienne entre en fonction le 9 février 1802 (20 pluviôse an X).
Le 28 janvier 1802 (8 pluviôse an X), création de l'Ecole spéciale militaire pour la formation des futurs officiers.
Le 29 janvier 1802 (9 pluviôse an X), les professeurs de l'Ecole de peinture et de sculpture de Paris ont distribué les prix du Torse peint fondé par Caylus, et de la Tête d'expression, fondé par Latour : le premier a été partagé entre Ingres, élève de David, et Thomassin, élève de Vincent ; le second a été donné à Matte, sculpteur. Journal des débats, 11 pluviôse an X.
Anne-Claude-Philippe de Tubières, comte de Caylus (1692-1765), après une courte carrière militaire, se consacra à la gravure à l'eau-forte (estampes d'après Rubens, de Van Dyck, Leonard de Vinci, Watteau). Membre de l'Académie royale de peinture et sculpture en 1731, il fut un mécène important pour les artistes de son époque.
Louis Thomassin, portraitiste et peintre de genre, exposa au Salon de 1796 à 1810.
François André Vincent (1746-1816), élève de Vien, reçut le premier prix de peinture de l'Ecole de l'Académie royale en 1767 (après le 2ème prix en 1766) et, après un séjour en Italie, il entra à l'Académie royale de peinture en 1777 et y devint professeur en 1792. Il exposa au Salon de 1777 à 1801 et était reconnu comme un grand artiste à son époque.
Nicolas-Augustin Matte (1781-1837), élève de Monot et de Dejoux, remporta le grand prix de Rome en 1807, et exposa au Salon de 1810 à 1835.
Le 31 janvier 1802 (11 pluviôse an X), le Premier Consul est de retour de Lyon.
Février 1802
En février 1802, la manufacture d'étoffe de Richard et Lenoir, faubourg Saint-Antoine à Paris, poursuit son essor et produit alors entre 700 et 800 pièces d'étoffe chaque mois. Par contre, le commerce de la joaillerie et de la bijouterie connaît un certain ralentissement, sans doute parce que les fêtes de fin d'année sont passées : des fabricants sont ainsi amenés à se séparer de certains de leurs ouvriers.
Parti de Brest le 14 décembre 1801 (23 frimaire an X), débarqué le 29 janvier 1802 (9 pluviôse an X), le général Victoire-Emmanuel Leclerc (1772-1802) lance sa première offensive contre Toussaint-Louverture à Saint-Domingue le 6 février 1802 (17 pluviôse an X).
Le 9 février 1802 (20 pluviôse an X), installation à Milan du nouveau gouvernement de la République italienne : Melzi choisit Prina comme ministre des finances.
Giuseppe Prina (1766-1814) s'avéra un homme clé de la République italienne, extrêmement compétent, travailleur infatigable : organisation de l'administration des finances sur le modèle français, création d'une nouvelle monnaie, assainissement de la dette publique, réalisation d'un cadastre, etc. Ce sont les dépenses militaires sans cesse en augmentation qui provoquent une émeute, soutenue par ses adversaires : il est assassiné par la foule, à Milan, le 20 avril 1814.
Créé le 24 février 1801 (5 ventôse an IX), l'Internat des hôpitaux de Paris était une école pratique de médecine indépendante des examens de la faculté et accessible par un concours, afin de recruter et assurer la formation du personnel des « hospices » (nom donné au XIXe siècle aux institutions hospitalières). C'est le 10 février 1802 (4 ventôse an X) qu'eut lieu le premier concours : sur les 64 candidats, 24 furent nommés. Les études duraient quatre années.
Le mois de février est rythmé par les fêtes de Carnaval, qui se déroulent un peu partout chaque jour à Paris : le 13 février 1802 (24 pluviôse an X), » la quantité de mascarades et de travestissements était considérable. c'est particulièrement sur le boulevard du Temple et dans le rue Saint-Antoine que les masques se sont portés en foule. On a remarqué un char attelé de quatre chevaux dans lequel étaient des masques bien costumés et figurant les anciens ordres : la noblesse, le clergé et le tiers état. […] Le soir les guinguettes, les cabarets, les cafés et les spectacles se sont remplis d'une manière extraordinaire. […] Deux bals masqués ont eu lieu, l'un à la Veillée près le Palais de justice et l'autre à l'Hôtel de Longueville. «
(Rapport de la préfecture de police du 26 pluviôse an X).
Un arrêté du 12 février 1802 (23 pluviôse an X), crée deux écoles pratiques des mines dans le département de la Sarre (à peu près le Land de Sarre en Allemagne, aujourd'hui) et dans celui du Mont-Blanc (Haute-Savoie) : » Dans la première école on enseignera l'art de traiter les mines de fer et d'extraire la houille, en même tems qu'on s'occupera de tout ce qui a rapport aux préparations dont les substances minérales sont susceptibles. Dans la seconde, on fera connaître tout ce qui a rapport à l'exploitation des mines de plomb, cuivre, argent et des sources salées. L'enseignement sera donné par trois professeurs, dont l'un sera chargé d'instruire les élèves dans la science pratique de l'exploitation, le second professera l'art de la mécanique et toutes ses applications aux travaux des mines, et le troisième donnera les principes chimiques et physiques nécessaires au minéralogiste. » Le directeur et les professeurs sont nommés par le premier consul sur présentation du ministre de l'intérieur.
C'est seulement en 1810 que les exploitations minières firent l'objet d'une loi (21 avril) définissant des catégories (carrière à ciel ouvert, carrière de pierres et de terres, mines en galerie, etc.) et les règles de concession et de gestion. En novembre 1810 fut créé un corps impérial des Mines, constitué d'ingénieurs et d'inspecteurs généraux.
Le 15 février 1802 (26 pluviôse an X), les cendres de Pie VI sont ramenées à Rome. Son opposition à la Révolution française est symbolisée par sa condamnation de la Constitution civile du clergé de 1791. Après la perte du Comtat venaissain et de la ville d'Avignon en 1791, puis de nouveaux territoires avec la signature du traité de Tolentino (1797), Pie VI voit les armées françaises de Berthier entrer à Rome le 10 février 1798 : déchu comme souverain temporel, il est maintenu prisonnier dans différentes villes italiennes puis françaises : c'est à Valence que Pie VI décède le 29 août 1799.
Le 18 février 1802 (29 pluviôse an X), la Gazette nationale annonce que le préfet du département de la Seine Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime) a décidé d'envoyer deux jeunes bergers, sachant lire et écrire, à l'école vétérinaire d'Alfort. Créée dès 1766 elle formait des vétérinaires de la moitié Nord de la France, tandis qu'une autre école, à Lyon, recevait des élèves de la moitié Sud. Ce sont surtout des vétérinaires militaires qui étaient formés.
Il existe, au moins à Paris, une Société des amis des arts qui se charge d'utiliser le fonds constitué par ses fondateurs et actionnaires, pour soutenir les artistes et promouvoir l'art en achetant des tableaux, dessins et sculptures de peintres modernes français : » Tous les ans, le 30 prairial, ces objets sont répartis entre tous les actionnaires sur la base d'un lot par dix actions. »
Gazette nationale, 30 pluviôse an X
» Polyglotie « , ou projet d'établissement pour l'étude des langues vivantes
» Apprendre à parler et à bien prononcer plusieurs langues sans peine, sans confusion, et dans un tems presque toujours perdu pour l'enfance, est le but de cet établissement. […] En Russie, les enfans des étrangers parlent, dès leur bas-âge, trois, quatre langues avec la même aisance.
L'allemand, l'anglais, l'italien, le français, comme les langues les plus utiles, seront principalement enseignés dans ces établissemens. On y recevra des enfans de tout âge ; mais on les préférerait de trois à six ans, où les organes flexibles sont si favorables. Mais cette institution exigeant d'abord de grands frais, on propose une souscription de six mois d'avance, chez le même notaire chargé de l'emploi des fonds. Prix pour l'année, de 3 à 6 ans, 400 fr. ; de 6 à 9, 550 fr. ; de 9 à 12, 700 fr. ; de 12 à 16, 900 fr. » Gazette nationale, 3 ventôse an X
Le 26 février 1802 (7 ventôse an X), Victor Hugo naît à Besançon.
Le 26 février 1802 (7 ventôse an X), une nouvelle Constitution est promulguée en Suisse, à l'initiative de Reding.
Alois Reding (1765-1818), homme politique suisse, a débuté sa carrière comme militaire dans les armées espagnoles en lutte contre les armées révolutionnaires françaises. Durant les années 1797-1803, la Confédération suisse connaît une histoire mouvementée, bousculée par les idées révolutionnaires françaises et les coups d'état successifs, entre unitaires et fédéralistes, pour tenter d'organiser un gouvernement républicain, et fragilisée par la situation diplomatique et militaire européenne : objet de convoitise, la Suisse est en effet le lieu d'affrontements entre les armées coalisées et l'armée révolutionnaire française. Incapables de s'organiser, les camps fédéralistes et unitaires demandent au Premier Consul Bonaparte d'arbitrer leurs difficultés et de poser les fondements de la République helvétique proclamée dès le 12 avril 1798 : la constitution de Malmaison signée en mai 1801 ne règle pourtant aucun conflit.
Plusieurs fois sollicité, Bonaparte reste indifférent, et Reding se résout en février 1802 à promulguer une nouvelle Constitution : elle n'aura pas plus de succès que celle de 1801. 1802 est une nouvelle année de débats politiques stériles et de révoltes populaires.
Pour retrouver un certain calme, il faut attendre la constitution de 1803, ou Acte de Médiation, qui sonne le glas de la République et restaure une organisation fédérale en 19 cantons.
Mars 1802
Dans les premiers jours de mars est rendue publique une conspiration contre le Premier Consul, ourdie à Bayreuth : deux agents de Louis XVIII, Précy et Imbert-Colomès, ont été arrêtés par le roi de Prusse, qui a également transmis au gouvernement français l'ensemble de leur correspondance.
Le 3 mars 1802 (12 ventôse an X), un arrêté demande à l'Institut national de France de réaliser » un tableau général de l'état et des progrès des sciences, des lettres et des arts, depuis 1789 jusqu'au 1er vendémiaire an X [23 septembre 1801]. Ce tableau divisé en trois parties correspondantes à chacune des classes de l'Institut, sera présenté au Gouvernement dans le mois de fructidor an XI [août-sept. 1803]. «
L'Institut national de France, créé en 1795 (art. 298 de la Constitution de l'an III), avait pour mission de » recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences. » La loi du 25 octobre suivant (3 brumaire an IV) organise l'Institut en 3 classes, chacune subdivisée en un certain nombre de sections : une classe des Sciences physiques et Mathématiques (10 sections), une autre de Sciences morales et politiques (6 sections), la dernière de Littérature et des Beaux-Arts (8 sections).
Le 5 mars 1802 (14 ventôse an X), Jean-Baptiste Gail (1755-1829), professeur au Collège de France, y ouvre pour tous un cours élémentaire gratuit de langue grecque. (En 1809, il est nommé membre de l'Institut, à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres)
Le 6 mars (15 ventôse an X), le préfet du département de la Seine a fait faire à sept heures du soir, sur la place Vendôme, l'essai de deux réverbères de l'invention des citoyens Saver et Fraiture. Ces deux réverbères ayant été posés d'un angle à l'autre de la place à une distance de deux cent vingt pas, cet espace a été tellement éclairé qu'au centre, c'est-à-dire à cent pas, on distinguait facilement les caractères d'une brochure imprimée en cicero. A quatre-vingts pas, avec quelque attention, on pouvait déjà lire, et à soixante-dix on lisait comme dans une chambre bien éclairée, ou comme en plein jour.
Journal des débats, 18 ventôse an X
Le 11 mars (20 ventôse an X), le Premier Consul et son épouse Joséphine visitent la maison d'éducation de Madame Campan à Saint-Germain, et assistent à la représentation de la pièce Esther donnée par les élèves.
Le 12 mars (21 ventôse an X), Roederer est nommé responsable de « tout ce qui concerne l'Instruction publique », au sein du ministère de l'Intérieur ; il est également chargé de la censure des journaux et des pièces de théâtre.
Pierre-Louis Roederer (1754-1835), penseur engagé, apparaît comme un des « idéologues » du bonapartisme. Après une première carrière au Parlement de Metz, il rejoint l'Assemblée Nationale à l'automne 1789 puis devient Procureur-Syndic de la Seine. Le 10 août 1792, il entraîne Louis XVI à l'assemblée. Accusé par les royalistes d'avoir livré le roi à ses ennemis et par les révolutionnaires d'avoir tenté de le sauver, il vit dans la clandestinité pendant la Terreur. Il revient sur le devant de la scène en prenant la tête du Journal de Paris. Il y défend la modération et le retour à l'ordre. Il rencontre Bonaparte et participe à la préparation du coup d'Etat. Il s'oppose à Sieyès en défendant la concentration du pouvoir entre les mains de Napoléon. Nommé au Conseil d'Etat, il préside la section de l'Intérieur, celle qui discute le code civil et l'organisation des grandes institutions du régime, et se voit confier la direction de l'Instruction publique. Il rencontre presque chaque jour le Premier Consul et échange avec lui, sur tous les sujets. Ses notes quotidiennes sur ces conversations sont une source de première main pour les historiens. Favorable à l'Empire dès 1802, il irrite Bonaparte en voulant aller trop vite. Ecarté et envoyé au Sénat, il reste fidèle au régime qui continue à l'employer : ministre des Finances au royaume de Naples, administrateur du Grand-duché de Berg, comte, envoyé de l'Empereur en Espagne, commissaire extraordinaire en 1814 et 1815. Privé de ses titres par la Restauration, il se retire dans ses propriétés de l'Orne et rédige de très nombreux textes, nouvelle mine d'informations pour les spécialistes. L'avènement de Louis-Philippe le ramène dans la politique active : nommé Pair de France, il milite pour un roi qui gouverne et ne se contente pas de régner, suscitant polémiques et débats.
Le 12 mars 1802 (21 ventôse an X), Jean-François-Aimé Dejean (1749-1824) est nommé » directeur de l'administration de la guerre « , nouveau ministère détaché de celui de la Guerre. Il quitte ce poste le 2 janvier 1810 en raison de divergences avec l'empereur, mais est nommé au Sénat conservateur dès le mois suivant. En octobre 1812, il préside la commission chargée du procès du général Malet. Refusant de voter la déchéance de l'empereur en 1814, il se range à ses côtés durant les Cent-Jours, ce qui lui vaut de perdre son fauteuil de Pair de France à la Chambre haute lors de la Seconde Restauration.
Le 13 mars (22 ventôse an X), le ministère de la Marine fait publier la dépêche télégraphique du préfet maritime de Brest, datée du 21 ventôse au soir : » L'armée navale est entrée dans la rade du Cap, le 16 pluviôse. Au départ du bâtiment, toute l'armée était débarquée ; la ville et toute la plaine du Nord étaient occupées par nos troupes. Le courrier porteur des dépêches est parti hier au soir pour Paris.
Nota. Ainsi la flotte a mis 52 jours pour arriver à Saint-Domingue. «
La Gazette nationale ou Le Moniteur universel, 22 ventôse an X.
Le 18 mars 1802 (27 ventôse an X), 240 membres du tribunat et du corps législatifs qui devaient être ré-élus, sont nommés par sénatus-consulte, Bonaparte écartant ainsi les principaux opposants au régime comme Benjamin Constant, Daunou, Isnard ou Thibault.
Constitutionnellement, il était prévu un renouvellement annuel par tirage au sort.
Le 18 mars 1802 (27 ventôse an X), le Citoyen français dresse un bilan de la production éditoriale en 1801, en s'appuyant sur le Journal général de littérature française qui vient de paraître : » sur 1185 ouvrages qui ont paru […] la partie des sciences physiques et mathématiques en a produit 171 ; celle des sciences économiques et des arts utiles, 90 ; celle des sciences morales et politiques, 354, et […] le domaine de la littérature est réduit à 117, parmi lesquels sans doute il est un certain nombre d'écrits qui méritent de sortir de l'obscurité, où tant d'auteurs modernes semblent se condamnés eux-mêmes… »
[On ne sait pas quelle est la part réelle de nouveaux livres et celle d'ouvrages réédités]