Juillet – Août
En juillet, les troupes françaises évacuent la Suisse.
Au cours de ce mois de juillet 1802, la France connaît une baisse du prix du pain ; la qualité des moissons prévues dans les départements de la Somme, de l'Oise, de l'Aisne et de la Seine-et-Oise laisse espérer une nouvelle baisse du prix du pain notamment dans la capitale.
(Publiciste, 8 thermidor an X)
Le 4 juillet 1802 (15 messidor an X), les consuls arrêtent la décision de la construction du quai d'Orsay, sur la rive gauche de la Seine. La pose de la première pierre par le ministre de l'intérieur est prévue pour le 13 juillet (24 messidor).
(Journal des débats, 20 messidor)
Le 8 juillet 1802 (19 messidor an X), cinq Français sont élevés au rang de cardinal par le pape Pie VII, dont Joseph Fesch, oncle du Premier consul.
Le 13 juillet (24 messidor an X), « ont été entendu contradictoirement en police correctionnelle, les citoyens Bossange, Masson et Besson, demandeurs, contre les citoyens Moutardier et Leclère, défendeurs, accusés de violation de privilège et de contrefaçon dans l'édition qu'ils ont donnée, il y a environ trois mois, d'un Dictionnaire de l'Académie française, en deux volumes in-4°. Bossange, Masson et Besson sont-ils, peuvent-ils même être les propriétaires exclusifs et privilégiés du Dictionnaire de l'Académie française, revu, corrigé, et augmenté par elle-même, cinquième édition ? Moutardier et Leclère sont-ils les violateurs des prétendus droits de propriété et de privilèges réclamés par leurs adversaires ? Sont-ils contrefacteurs dudit ouvrage, ayant pour titre : Dictionnaire de l'Académie française, revu, corrigé, etc. ? Telles sont les questions qui ont été examinées par les défenseurs des parties. […] le tribunal a remis le prononcé du jugement à mercredi 2 thermidor… »
(Le Moniteur, 28 messidor)
[Le tribunal jugera que le Dictionnaire de l'Académie est devenue propriété commune, et les scellés sur les exemplaires seront levés. – Le Journal des débats, 24 thermidor]
Avant la parade du 14 juillet (25 messidor), le Premier consul reçut du préfet du département de la Seine et de deux des maires de Paris, un superbe cheval de race française, » comme témoignage de la reconnaissance et de l'amour des citoyens de Paris « .
(Le Moniteur 27 messidor)
Les Parisiens ont vu pour la première fois défiler le corps des Mameluks à cheval lors de la parade du 14 juillet (25 messidor).
Conformément à l'avis publié par le ministre de l'intérieur Chaptal, dans Le Moniteur le 8 messidor an X, » A Paris, dans chacune des douze municipalités, on [a célébré] le jour du 14 juillet, le mariage d'une jeune fille avec un jeune homme, choisis parmi les jeunes gens qui se sont distingués par des traits de courage.
La même cérémonie [a eu] lieu dans chaque chef-lieu d'arrondissement, le 1er vendémiaire prochain.
Les préfets et sous-préfets se [sont concertés] avec la municipalité du lieu pour pourvoir à la dot des jeunes filles et arrêter le programme des cérémonies qui [ont été] exécutées à l'occasion de ces mariages.
A Paris le soir du 14 juillet, [a été exécuté] sur la terrasse des Tuileries un grand concert. Le Palais du Gouvernement [était] illuminé, ainsi que le jardin des Tuileries et la place de la Concorde. «
Le 22 juillet 1802 (3 thermidor an X) disparaît, à l'âge de trente et un ans, François-Xavier Bichat, un homme qui allait laisser une profonde empreinte dans les annales de la médecine. Tout à la fois chirurgien, psychologue, médecin, pathologiste, physiologiste, anatomiste, histologue, thérapeute, Xavier Bichat s'était intéressé, au cours de sa trop brève carrière, à tous les domaines de la médecine, et permit la naissance de l'histologie ainsi que le développement de l'embryologie.
Le 23 juillet 1802 (4 thermidor an X), un arrêté consulaire condamne à l'emprisonnement le généralToussaint Louverture. Il est donc emprisonné au fort de Joux près de Besançon un mois plus tard.
Le 25 juillet 1802 (6 thermidor an X), le Moniteur fait un compte rendu détaillé de la situation des hospices à Paris : organisation et gestion, alimentation, locaux et mobilier (désormais » chaque individu occupe un lit seul « , » les pailles des couchers sont renouvelées, les couvertures sont dégraissées et réparées « , » il a été créé des réfectoires pour que l'odeur des aliments ne restât pas dans les dortoirs. «
Des efforts sont apportés dans les soins, mais également dans une définition et une tentative de classification des affections mentales, sous l'impulsion du professeur Pinel. Ces réflexions portent tant sur des traitements que sur une organisation de l'espace. L'hospice national des femmes (la Salpêtrière) considère 5 divisions de pensionnaires : les officières ou filles de service infirmes, dites repentantes (au nombre alors de 240) ; 500 paralytiques, aveugles, octogénaires, dites grandes infirmes ; 1 900 septuagénaires ; 360 malades ; 200 cancérées, scrofuleuses, galeuses ; 200 épileptiques non folles ; 600 folles.
Depuis le mois de floréal, » les folles incurables sont séparées des folles curables. Ces deux divisions sont elles-même subdivisées en folles imbéciles, folles tranquilles, folles constamment agitées, folles instantanément agitées, folles furieuses. Des grilles séparent les rues, les places, les cours et les bâtiments qui renferment ces divers états de folie. «
Septembre
Le 4 septembre 1802 (17 fructidor an X), Abrial est remplacé à la tête du ministère de la Justice par Regnier qui prend alors le titre de » Grand-Juge « . Tous deux seront nommés sénateur le 28 fructidor an XI.
Né en 1750, avocat en 1771, André-Joseph comte Abrial fit partie de l'administration du ministère des Affaires étrangères jusqu'à la chute du ministre, le duc d'Aiguillon. Abandonnant sa carrière d'avocat en raison d'un bégaiement fort handicapant, il prend la direction d'un comptoir de commerce au Sénégal, mais doit rentrer en France pour raison de santé. Faisant l'essentiel de sa carrière à la cour de cassation sous le Directoire, il se rallie à Bonaparte qui le nomme ministre de la Justice le 25 décembre 1799, assuré de sa probité et son intégrité. Favorables aux idées d'Ancien Régime, il s'oppose au Premier Consul sur l'organisation de la société (mariage, mort civile, etc.)
Claude-Ambroise Regnier, né en 1746, commence une carrière d'avocat à Nancy. Membre du Conseil d'Etat depuis l'an VIII, il est favorable au coup d'Etat du 18-Brumaire. Appelé à remplacer Abrial, il reste à la tête du ministère de la Justice jusqu'au 20 novembre 1813.
A la mairie du Xe arrondissement, rue de Verneuil, le 10 septembre 1802 (23 fructidor an X), Talleyrand épouse Madame Catherine-Noël Worlée, sa maîtresse depuis 1797, divorcée d'un Anglais, George Grand, aventurière, probablement espionne et courtisane notoire. Née en 1762 à Tranquebar, aux Indes, fille d'un officier royal à Pondichéry, elle arrive à Paris après son divorce pour adultère, et se fait entretenir notamment par le banquier Waldec de Lessart, un proche de Talleyrand à la fin de l'Ancien Régime. Femme d'une grande beauté, Madame Vigée-Lebrun fit son portrait en 1783. Mais son esprit fut peu loué par ses contemporains, et beaucoup se plaisaient à raconter qu'elle disait » je suis d'Inde » pour évoquer ses origines ! Elle mourut le 10 décembre 1835 après avoir mené une vie relativement agitée, séparée de corps depuis de nombreuses années de Talleyrand. Le 13 septembre 1802 (26 fructidor an X), victime de l'hostilité de Talleyrand et des frères de Bonaparte en raison de son opposition au Consulat à vie, Fouché doit quitter le ministère de la Police, dont les attributions sont alors partagées entre Régnier (Grand-Juge), Dubois (préfet de police) et Desmaret (police politique). L'éloge accompagnant sa nomination le 15 septembre comme sénateur ne doit point faire illusion : « Le citoyen Fouché, ministre de la Police dans des circonstances difficiles, a répondu par des talens, par son activité, par son attachement au Gouvernement, à tout ce que les circonstances exigeaient de lui. Placé dans le sein du Sénat, si d'autres circonstances le redemandaient encore un ministre de la Police, le Gouvernement n'en trouverait point un qui ne fut plus digne de sa confiance. »
(Moniteur 30 fructidor an XI)
Le 13 septembre 1802 (26 fructidor an X), Saint-Domingue s'enflamme, la révolte se généralise.
Le 15 septembre 1802 (28 fructidor an XI), Roederer perd la Direction de l'Instruction publique au bénéfice du chimiste Fourcroy. Remplacé également à la présidence de la section de l'Intérieur au Conseil d'Etat, par Regnaud Saint-Jean-d'Angely, Roederer est nommé sénateur. A Bonaparte qui lui lance : « Vous allez retrouver vos pères conscrits ! », il répond : « Oui, général, vous m'envoyez ad patres ». L'élimination de cet ennemi juré de Fouché -et partisan très précoce de l'hérédité du pouvoir de Bonaparte et, à ce titre, grand ami de son frère Joseph-, apparaît comme une compensation donnée aux partisans du ci-devant ministre de la Police. Roederer quitte l'entourage du Premier Consul dont il était jusqu'alors un des plus proches conseillers.
Le 18 septembre 1802 (1er jour complémentaire de l'an X), le Voyage dans la Basse et la Haute-Egypte de Dominique-Vivant Denon paraît en 3 volumes chez Didot imprimeur.
22 septembre 1802 (5e jour complémentaire de l'an X), Bonaparte visite au Louvre l'Exposition de l'industrie nationale, qui a lieu chaque année durant les jours complémentaires, et le Salon où sont exposées notamment deux toiles d'Isabey : Le Premier consul passant la revue dans la cour du Palais des Tuileries et Le Premier consul se promenant dans le jardin de la Malmaison.
23 septembre 1802 (1er vendémiaire an XI), inauguration des travaux du canal de l'Ourcq : c'est une loi du 19 mai 1802 qui a lancé le programme de construction des canaux de la ville de Paris, celui de l'Ourcq mais également ceux de Saint-Denis et de Saint-Martin. A la chute de l'Empire, ils seront loin d'être terminés…
Dans les premiers jours de vendémiaire, un nouveau théâtre vient d'ouvrir ses portes, près de la Porte Saint-Martin : on pense qu'il proposera tous les styles de spectacles, comédie, tragédie, opéra, etc
(Le Moniteur, 7 vendémiaire an XI)
Alors qu'un nouveau conflit politique secoue la Suisse, Bonaparte se pose comme médiateur des cantons helvètes le 30 septembre 1802 (8 vendémiaire an XI). Le 5 octobre, Rapp arrive à Lausanne afin de faire reconnaître cette médiation. Puis le 17, Ney est nommé ministre plénipotentiaire et commandant des troupes françaises en Suisse où il est chargé de ramener le calme.
Un arrêté du 8 vendémiaire an XI (30 septembre 1802) organise la profession des bouchers à Paris : 30 bouchers nommés par le préfet de police choisiront un syndic et 6 adjoints, qui donneront leur avis au préfet de police pour toute nouvelle demande d'exercice dans la profession, sous réserve de paiement d'une caution (3 catégories) ; le syndic et ses adjoints présenteront également deux membres de la profession au préfet de police pour qu'il choisisse la personne chargée de la caisse de secours fondée à partir des cautions payées mensuellement. Aucun boucher ne pourra quitter son commerce sans en avoir préalablement averti le préfet de police six mois à l'avance.
(Le Moniteur, 13 vendémiaire an XI)
Octobre
Le 1er octobre 1802 (9 vendémiaire an XI), les consuls décident l'érection d'une statue colossale sur la place des Victoires, en hommage au général Desaix, mort lors de la bataille de Marengo. » Sur le piédestal seront placés des bas-reliefs relatifs à la conquête de la Haute-Egypte et à la bataille d'Heliopolis, gagnée par ce général. [art. II]. L'exécution de cette statue sera confiée au citoyen Dejoux, sculpteur. [art. III]
Après le déboulonnement de la statue équestre de Louis XIV (du sculpteur Desjardinsle 10 août 1792, pas moins de sept monuments furent édifiés ou projetés sur la place des Victoires. En 1810, la statue de Desaix représenté nu fit scandale, puis Louis XVIII renoua avec les symboles de l'Ancien Régime en commandant une nouvelle statue équestre de Louis XIV à l'architecte Alavoine et au sculpteur Bosio (1828) : c'est cette statue représentant le roi vêtu en empereur romain sur un cheval cabré qui figure toujours sur cette place Le 4 octobre 1802 (12 vendémiaire an XI), un arrêté des Consuls crée pour la ville de Paris, une Garde municipale soldée de 2154 hommes d'infanterie et 180 de troupes à cheval, placées sous l'autorité d'officiers de l'armée désignés par le Premier consul. L'infanterie est divisée en deux régiments, l'un affecté à la surveillance des barrières et ports, l'autre à celle de l'intérieur de Paris. » Nul ne pourra être admis dans la garde-municipale de Paris, s'il n'est âgé de plus de 30 ans et de moins de 45 ; s'il n'a la taille de 1 mètre 651 millimètres (ou 5 pieds 1 pouce) ; s'il n'a fait cinq campagnes pendant la guerre de la liberté ; s'il n'est porteur d'un congé militaire en bonne et due forme, et d'un certificat de bonne vie et moeurs ; s'il ne sait lire et écrire, et s'il ne prend l'engagement de servir pendant dix années dans ladite garde. » (Titre I. – art. VI)
Quelques exemples de soldes : un chef de bataillon touchera 6 000 francs dans l'infanterie et un chef d'escadron 7 000 dans la cavalerie ; un quartier-maître, 1 800 francs dans l'infanterie, et 2 500 dans la cavalerie ; un lieutenant, 1 800 francs, un sous-lieutenant, 1 500 francs dans l'infanterie, 2 500 et 2 200 dans la cavalerie ; enfin un soldat d'infanterie gagnera 500 francs, un cavalier 1 200 (pour pouvoir comparer : un ouvrier gagne alors environ 600 francs par an, un préfet 15 000).
Le 4 octobre 1802 (12 vendémiaire an XI), un arrêté des Consuls réunit l'école d'artillerie de Châlons et l'école du génie de Metz en une seule et même école d'artillerie et du génie, établie à Metz, la ville « militaire » par excellence. Les cours débuteront le 1er nivôse de chaque année, pour 100 élèves, à savoir 70 pour l'artillerie et 30 pour la cavalerie. La formation durera deux ans : manoeuvres, conduite des équipages, cartographie, art de l'attaque et de la défense des places, administration et comptabilité des armées, places et troupes. Chaque année, du 10 fructidor au 15 vendémiaire suivant, il y aura un simulacre de siège fait alternativement sur différents fronts de la place.
(Le Moniteur, 25 vendémiaire an XI)
Le 10 octobre 1802 (18 vendémiaire an XI), naît Napoléon-Charles, le premier fils de Louis et Hortense. Napoléon pense, dans un premier temps, que cette naissance pourra régler les problèmes dynastiques qui se posent alors que son propre mariage avec Joséphine demeure stérile à ce jour.
L'annonce de cette naissance paraît très sobrement dans Le Moniteur du 20 vendémiaire : » Madame Louis Bonaparte est accouchée d'un garçon, le 18 vendémiaire, à 9 heures du soir. «
Une ordonnance du préfet de police de Paris, en date du 14 octobre 1802 (22 vendémiaire an XI), réglemente l'ouverture de lieux pour la pratique et l'enseignement de la dissection, ouverture nécessitant l'autorisation, après étude d'un rapport commodo et incommodo, du préfet de police. Les cours ne peuvent avoir lieu qu'entre le 1er brumaire et le 1er floréal, et ne peuvent pas porter sur des sujets morts de maladie contagieuse. Les cadavres doivent être transportés dans des voitures couvertes, entre 9 et 10 heures du soir.
Le 14 octobre 1802 (22 vendémiaire an XI), la Russie lance à l'eau un bateau de cent canons, construit par un Français, M. Brun, qui a également travaillé pour Constantinople.
Un arrêté du 16 octobre 1802 (24 vendémiaire an XI), réunit dans la République italienne, les bureaux de distribution de papiers timbrés aux bureaux de vente de tabac. Les » débitants » de papier timbrés disparaissent et les » débitants » de tabac doivent fournir une nouvelle caution.
(Le Moniteur, 19 brumaire an XI)
18 octobre 1802 (26 vendémiaire an XI), le jury, une pièce importante dans l'organisation de la justice pénale mais jugée trop démocratique par le Premier consul, est suspendu dans la plupart des départements. Bonaparte avait déjà renforcé la position du pouvoir central en décidant par la loi du 6 germinal an VIII (27 mars 1800) que les listes des jurés seraient établies par les juges de paix, puis soumises au tirage au sort des préfets.
20 octobre 1802 (28 vendémiaire an XI), Hawkesbury reçoit une note de Talleyrand sommant l'Angleterre de se retirer de l'île de Malte, conformément au Traité d'Amiens.
20 octobre 1802 (28 vendémiaire an XI), la faillite des frères Cohen qu'il avait soutenus pour leur faire obtenir l'équipement de la cavalerie provoque le renvoi de Bourienne de son poste de secrétaire.
Né en 1769, Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne est le condisciple de Napoléon à Brienne. Abandonnant toute idée d'une carrière militaire, il voyage en Europe, étudie les langues et travaille pour les ambassades de Vienne, Stuttgart. Puis il devient le secrétaire et le confident de Bonaparte à partir de 1797, le suit en Italie, en Egypte, lui apporte son soutien inconditionnel lors du coup d'Etat du 18-Brumaire
22 octobre 1802 (30 vendémiaire an XI), un arrêté décide l'exécution tous les deux ans, de quatre tableaux d'histoire et de deux statues, » pour le compte et aux frais du gouvernement ».
22 octobre 1802 (30 vendémiaire an XI), les consuls prennent une série d'arrêtés concernant la reconnaissance et la qualification des écoles :
» Les consuls de la République, vu la loi du 11 floréal an X, l'arrêté du 4 messidor, les procès-verbaux de visite et l'état général des écoles du département de l'Escaut, que le préfet a jugées susceptibles d'être déclarées écoles secondaires, sur le rapport du ministre, arrêtent ce qui suit :
Art. 1er L'école du citoyen Henri-Louis, à Gand, (1er arrondissement)
Celle du citoyen Dessauw, à Melle (même arrondissement)
Celle du citoyen Deschamps, à Wichelin (3e arrondissement)
Et celle du citoyen Corael, à Alost (même arrondissement), sont érigées en écoles secondaires.
Leurs élèves seront admis dès la présente année à concourir aux places gratuites des Lycées. «
L'ensemble des départements est ainsi passé en revue.
Paris, le 1er brumaire an XI (23 octobre 1802), la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale lance un concours pour l'amélioration des filets de pêche. Les concourants peuvent envoyer un échantillon de filet, au secrétariat de la société, rue Saint-Dominique, à la mairie du 10e arrondissement.
Paris, le 4 brumaire an XI (26 octobre 1802), on annonce à Paris la publication d'un journal anglais, The Argus, or London review'd in Paris : l'objectif des rédacteurs est de donner des renseignements et des anecdotes sur l'Angleterre. Les propriétaires expliquent leur installation en France par la cherté des taxes qui frappent la presse en Angleterre.
(Publiciste, 5 brumaire an XI)
(Ce journal anglais parut de brumaire an XI à juillet 1810, des numéros sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France)
Le 6 brumaire an XI (28 octobre 1802), le Premier consul et son épouse entament un voyage en Normandie. Un voyage qui pourrait inquiéter l'Angleterre, selon les rapports de police de l'époque, car ce voyage ne se limiterait pas aux visites de manufactures de la Seine Inférieure mais également aux ports de l'ensemble de la région. Cependant, les Anglais surveillés à Paris rapportent l'assurance de leur gouvernement car « quand la France aurait un grand nombre de vaisseaux, il lui manquerait des officiers supérieurs et des matelots pour les monter. »
(A. Aulard : Paris sous le Consulat, Recueil de documents, tome 3, p. 351)
Novembre
Le 10 brumaire an XI (1er novembre 1802), le Théâtre-Français de la République (placé sous la direction du ministre de l'intérieur), le Théâtre de l'Opéra-comique, le Théâtre Louvois et le Théâtre du Vaudeville se regroupent et reconnaissent aux seuls quotidiens Le Moniteur et Le Journal de Paris, le droit de publier les annonces de programme. Blessés par les nombreuses critiques publiées dans les autres journaux, les comédiens et les propriétaires de théâtres ont pris cette décision, ainsi que celle de supprimer l'entrée accordée à titre gracieux aux journalistes.
Le 11 brumaire an XI (2 novembre 1802), le général Leclerc, beau-frère de Napoléon, meurt de la fièvre jaune à Saint-Domingue. Malgré la capture de Toussaint Louverture, l'insurrection de la population locale se poursuit et s'étend.
Toujours occupés à leur lutte contre les journaux parisiens, les théâtres coalisés décident le 20 brumaire an XI (11 novembre 1802), la création d'un journal particulier Journal d'opposition, qui seul aura le privilège des annonces des programmes et sera chargé d'opposer des louanges des auteurs et des comédiens, aux critiques publiées par les autres journaux.
Le 22 brumaire an XI (13 novembre 1802), arrivée concomitante du Premier consul, de retour de son voyage en Normandie, et de Lord Whitworth, ambassadeur d'Angleterre.
Le 24 brumaire an XIX (15 novembre 1802), les professeurs du Collège de France débutent leurs cours ordinaires ; le grand public peut ainsi suivre les enseignements de Jean-Nicolas Corvisart en médecine sur les maladies chroniques, de Georges Cuvier en histoire naturelle, ou encore de Jacques Delille en poésie latine, de Jérôme Lalande en astronomie, de Jean-Jacques-Antoine Caussin en langue arabe, etc.
(Journal des débats, 25 brumaire an XI)
Paris, le matin du 24 brumaire an XI (15 novembre 1802), le tirage au sort pour les conscrits de l'an IX s'est bien déroulé à la mairie du VIIe arrondissement, malgré l'absence d'un certain nombre de conscrits qui provoqua un peu d'agitation parmi les jeunes gens présents.
Le tirage se poursuit dans les mairies des différents arrondissements jusqu'au 7 frimaire / 28 novembre. Lors du tirage au sort à la mairie du IIIe arrondissement, la rumeur du départ des tirés au sort pour Saint-Domingue, a provoqué une vive émotion chez les familles. On rapporte également qu'un boulanger du XIe arrondissement, père de trois enfants, est tombé sans connaissance alors qu'il venait de tirer un billet noir. Tandis que l'agitation rencontrée dans le VIe arrondissement a nécessité le report du tirage au sort au 9 frimaire / 30 novembre.
Le 25 brumaire an XI (16 novembre 1802), à Londres, la conspiration du colonel Despard est déjouée. Le 23 novembre, jour de rentrée du parlement anglais, les conspirateurs devaient prendre la Tour de Londres, s'emparer des munitions, dévaliser la Banque d'Angleterre, et tuer le roi George III.
28 brumaire an XI (19 novembre 1802), Vivant Denon est placé à la tête de la toute nouvelle Direction générale de musée central des Arts. Agent d'exécution des commandes officielles du gouvernement, il est placé sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, une tutelle relativement lâche dans les faits.
Le 29 brumaire an XI (20 novembre 1802), le Journal des bâtiments civils fait part de cette initiative de la mairie du Xe arrdt de Paris :
» Plusieurs manufacturiers ou chefs d'ateliers se plaignent du manque d'ouvriers. Plusieurs ouvriers se plaignent de manquer d'ouvrage. Ce double mal vient de ce qu'il n'existe pas un centre commun où ils puisent reconnaître leurs besoins réciproques. La mairie sera, à l'avenir, ce centre pour tous les citoyens de l'arrondissement. Il y sera ouvert deux registres. Dans l'un on inscrira le nom, la demeure, la profession de tous les manufacturiers qui viendront exprimer le désir d'avoir des ouvriers. Dans le second, le nom, la demeure, la profession de tous les ouvriers qui demanderont de l'ouvrage. La marie n'interviendra pas dans les conventions, qui se feront de gré à gré et selon l'usage ordinaire. »
Le 1er frimaire an XI (22 novembre 1802) : création du titre de dames d'honneur auprès de Joséphine, qui donne ainsi un certain poids à la maison de la future impératrice. S'il n'existe officiellement ni maison civile ni maison militaire, la Cour des Tuileries bénéficie d'un budget qui lui est propre et a vu son premier règlement d'étiquette en mars 1802.
Les données démographiques des douze arrdt de Paris sont communiquées pour l'an IX et l'an X : Naissances : 19 703 en l'an IX, et 21 300 en l'an X ; Décès : 20 255 en l'an IX et 19 385 en l'an X ; Mariages : 3 842 en l'an IX et 2 604 en l'an X ; Divorces : 808 en l'an IX et 910 en l'an X.
Le Journal des débats, 2 frimaire an XI (23 novembre 1802)
Le 5 frimaire an XI (26 novembre 1802), les quatre grands théâtres parisiens Odéon, Théâtre-Français, Opéra et Opéra-Comique, sont placés sous la surveillance du préfet du palais des Tuileries.
Le 7 frimaire an XI (28 novembre 1802), le tout Paris fait un triomphe à une jeune comédienne Mlle George (1787-1867) lors de sa première apparition au Théâtre-Français dans Iphigénie en Aulide de Racine. Elle deviendra quelques mois plus tard la maîtresse de Napoléon, qui assista à cette première.
Le docteur Desgenettes, médecin en chef de l'hôpital militaire de Paris, introduit dans cet établissement l'inoculation de la vaccine. On rapporte même qu'il aurait vacciné son fils âgé de six semaines.
(Le Moniteur, 8 frimaire an XI)
Le 8 frimaire an XI (29 novembre 1802) est célébré en l'église Sainte-Eustache à Paris le mariage de M. Lebrun, fils du troisième consul, et de Mlle Barbé-Marbois, fille du ministre du Trésor public.
Décembre
C'est en raison d'une émeute qui a duré toute la nuit, que l'on procède seulement le 10 frimaire an XI (1er décembre 1802), au tirage au sort des conscrits dans le VIe arrondissement de Paris, soit trois jours après la clôture des tirages au sort dans la capitale. Le 9 frimaire, l'action de perturbateurs ainsi que l'absence du maire lors du tirage au sort avaient provoqué une agitation telle qu'elle a nécessité l'intervention des dragons du 9e . La préfecture de Police dénombre un mort parmi les conscrit, tandis que les gens du quartier parle de vingt morts et de plus de cinquante blessés.
Le 14 frimaire an XI (5 décembre 1802) Bonaparte s'entretient avec le nouvel ambassadeur britannique Hawkesbury, sur le sujet très sensible de l'évacuation de l'île de Malte par les Anglais.
Sur ce sujet, le Premier consul n'avait qu'un seul mot : « Tout le traité d'Amiens et rien que le traité d'Amiens ! » Ce même 14 frimaire an XI, une députation des Cantons suisses arrive à Paris afin de recevoir la médiation du Premier consul.
Le 15 frimaire an XI (6 décembre 1802) le Premier consul demande à son ministre des relations extérieurs de favoriser le retour des ouvriers français partis travailler à l'étranger : « Je désire, citoyen ministre, que vous écriviez à tous les agents du Gouvernement au dehors, pour leur faire connaître qu'ils doivent inspirer, encourager, favoriser l'esprit de retour dans les ouvriers français qui se sont retirés en pays étranger pendant l'inactivité de nos manufactures de France. Les ouvriers de la fabrique de Lyon doivent être plus spécialement, à cet égard, l'objet de leurs soins. »
Le 15 frimaire an XI (6 décembre 1802) sont exposés, dans les galeries d'Apollon au Louvre, les esquisses et projets destinés à célébrer la Paix d'Amiens et la Loi sur les Cultes.
Le 17 frimaire an XI (8 décembre 1802) l'archevêque de Paris bénit les quatre cloches à l'église Saint-Gervais, cérémonie qui avait été abolie sous la Révolution.
Une nouvelle mode s'installe à Paris, dans le quartier de la Chaussée d'Antin, rapporte le Journal des débats du 22 frimaire an XI (13 décembre 1802) : de nombreux propriétaires font construire devant leurs maisons et hôtels particuliers, des trottoirs à la Dillon, du nom de son inventeur, Arthur Dillon. Ces trottoirs ont un pavage réalisé à l'aide de petits carreaux plats de grès, et un léger abaissement de la partie face aux portes cochères, un abaissement, de plus, sans partie saillante afin de ne pas abîmer les roues des véhicules. Leur hauteur maximale est de 3 à 4 pouces (soit 8 à 10 cm).
Mais pour le Journal des bâtiments civils du 12 nivôse an XI (2 janvier 1803), l'invention reviendrait à un Français, l'entrepreneur de maçonnerie Larue (le bien-nommé !), qui fit exécuter le premier trottoir de ce type en face de sa maison, rue des Trois-Frères, en 1793.
Le 28 frimaire an XI (19 décembre 1802), le Premier consul fait déposer son portrait par David à l'hôtel des Invalides, dans la grande bibliothèque.
Le 30 frimaire an XI (21 décembre 1802), la police générale démonte un réseau de faux-monnayeurs de billets de la Banque du Commerce, conduit par Boissy, Suisse, graveur à Lyon ; Thierry, de Chambéry, courrier, demeurant à Lyon ; Itier, horloger à Paris. Conformément à la loi, ils vont être condamnés à six ans de fers.
Le 3 nivôse an XI (24 décembre 1802), les Chambres de commerce sont créées dans 22 villes, mais Paris ne sera dotée d'une chambre de commerce qu'en février 1803. Ces chambres, au nombre variable de membres suivant la taille de la ville, ont un avis consultatif sur la situation économique, industrielle leurs régions respectives. Foyer potentiel d'opposition, une circulaire du 31 mars 1806 interdira de rendre publics les débats.
Le 3 nivôse an XI (24 décembre 1802), Antoine-Jean-Mathieu Séguier (1768-1848), issu d'une grande famille de parlementaires, émigré de retour juste après Brumaire et proche de Cambacérès, est placé à la tête du Tribunal d'appel de Paris.
Le 5 nivôse an XI (26 décembre 1802), un décret assure un traitement de 500 Francs à chacun des 24 000 prêtres que compte la France.
Le 5 nivôse an XI (26 décembre 1802), les modifications opérées en Italie conformément au traité de Lunéville sont reconnues par l'Autriche.
Dans les tous derniers jours de décembre, la rumeur (l'espoir ?) court que le calendrier républicain va être aboli et que l'on va « reprendre les anciennes dénominations des mois dès le 1er janvier » (sic!)
Rapport de la préfecture de police du 9 nivôse an XI
[Créé le 6 octobre 1793, le calendrier républicain va finalement rythmer la vie des Français jusqu'au 1er janvier 1806, aboli par Napoléon l'année précédente. Retrouvez sur napoleon.org notre convertisseur, un outil essentiel !]
Le 5 nivôse an XI (26 décembre 1802), débutent les cours de langues orientales près de la Bibliothèque nationale : on peut apprendre le persan, l'arabe, le turc et le grec moderne.
(Journal des débats, 3 nivôse an XI)
Le 6 nivôse an XI (27 décembre 1802), Régnier est installé officiellement comme Grand-Juge au cours d'une cérémonie marquée par une messe célébrée par l'archevêque de Paris dans la grande salle du Palais de Justice. Une chapelle avait été spécialement « dressée » à l'intérieur.
Si Noël n'est pas fêté comme nous le faisons aujourd'hui, les étrennes et les voeux de bonne année ont une importance toute particulière. D'après la préfecture de police, comme chaque année, les retardataires ont pris d'assaut les confiseurs de la rue des Lombards à Paris et les boutiques des Galeries du Palais du Tribunat, ce 10 nivôse an XI (30 décembre 1802) : un confiseur aurait ainsi servi au moins 157 personnes dans la journée !
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