1796
9 mars 1796 (19 ventôse an IV), Napoléon Bonaparte épouse, civilement, Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, veuve du vicomte Alexandre de Beauharnais, à la mairie du 2e arrondissement de Paris.
1804
Avril 1804 (germinal, an XII), le comte Roederer, conseiller d’État qui participa activement au coup d’État de Brumaire, nota dans ses mémoires un échange entre Joséphine Bonaparte, et Joseph, le frère aîné de Napoléon Ier : « Elle a voulu prouver que l’hérédité était contraire à leur intérêt : « s’il établit l’hérédité, a-t-elle dit, il fera divorce avec moi pour avoir des enfants ; ces enfants vous écartent du pouvoir. » [Roederer, Mémoires sur la Révolution, le Consulat et l’Empire, prés. par O. Aubry, 1942, p. 201]
18 mai 1804 (28 floréal an XII), le sénatus-consulte organique organisa le passage de la République française à l’Empire français. Il comprenait des articles concernant la succession de l’Empereur :
Titre II : de l’Hérédité
3. La dignité impériale est héréditaire dans la descendance directe, naturelle et légitime de Napoléon Bonaparte, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, et à l’exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance.
4. Napoléon Bonaparte peut adopter les enfants ou petits-enfants de ses frères, pourvu qu’ils aient atteint l’âge de dix-huit ans accomplis, et que lui-même n’ait point d’enfants mâles au moment d’adoption. Ses fils adoptifs entrent dans la ligne de sa descendance.
1er décembre 1804 (10 frimaire an XIII) : Napoléon Ier et l’impératrice Joséphine sont mariés religieusement par le cardinal Fesch.
1806
Le 16 février 1806, Eugène de Beauharnais, le fils issu du premier mariage de l’impératrice Joséphine avec Alexandre de Beauharnais, était formellement adopté par Napoléon Ier.
Le 31 mars 1806, Cambacérès annonça une série de décrets destinés à renforcer le régime impérial, avec notamment l’organisation de la maison impériale : l’un de ces articles, le 7e, interdit le divorce aux membres de la famille impériale.
Le 13 décembre 1806, la naissance de Charles Léon, le fils de Napoléon Ier et de sa maîtresse Eléonore Denuelle de la Plaigne, révélait à l’empereur sa capacité à engendrer. Apparemment, la ressemblance physique entre le père et le fils était frappante.
1807
1er septembre 1807 : l’impératrice Joséphine écrivit à son fils Eugène que Murat intriguait afin que Napoléon Ier puisse obtenir le divorce. [Jean Hanoteau, Les Beauharnais et l’Empereur : Lettres de l’Impératrice Joséphine et de la Reine Hortense au Prince Eugène, 1936, p. 47-49].
Le 19 novembre 1807, Fouché rapporta dans son bulletin de police destiné à Napoléon Ier : « A la cour, chez les Princes, dans tous les cercles, on parle de la dissolution du mariage de l’Impératrice. A la cour, il y a division dans les opinions à ce sujet. Les personnes qui sont dans la confiance de l’Impératrice paraissent persuadées que jamais l’Empereur ne se résoudra à cette dissolution ; elles disent que l’Impératrice est adorée en France ; que sa popularité est utile à l’Empereur et à l’Empire ; que le bonheur de l’un et de l’autre est attaché à la durée de cette union ; que l’Impératrice est le talisman de l’Empereur ; que leur séparation sera le terme de sa fortune et d’autres faibles de cette espèce qui ressemblent aux contes des diseurs de bonne aventure ; elles entretiennent l’Impératrice dans ses idées, la détournent de toute résolution contraire, l’engagent à paraître en public pour démentir, par sa présence, tous les bruits qui circulent. L’autre parti de la cour, qui regarde la dissolution comme une chose que l’établissement de la dynastie doit nécessairement amener, cherche à préparer l’Impératrice à cet événement, lui donne les conseils qu’il juge convenables à cette situation. Dans la famille impériale, il n’y a qu’une opinion : elle est unanime pour le divorce. Dans les cercles de Paris, il n’y a pas deux opinions parmi les gens attachés à la dynastie : ils paraissent bien convaincus qu’il n’y a que des enfants de l’Empereur qui puissent en assurer la durée. Les égoïstes et étourdis se montrent seuls indifférents. Les mécontents jettent des cris hypocrites sur le sort de l’Impératrice qu’ils plaignent beaucoup et pour laquelle ils viennent d’éprouver subitement des sentiments contraires à tous ceux qu’ils avaient manifestés jusqu’ici. » [Bulletin n° 1174, La Police secrète du Premier Empire, vol. III – 1806-1807, p. 436-437]
Le 30 novembre 1807, Metternich rapporta à la cour autrichienne les rumeurs parisiennes sur un possible divorce de Napoléon Ier : « Après avoir circulé sourdement, ils forment, depuis près de deux mois, le sujet de discussions publiques et générales. Il en est de ces bruits comme de tous ceux qui ne sont pas détruits dans leur germe : ils portent sur un fond de vérité, et seraient étouffés très-vite, s’ils n’étaient directement tolérés.
[…]
L’Empereur, depuis son retour de l’armée, avait eu vis-à-vis de son épouse un maintien très froid et souvent embarrassé. Il n’habitait plus la même pièce qu’elle, et beaucoup de ses allures journalières avaient pris un pli différent de celui qu’elles avaient toujours eu. Les bruits de la répudiation de l’Impératrice commencèrent à cette époque à prendre un caractère plus sérieux ; parvenus à la connaissance de cette princesse, elle se borna à attendre qu’ils lui fussent confirmés d’une manière directe, sans faire paraître à l’Empereur la moindre inquiétude.
Le ministre de la police se rendit un jour chez elle à Fontainebleau, et, après un court préambule, il lui dit que le bien public, que la consolidation surtout de la dynastie actuelle exigeant que l’Empereur eût des enfants, elle devrait bien adresser des vœux au Sénat afin qu’il se réunit à elle pour appuyer près de son époux la demande du plus pénible sacrifice pour son cœur. L’Impératrice, préparée à la question, demanda avec le plus grand sang-froid à Fouché si la démarche qu’il venait de faire lui avait été ordonnée par l’Empereur. « Non, lui répondit-il, je parle à Votre Majesté comme ministre chargé de la surveillance générale, comme particulier, comme sujet attaché à la gloire de sa patrie. »
« -Je ne vous dois donc nul compte, interrompit l’Impératrice ; je regarde mon lien avec l’Empereur comme écrit dans le livre des plus hautes destinées. Je ne m’expliquerai jamais que vis-à-vis de lui-même, et ne ferai jamais que ce qu’il ordonnera. » [Lettre de Metternich à Stadion, ministre des Affaires étrangères autrichien, in Mémoires, documents et écrits divers laissés par le Prince de Metternich, 1881-1884, vol. II, p. 140-141]
Metternich se mit à réfléchir sur l’identité de l’hypothétique future impératrice, et sur de possibles discussions entre Alexandre Ier et Napoléon Ier à Tilsit, et la possibilité pour l’Empereur des Français de devenir un membre de la famille impériale russe. En 1807, une liste de princesses susceptibles d’épouser Napoléon Ier avait été dressée (« Liste des princesses des grandes maisons de l’Europe 1807 »), parmi lesquelles figuraient Marie-Louise, âgée alors de 16 ans, fille de l’Empereur d’Autriche, Catherine-Pavlovna et Anne-Pavlovna, les deux sœurs de l’Empereur de Russie, et Marie-Isabelle, Infante d’Espagne. Une note expliquait que « La liste des autres maisons souveraines marche à peine avec les grands seigneurs de France. » [Welschinger, Le Divorce de Napoléon, 1889, p. 270-271] Pour Welschinger, l’établissement de cette liste montre que la décision du divorce était déjà prise.
Ce même 30 novembre 1807, l’empereur Napoléon Ier reprocha à Fouché sa visite à l’impératrice et la propagation de rumeurs : « Je vous ai déjà fait connaître mon opinion sur la folie des démarches que vous avez faites à Fontainebleau relativement à mes affaires intérieures. Après avoir lu votre bulletin du 19, et bien instruit des propos que vous tenez à Paris, je ne puis que vous réitérer que votre devoir est de suivre mon opinion et non de marcher selon votre caprice. En vous conduisant différemment, vous égarez l’opinion et vous sortez du chemin dans lequel tout honnête homme doit se tenir. » (Lettre n° 16 848, Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Fayard/Fondation Napoléon, 2010, tome VII, p. 1337)
Plus tard, le 6 décembre 1807, Napoléon Ier écrivit à Maret : « Je vois avec peine par vos bulletins que l’on continue toujours à parler de choses qui doivent affliger l’Impératrice et qui sont inconvenantes sous tous les points de vue. J’ai écrit fortement là-dessus au ministre de la police. »
Par ailleurs, Napoléon Ier assurait à son épouse Joséphine qu’il n’avait joué aucun rôle dans le développement de ces rumeurs, même si Fouché renouvela sa tentative dans une lettre adressée à l’Impératrice, initiative que Napoléon Ier lui reprocha de nouveau.
Le 6 décembre 1807, Metternich écrivit à Stadion : « L’affaire du mariage semble malheureusement tous les jours prendre plus de consistance. Le bruit en est si général, l’Impératrice elle-même s’explique si hautement sur son divorce, qu’il serait difficile de ne pas croire à ce dernier, et également difficile de supposer que la Cour tolérât des bruits d’alliance, si elle n’avait pas plus que de l’espoir de réussir dans le choix de la princesse. On désigne M. le grand-duc de Berg pour aller faire la demande formelle. Cette affaire doit, d’une manière ou d’autre, avoir d’immenses suites. S’il est prouvé que les alliances entre familles souveraines n’ont guère influé à la longue sur leurs relations politiques, il n’est pas moins vrai que celle-ci influera momentanément sur la marche du Cabinet russe d’une manière plus directe que toute autre proposition. Si Alexandre refuse sa sœur, nous verrons sur-le-champ naître des complications dont l’étendue est impossible à déterminer. On ne peut trop se dire que toute brouille entre la France et la Russie ne peut plus se borner à une simple interruption de relations ; les deux puissances sont devenues limitrophes depuis qu’un des grands intermédiaires a disparu et que nous voyons un État s’organiser sous l’influence directe, sous la garde même de la France, et qui compromet autant notre sûreté que celle de la Russie. » [Lettre de Metternich à Stadion, in Mémoires, documents et écrits divers laissés par le Prince de Metternich, 1881-1884, vol. II, p. 143]
1808
Le 10 février 1808, l’impératrice Joséphine écrivit à son fils Eugène que les intrigues se poursuivaient et que la rumeur de son prochain divorce circulait toujours.
Fin mars 1808, Hortense de Beauharnais, fille de l’impératrice Joséphine et épouse du roi de Hollande Louis Bonaparte, relatait dans ses mémoires, certes fortement romancés, peu de temps avant que Napoléon Ier ne quittât Paris pour Bayonne le 2 avril 1808 : « On ne parlait plus de divorce, mais tout me prouvait que l’Empereur était combattu entre le désir d’avoir un héritier et la peine de se séparer d’une femme si chère à son cœur et toujours si dévouée à sa personne. Peu de jours avant son voyage de Bayonne, j’entrai dans son salon pour lui dire adieu. Ma mère venait de sortir. L’Empereur était assis et paraissait préoccupé. En me voyant entrer, il ne se dérangea pas et il m’examina sans me dire un mot. Tout à coup il s’écria : ‘Cela me fait mal de vous voir ainsi. Que j’aimerais votre mère si elle était dans votre état!’ […] Cette préoccupation, l’exclamation à laquelle il s’était laissé aller me prouvèrent qu’il était sans cesse tourmenté par l’idée de cette séparation. »
Le 27 avril 1808, l’impératrice Joséphine rejoignit Napoléon Ier à Bayonne, d’où elle écrivit, le 31 mai, à son fils Eugène l’amélioration de ses relations avec son mari. [Jean Hanoteau, Les Beauharnais et l’Empereur : Lettres de l’Impératrice Joséphine et de la Reine Hortense au Prince Eugène, 1936, p. 53-54]
Le 17 juin 1808, dans une lettre à Cambacérès, Napoléon Ier critiqua de nouveau la conduite de Fouché : « Mon Cousin, on m’assure qu’on tient chez Fouché les propos les plus extravagants. Depuis les bruits sur le divorce, on dit qu’on en parle toujours dans son salon, quoique je lui aie fait connaître dix fois mon opinion là-dessus. » [Lettre n° 18 340, Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Fayard/Fondation Napoléon, 2011, tome VIII, p. 771]
Octobre 1808, à Erfurt, Napoléon Ier évoqua son divorce avec Talleyrand. : « Ma destinée l’exige et la tranquillité de la France me le demande. Je n’ai point de successeur. Joseph n’est rien, et il n’a que des filles. C’est moi qui dois fonder une dynastie ; je ne puis la fonder qu’en m’alliant à une princesse qui appartienne à une des grandes maisons régnantes de l’Europe. L’empereur Alexandre a des sœurs ; il y en a une dont l’âge me convient. Parlez de cela à Romanzoff ; dites-lui qu’après mon affaire d’Espagne finie, j’entrerai dans toutes ses vues pour le partage de la Turquie, et les autres arguments ne vous manqueront pas ; car je sais que vous êtes partisan du divorce ; l’impératrice Joséphine le croit aussi, je vous en avertis. » [Mémoires du Prince de Talleyrand, éd. Emmanuel de Waresquiel, 2007, p. 330-331]
Napoléon Ier discuta du même sujet auprès de Caulaincourt, qui raconta leurs échanges dans ses mémoires : « C’est pour voir si Alexandre est réellement de mes amis, s’il prend un véritable intérêt au bonheur de la France, car j’aime Joséphine. Jamais je ne serai plus heureux. Mais on connaîtra, par là, l’opinion des souverains sur cet acte qui serait pour moi un sacrifice. Ma famille, Talleyrand, Fouché, tous les hommes d’État me le demandent au nom de la France. Au fait, un garçon vous offrirait bien plus de stabilité que mes frères, qu’on n’aime pas et qui sont peu capables. Vous voudriez peut-être Eugène? C’est le vœu de quelques personnes, parce qu’il est un homme fait, qu’il a épousé une princesse de Bavière et qu’il a des enfants, mais cela n’est pas dans votre intérêt. Les adoptions ne fondent pas bien les dynasties nouvelles. J’ai d’autres projets pour lui. »
Caulaincourt poursuit : « L’Empereur me fit quelques questions sur les grandes duchesses, me demanda ce que je pensais de ces princesses.
– Une seule, répondis-je, est en âge d’être mariée, mais il faut se rappeler ce qui s’est passé pour le mariage avec la Suède : on ne consentira pas à un changement de religion. »
En effet, le mariage entre Marie, la sœur d’Alexandre, et Gustave IV Adolphe, roi de Suède, ne put se faire en raison des différentes religieuses, Marie faisant partie de l’Eglise orthodoxe russe.
Caulaincourt ajouta : « L’Empereur reprit qu’il ne pensait pas aux grandes-duchesses, qu’il n’avait pas encore pris son parti, qu’il voulait seulement savoir si l’on approuverait son divorce, si un tel acte ne blesserait pas les idées des Russes, enfin ce qu’en pensait l’empereur Alexandre. Il me parut qu’il espérait que cette idée pourrait sourire au cabinet de Pétersbourg, qu’elle serait peut-être un leurre agréable à la Russie et que les dispositions qu’il trouverait régleraient sa conduite. » [Mémoires du Général de Caulaincourt, duc de Vicence, Grand Ecuyer, 1963, p. 274-275]
Le 8 octobre 1808, Napoléon Ier et Alexandre Ier discutèrent pour la première fois de la question du divorce du couple impérial français et d’un mariage avec une des soeurs de l’empereur russe.
1809
Août 1809 : Marie Walewska, la maîtresse polonaise de Napoléon Ier, est enceinte. Hortense nota que cette annonce confortait Napoléon Ier dans son idée qu’un remariage lui apporterait un héritier et successeur au trône.
Le 3 août 1809, Catherine Pavlovna, l’une des sœurs d’Alexandre figurant parmi les candidates au mariage français, épousa le duc Frederik-George de Holstein-Oldenbourg.
Le 22 novembre 1809, Napoléon Ier dicta à Champagny une lettre pour Caulaincourt, qu’il chargeait d’évoquer avec Alexandre Ier un mariage entre Napoléon Ier et l’archiduchesse Anne, alors âgée de 14 ans.
Le 30 novembre 1809, après un dîner tendu au cours duquel Napoléon Ier lui annonça son intention de divorcer, l’impératrice Joséphine souffrit d’une crise nerveuse et s’évanouit, avant d’être ramenée dans ses appartements par Napoléon et le chambellan de service, M. de Bausset. Le lendemain, l’Empereur déclara à Hortense : « Mon parti est pris. Il est irrévocable. La France entière veut le divorce ; elle le demande hautement. Je ne puis résister à ses vœux. Aussi, rien ne me fera revenir, ni larmes, ni prières. » Hortense répondit qu’elle et son frère resteraient auprès de leur mère. « Quoi ! réplique Napoléon, vous me quitterez tous, vous m’abandonnerez ! Vous ne m’aimerez donc plus ? Si ce n’était que mon bonheur, je vous le sacrifierais, mais c’est celui de la France. Plaignez-moi plutôt d’être forcé de le faire en renonçant à mes plus chères affections. » Napoléon s’expliqua alors : « Ces hommes que j’ai fait grands réclament la stabilité de nos institutions et ce peuple, auquel je me dois, il sent bien qu’en moi seul réside toute sa puissance et son bonheur. Après moi l’anarchie reparaîtrait et le prix de tant d’efforts serait perdu pour la France. Au lieu de cela, en laissant un fils élevé dans mes sentiments, un fils que la France se sera habituée à regarder comme mon successeur, elle jouira du bien que je lui ai fait et elle profitera au moins du fruit de mes travaux. Le mal aura été pour moi ; d’autres jouiront du bien. » [Mémoires de la Reine Hortense, éd. J. Hanoteau, 1927, vol. II, p. 44-45]
Le 8 décembre 1809, Eugène de Beauharnais arriva au Palais des Tuileries, et Napoléon Ier l’informa de sa décision de divorcer de sa mère.
Le 13 décembre 1809, Napoléon Ier fit savoir au gouvernement russe que la réponse à la proposition de mariage devrait être apportée avant la fin du mois de janvier 1810. La pierre d’achoppement majeure provenait du fait que la mère d’Alexandre Ier, Maria Feodorovna, farouchement opposée à Napoléon Ier, détenait la décision finale concernant le mariage de ses filles. Dans sa biographie de Maret, le baron Ernouf relate que « l’éloignement [de la mère d’Alexandre] pour Napoléon et pour la France était tellement connu, que le cabinet savait bien sa résistance invincible » [Baron Ernouf, Maret, duc de Bassano, Nouveau Monde Éditions, 2008, p. 246]. Dans son ouvrage sur l’alliance russe sous le Premier Empire, Albert Vandal, explique cependant que les choses n’étaient pas aussi simples que cela. Ainsi, il estime que si Caulaincourt ne doutait pas des bonnes intentions d’Alexandre pour une union rapprochant la France et la Russie, en fait le Tsar utilisait l’opposition connue de sa mer et de la Cour contre Napoléon, pour refuser le mariage sans avoir à révéler sa propre opposition à un tel projet. La question pour Napoléon n’était plus de savoir s’il devait abandonner ce projet d’union franco-russe, mais plutôt quand, pour se tourner vers l’Autriche. Maret nota que Napoléon « était trop fier et trop fin pour laisser aller la scène jusqu’à la fin ». [Baron Ernouf, Maret, 2008, p. 247] Cependant, dans le même temps, il ne pouvait couper court sans risquer de troubler les relations franco-russes. Aussi, les discussions pour une union matrimoniale franco-russes restèrent ouvertes, alors que l’alternative autrichienne était étudiée, avec prudence et non ouvertement. [Albert Vandal, Napoléon et Alexandre Ier, Editions Plon, 1894-1897, 3 vol., vol 2, p. 234-237] La décision intervint finalement le 21 janvier 1810.
Le 15 décembre 1809, à 21 heures, lors d’une Assemblée de famille, réunissant Napoléon, Joséphine, Louis Bonaparte et son épouse Hortense de Beauharnais, Jérôme Bonaparte, Pauline Bonaparte, Caroline Bonaparte, Eugène de Beauharnais, Murat, Julie Clary (épouse de Joseph Bonaparte), Cambacérès, Regnault Saint-Jean d’Angély, la dissolution du mariage civil fut officiellement annoncé.
À 21h15, Napoléon et Joséphine annoncèrent leur décision aux dignitaires réunis dans la Salle du Trône.
Napoléon déclara :
« Dieu sait combien une pareille résolution a coûté à mon cœur ! Mais il n’est aucun sacrifice qui soit au-dessus de mon courage lorsqu’il m’est démontré qu’il est utile au bien de la France. J’ai besoin d’ajouter que, loin d’avoir jamais eu à me plaindre, je n’ai au contraire qu’à me louer de l’attachement et de la tendresse de ma bien-aimée épouse : elle a embelli quinze ans de ma vie ; le souvenir en restera toujours gravé dans mon cœur. Elle a été couronnée de ma main ; je veux qu’elle conserve les rangs et le titre d’Impératrice couronnée, mais surtout qu’elle ne doute jamais de mes sentiments et qu’elle me tienne toujours pour son meilleur et son plus cher ami. »
Puis Joséphine prit la parole :
« Avec la permission de notre auguste et cher époux, je dois déclarer que ne conservant aucun espoir d’avoir des enfants qui puissent satisfaire les besoins de sa politique et l’intérêt de la France, je me plais à lui donner la plus grande preuve d’attachement et de dévouement qui ait jamais été donnée sur la terre. Je tiens tout de ses bontés ; c’est sa main qui m’a couronnée, et du haut de ce trône, je n’ai reçu que des témoignages d’affection et d’amour du peuple français.
Je crois reconnaître tous ces sentiments en consentant à la dissolution d’un mariage qui désormais est un obstacle au bien de la France, qui la prive du bonheur d’être un jour gouvernée par les descendants d’un grand homme si évidemment suscité par la Providence pour effacer les maux d’une terrible révolution et rétablir l’autel, le trône, et l’ordre social. Mais la dissolution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon cœur : l’empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. Je sais combien cet acte commandé par la politique et par de si grands intérêts a froissé son cœur ; mais l’un et l’autre nous sommes glorieux du sacrifice que nous faisons au bien de la patrie.
À 22 heures, un Conseil privé fut réuni afin de rédiger le sénatus-consulte.
Le 16 décembre 1809, à 11 heures du matin, le sénatus-consulte était adopté par le Sénat, par 76 voix contre 7, et 4 abstentions. Le premier article annonçait : « Le mariage contracté entre l’empereur Napoléon et l’impératrice Joséphine est dissous. » (lire le texte en entier)
Il est important de noter que le mariage fut bien déclaré « dissous » : le mot de divorce ne fut jamais employé. Un tel acte contreviendrait à la fois au Code civil et aux statuts de 1806. Ainsi, l’article 7 des statuts de 1806 interdisait le divorce pour les princes et princesses de la famille impériale (décret du 31 mars 1806). Par ailleurs l’article 277 du code civil stipulait également qu’un divorce par consentement mutuel ne pouvait pas être prononcé si l’épouse était âgée de 45 ans au moins. Or l’impératrice Joséphine avait 46 ans. Il était indispensable, pour Napoléon Ier d’éviter un « divorce », ce qui aurait entraîné une demande d’annulation auprès du Pape qui aurait certainement refusé.
Ce même jour, l’impératrice Joséphine quitta le Palais des Tuileries en compagnie de sa fille Hortense, pour rejoindre le domaine de Malmaison.
À la mi-décembre 1809, Cambacérès écrivait dans ses mémoires que c’est à peu près à ce moment-là qu’il aborda le problème du mariage religieux de Napoléon et Joséphine et demanda quelques « précisions ». Il nota le récit du déroulement de la cérémonie, fait par Napoléon :
« Le Pape m’ayant fait prévenir qu’il ne pourrait couronner l’Impératrice si je ne renouvelais mon mariage en présence d’un prêtre, je fis appeler le cardinal Fesch, qui nous donna la bénédiction nuptiale dans la chapelle intérieure. Je lui déclarai, ainsi qu’à l’Impératrice, qu’il s’agissait d’une pure cérémonie, déterminée par les scrupules du Pape ; qu’au fond, je n’entendais rien changer à notre situation réciproque, et qu’en conséquence, tout se passerait sans témoins, sans qu’il en fut retenu acte ; et que le cardinal dirait simplement au St Père qu’il nous avait mariés. »
« 1° Les lois de l’Église et celles de l’État prescrivent sous peine de nullité, que la célébration du mariage ait lieu devant le propre curé des parties, et devant quatre témoins. La bénédiction nuptiale ayant été départie devant le cardinal Fesch, seul, sans assistance d’aucun témoin, il est nécessaire de faire précéder d’une enquête, dans laquelle on entendra le cardinal, le général Duroc, grand maréchal du palais, qui a été chargé de prévenir le cardinal, le prince de Neufchatel et le prince de Bénévent, qui tous deux s’étaient trouvés dans le salons, au moment où LL.MM. sortirent de la chapelle, et à qui l’Empereur dit quelques mots de ce qui venait de passer.
2° Tout en reconnaissant que la question relative au défaut de consentement est environnée d’obscurité, il est impossible de rencontrer dans la conduite de l’Empereur, ce consentement formel et volontaire, qui est la source de tous les engagements.
3° Dans l’ancienne jurisprudence, il arrivait que lorsqu’un mariage était annulé pour omission des formes légales, des raisons graves d’équité et d’ordre public déterminaient les juges à ordonner que le mariage serait réhabilité. Dans l’espèce, cette forme ne saurait être pratiquée ; il ne peut y avoir lieu à l’application des principes sur la réhabilitation. Celle-ci était partiellement fondée sur l’existence préalable d’un contrat civil. Or, le contrat civil de Napoléon et de Joséphine ayant été solennellement dissous par le sénatus-consulte du 16 décembre dernier, et cette dissolution ayant été dictée par des motifs de la plus haute importance, il devient impossible de fonder la réhabilitation du lien religieux sur l’existence préalable d’un contrat civil qui n’existe plus. »
[Mémoires inédits : éclaircissements publiés par Cambaceres sur les principaux événements de sa vie politique, présent. et notes L. Chatel de Brancion, Editions Perrin, 1999, 2 vol., vol. 2, p. 314-317]
Le 22 décembre 1809, Cambacérès convoqua les membres de l’Officialité de Paris, deux officiaux et deux promoteurs, à une réunion relative au divorce, dont l’objectif avoué est d’obtenir un agrément officiel pour l’annulation religieuse. Il leur annonça également qu’« Il [Napoléon] [était] dans l’intention de se marier et [voulait] épouser une catholique », leur indiquant par-là même que le mariage avec une princesse russe orthodoxe n’était plus à l’ordre du jour. [« Narré de la procédure à l’occasion de la demande en nullité du mariage de Napoléon et de Joséphine par l’Abbé Rudemare », cité in Welschinger, Le Divorce de Napoléon, 1889, p. 84-85]. Cambacérès voulait faire soumettre l’étude de la question de l’annulation et la décision à l’Officialité diocésaine de Paris, ce que refusèrent les officiaux et promoteurs arguant que la tradition voulait que seul le Pape puisse dissoudre les unions de souverains.
Le 25 décembre 1809, Metternich écrivit à Schwarzenberg, l’ambassadeur autrichien à Paris : « Si le divorce de Napoléon a lieu, il serait possible que l’on vous sondât sur une alliance avec la Maison d’Autriche. Je connais un parti qui à Paris s’emploiera très-directement en faveur de cette idée : c’est celui qui depuis longtemps vise à mettre des bornes aux bouleversements de l’Europe. » [Lettre in Mémoires, documents et écrits divers laissés par le Prince de Metternich, 1881-1884, vol. II, p. 312] Comme Metternich était sans aucun doute informé du divorce civil du couple impérial, il faisait référence alors à l’annulation du mariage religieux, qui devait encore être négocié.
Le 26 décembre 1809, l’Officialité demanda à ce que sa compétence sur la question du divorce du couple impérial soit étudiée par une commission ecclésiastique réunie chez le cardinal Fesch. L’Officialité fut reconnue compétente.
1810
Le 3 janvier 1810, l’épouse de Metternich lui écrivait : « … [L]’Impératrice entra, et après m’avoir parlé de tous les événements qui viennent d’arriver, et de tout ce qu’elle a souffert, elle me dit : ‘J’ai un projet qui m’occupe exclusivement, et dont la réussite seule me fait espérer que le sacrifice que je viens de faire ne sera pas en pure perte ; c’est que l’Empereur épouse votre archiduchesse ; je lui en ai parlé hier, et il m’a dit que son choix n’est point encore fixé , mais a-t-elle ajouté, je crois qu’il le serait, s’il était sûr d’être accepté chez vous.’ Je lui dis tout ce que je pus pour lui prouver que, pour moi individuellement, je regarderais ce mariage comme un grand bonheur ; mais je ne pus m’empêcher d’ajouter que, pour une archiduchesse d’Autriche, il pouvait être pénible de venir s’établir en France. » L’impératrice ajoute, d’après Mme de Metternich : « Il faut faire envisager à votre Empereur que sa ruine et celle de son pays est certaine s’il n’y consent pas, et c’est peut-être aussi le seul moyen d’empêcher l’Empereur de faire un schisme avec le Saint-Siège. » [Cité in Mémoires, documents et écrits divers laissés par le Prince de Metternich, 1881-1884, vol. II, p. 315]
Le 6 janvier 1810, la requête impériale commença à être examinée, auprès de trois niveaux de juridictions, diocésaine, métropolitaine et primatiale (installée à Lyon). L’argumentaire en faveur de l’annulation du mariage tenait en deux points : premièrement l’absence, lors de la cérémonie du 1er décembre 1804, d’un prêtre et de témoins, et deuxièmement le fait que Napoléon Ier avait été forcé à ce mariage religieux par Joséphine et qu’il n’était donc pas consentant. Napoléon Ier, s’appuyant sur la doctrine ultramontaine, rappelait qu’un mariage ne pouvait être considéré comme valide que si les deux époux étaient consentants.
Quatre témoins furent entendus, le Cardinal Fesch à 11 heures du matin, le maréchal Berthier à midi, le grand maréchal du Palais Duroc à 13 heures et le ministre des Affaires étrangères Talleyrand à 14 heures. L’enquête fut rondement menée, en 4 heures.
Afin de sacrer le mariage le 1er décembre 1804, le cardinal Fesch avait demandé les pouvoirs appropriés au Pape (qui était bien sûr à Paris pour célébrer le sacre le lendemain 2 décembre). Il était donc délicat pour Napoléon Ier de mettre en cause la capacité officielle de son oncle, ce dernier étant susceptible de célébrer le second mariage de l’Empereur. Lors de l’enquête Fesch confirma qu’il avait bien reçu du Pape une dispense. Mais par ailleurs, il admit qu’après la cérémonie, l’Empereur lui avait expliqué que cette célébration nuptiale religieuse n’avait pour but que d’apaiser l’impératrice et de « céder aux circonstances » : « Ce ne fut que la veille du couronnement que l’Empereur, me faisant appeler vers une ou deux heures de l’après-midi, me dit que l’Impératrice voulait absolument recevoir la bénédiction nuptiale et que, pour la tranquilliser, il s’était décidé à m’appeler. Mais il protesta qu’il ne voulait point de témoins et qu’il exigeait sur toute cette affaire un secret aussi absolu que celui de la confession. Je dus lui répondre: ‘Point de témoins, point de mariage.’ Mais, voyant qu’il persistait à ne vouloir point de témoins, je lui dis que je n’avais point d’autres moyens que de me servir de dispenses, et, montant aussitôt chez le Pape, je lui représentai que très souvent j’aurais besoin de recourir à lui pour des dispenses, et que je le priais de m’accorder toutes celles qui me devenaient quelquefois indispensables pour remplir les devoirs de grand aumônier; et le Saint-Père adhérant à ma demande, je me rendis à l’instant chez Sa Majesté l’Empereur avec un rituel pour donner la bénédiction nuptiale à Leurs Majestés, ce qui fut fait vers quatre heures de l’après-midi. » [Cardinal Fesch, cité in Mgr Ricard, Le Cardinal Fesch, 1893, p. 251]
Le cardinal Fesch explique aussi qu’à la demande l’impératrice Joséphine, il lui a établi un certificat de mariage, et qu’il s’attira alors les foudres de Napoléon Ier, ce qui tendait à démontrer que l’empereur ne considérait pas ce mariage comme un engagement à vie. Les trois autres témoins déclarèrent eux que Fesch n’était pas investi des pouvoirs de bénir ce mariage, confirmèrent que l’empereur ne voulait aucune bénédiction nuptiale et que ce mariage religieux n’était que le fruit des circonstances et qu’il ne devait pas, par conséquent, affecter le futur. Le promoteur diocésain, l’abbé Rudemare, concernant l’argument du « non-consentement », estima que pour un homme si largement craint, l’argument habituellement utilisé pour des mineurs obligés à se marier, était pour le moins fragile. Néanmoins il se prononça en faveur de l’annulation du mariage, en raison de l’absence de témoins lors de la cérémonie et du manquement à certaines procédures (9 janvier 1810). Bien que Fesch ait affirmé qu’il avait demandé au pape les dispenses pour célébrer le mariage, il fut conclu qu’il avait outrepassé ses responsabilités. Le promoteur métropolitain, l’abbé Corpet, entérina ces décisions (11 janvier 1810).
La question des témoins était importante. Thiers, dans son Histoire du Consulat et de l’Empire, écrivit que le mariage fut célébré en présence de deux témoins, Berthier et Talleyrand. Cependant, plus tard, après la consultation d’archives, Thiers déclarait qu’il s’était trompé dans sa première version de son Histoire…, induit en erreur par des mémoires dont il ne révéla pas l’auteur, mémoires qui s’appuyaient sur le récit des événements fait par Joséphine. Les auteurs qui s’intéressèrent à la question proposèrent différentes versions, entretenant la confusion : le Prince Napoléon (dit Plon-Plon), dans son Napoléon et ses détracteurs, confirma la présence de Talleyrand et Berthier, se fondant sur la « tradition familiale ». Pour compliquer un peu plus les choses, Welschinger, dans son Divorce de Napoléon, nota que Joséphine avait informé le Pape de la situation, et que le Pape était par conséquent conscient des dispenses indispensables au cardinal Fesch pour célébrer ce mariage en l’absence de témoin. Cependant, les récits réunis par le tribunal, et en particulier le témoignage de Fesch, ne donnent aucune indication sur le fait que le Pape était conscient de la complexité de l’affaire.
Le 14 janvier 1810, le Moniteur annonçait que le tribunal de l’officialité de Paris avait annulé le mariage entre Napoléon Ier et l’impératrice Joséphine :
« Paris, le 13 janvier,
S.A.S. le prince archichancelier de l’Empire, en conséquence de l’autorisation qu’il en a reçue de S.M. l’Empereur et Roi et de S.M. l’Impératrice Joséphine, a présenté requête au tribunal diocésain de l’officialité de Paris. Ce tribunal, après une instruction et les formalités conformes aux usages, et après avoir entendu les témoins, a déclaré, par sentence du 9 du courant, la nullité, quant au lien spirituel, du mariage de S.M. l’Empereur Napoléon et de S.M. l’Impératrice Joséphine. L’officialité métropolitaine a confirmé cette sentence le 12 de ce mois. »
A la suite de cette parution, l’abbé Rudemare tint à apporter une précision et écrivit dans son Narré : « Le lendemain 14, le Moniteur ayant rendu de l’affaire un compte inexact, et avancé que l’officialité diocésaine avait déclaré la nullité du mariage de S.M. quant au lien spirituel, je m’en plaignis à l’archichancelier, lui disant que le tribunal ne distinguait pas dans le mariage le lien civil et le lien spirituel ; qu’il ne connaissait que le lien purement et simplement aux termes des saints canons, le foedus dont la requête demandait qu’on prononçât l’annulation. » [Cité in Louis Grégoire, Le divorce de Napoléon et de l’impératrice Joséphine, 1957, p. 204-205]
Cette objection sémantique ne changea rien à l’affaire. L’annulation fut confirmée. Napoléon était libre de continuer sa quête d’une nouvelle impératrice.
Après la dissolution…
Le 27 janvier 1810, Metternich écrivait à sa femme : « Je regarde cette affaire comme la plus grande qui puisse dans ce moment occuper l’Europe ; je vois dans le choix que fera l’Empereur la possibilité de gage d’un ordre de choses non moins conforme aux intérêts généraux de tant de peuples qui, après des secousses aussi affreuses et multipliées, aspirent à la paix, qu’aux intérêts particuliers de ce prince. » [Cité in Mémoires, documents et écrits divers laissés par le Prince de Metternich, 1881-1884, vol. II, p. 316]
Le 7 février 1810, Champagny informa l’ambassadeur français à Vienne, le comte Otto, de la mission de Berthier.
Le 15 février 1810, Metternich annonça l’archiduchesse Marie-Louise que Napoléon Ier souhaitait l’épouser. Elle lui répondit : « Je ne veux que ce que mon devoir me commande de vouloir. » [Cité par Paul Ganière, “Marie-Louise d’Autriche” in Dictionnaire Napoléon, éd. Jean Tulard, 1999, 1er éd., p. 1140]
Le 23 février 1810, Napoléon Ier écrivit à l’empereur d’Autriche François Ier : « Monsieur mon Frère, je fais partir demain mon cousin le vice-connétable, prince de Neuchâtel, pour demander à Votre Majesté Impériale l’archiduchesse Marie-Louise, sa fille, en mariage. Les hautes qualités qui distinguent si éminemment cette princesse, l’avantage précieux qu’elle a de lui appartenir, me font désirer vivement cette union. On me fait espérer que Votre Majesté voudra y consentir. » [Lettre n° 23 184, Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Fayard/Fondation Napoléon, 2013, tome IX, p. 1 747]
Le 8 mars 1810, le maréchal Berthier demanda à l’empereur d’Autriche la main de sa fille pour Napoléon Ier.
Le 11 mars 1810, l’archiduchesse Marie-Louise épousa Napoléon Ier par procuration, l’archiduc Charles représentant Napoléon.
Le 13 mars 1810, Marie-Louise quitta Vienne pour la France.
Le 16 mars 1810, la délégation autrichienne arriva à la frontière entre l’Autriche et la Bavière, à Braunau-sur-Inn. Marie-Louise y fut accueillie par Caroline, la reine de Naples, et la veuve du maréchal Lannes, la duchesse de Montebello.
Le 27 mars 1810, Napoléon, impatient de connaître sa nouvelle épouse, rejoignit le cortège à Compiègne et passa la nuit avec sa jeune épouse.
Le 31 mars 1810, le couple impérial arriva à Saint-Cloud.
Le 1er avril 1810, le mariage civil fut célébré.
Le 2 avril 1810, le mariage religieux fut célébré dans la chapelle du Louvre.
4 mai 1810, naissance d’Alexandre-Florian-Joseph, comte Colonna Walewski, fils de Napoléon Ier et de Marie Walewska.
Le 20 mars 1811, l’impératrice Marie-Louise donne naissance à Napoléon François Charles Joseph Bonaparte, fils de Napoléon Ier et héritier du trône impérial.
Auteur : H. Davey Wright ; traduction : I. Delage
Décembre 2009, revu le 16 octobre 2019