Préambule aux Cent-Jours : la préparation de la fuite d’Elbe
Février 1815 – Esquiver la surveillance
Profitant de l’absence de Campbell, le commissaire britannique chargé de sa surveillance à Elbe, Napoléon avait fait ordonner le début des travaux sur son deux-mâts, l’Inconstant, le 17 février 1815 : l’intendant Balbiani n’eut pas de mal à recruter les quelques dizaines d’ouvriers nécessaires, le chantier semblant normal au vu des avaries qu’il avait subies. Le seul Inconstant ne pouvait transporter le millier d’hommes, les vivres et les chevaux nécessaires au projet de Napoléon ; l’étoile, le chébec de la taille d’une goélette que l’empereur d’Elbe avait acheté, fut également armé en toute discrétion, et plusieurs autres embarcations furent réquisitionnées sans résistance de la part de la population, bien au contraire. Les équipements militaires furent chargés sur les navires entre le 17 et le 21 février.
Le 19 février, Napoléon continuait à jouer la comédie en approuvant le recrutement d’une troupe d’opéra, ordonnait la tenue le 6 mars d’une première réunion de la cour d’appel qu’il venait de former, et ordonnait des travaux à Portoferraio, tout en élaborant son plan d’évasion en prévoyant même un éventuel plan de repli en Corse, en cas d’interception avant le débarquement en France. Son proche entourage n’était pas au courant de ces préparatifs. Seuls les espions chargés de la surveillance de Napoléon semblaient plus méfiants et notaient une effervescence suspecte autour de Portoferraio. Le temps les prit de court pour informer leurs maîtres, même si la rumeur d’un départ de l’empereur déchu parvint tout de même à la flotte royaliste française qui rôda d’autant plus autour d’Elbe.
Les Britanniques avaient également été touchés par les bruits qui couraient : le retour inattendu dans la nuit du 23 février, du capitaine Adye, sur ordre de Campbell, faillit ainsi mettre à mal l’évasion de Napoléon. Le capitaine anglais, malgré le rapport de son espion Ricci, s’assura par deux fois (il était reparti le lendemain pour revenir le 25) de la présence de l’empereur dans l’île mais reprit le chemin de Livourne sans se douter – ou sans comprendre l’importance – des préparatifs en cours.
Fin février – Départ d’Elbe
Les préparatifs pour le voyage enfin terminés, Napoléon n’allait certainement pas attendre le retour du colonel Campbell pour partir. Le matin du 26 février 1815, il prévint son entourage de son départ sans en dévoiler sa destination, pour se prémunir des espions dont il se savait entouré. Dans l’après-midi, ce fut au tour des notables de l’île d’être mis au courant. Le bruit de cette fuite se répandit rapidement dans l’île et provoqua la joie de la majorité des troupes, comme des autochtones. Les espions, soupçonneux depuis quelques jours, cherchèrent en vain à quitter Elbe : Napoléon avait fait interdire tout départ des ports. Vers 19h, il s’embarqua à bord de l’Inconstant pour quitter l’île avec six autres navires, deux heures plus tard. Les trois jours suivants n’eurent rien d’une balade en mer : le temps clair, le poids des canots qui retardait la marche, la proximité inquiétante du brick de Campbell comme de la flotte française furent autant de pièges déjoués grâce à un mélange mystérieux d’effet de surprise, de détermination de la part de l’expédition de Napoléon, et d’hésitation du côté anglais voire de complicité du côté français.
Le début des Cent-Jours : le Vol de l’Aigle
1er mars 1815 – Arrivée à Golfe-Juan puis Gap
Au matin du 1er mars, les navires en provenance d’Elbe entraient dans la baie de Golfe-Juan, sans déclencher de réaction hostile, et Napoléon descendit à terre dans l’après-midi, une fois débarqués ses hommes et leur matériel. Première ombre au tableau, après cette traversée et ce débarquement idyllique : l’Empereur ne réussit pas à rallier à sa cause le 87e régiment, en garnison à Antibes, malgré les proclamations qu’il avait rédigées dès le 25 février pour convaincre le peuple et l’armée de le rejoindre. Le temps pressait : il fallut laisser la délégation envoyée à Antibes, prisonnière des royalistes. L’Empereur prit la route de Cannes pour arriver à Gap le 5 mars, par la route tortueuse qui devait prendre le nom de « Route Napoléon » 117 ans plus tard…
5-7 mars – La rencontre à Corps
Napoléon poursuivit sa remontée vers Grenoble depuis Gap qu’il laissa le 5 mars pour rejoindre Corps le lendemain. Apprenant là-bas que son avant-garde et les troupes royalistes ne s’étaient pas affrontées à La Mure, il les rejoignit le 7 mars à la prairie de Laffrey, depuis appelée « prairie de la Rencontre ». Malgré les ordres de faire feu de Lessart aux troupes de Louis XVIII, Napoléon s’avança vers les soldats : « Soldats du 5e de Ligne, je suis votre Empereur, reconnaissez-moi ! S’il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son Empereur, me voici ! ». Gagnés à sa cause, les soldats abandonnèrent les rangs royalistes pour se joindre à lui sur la route de Grenoble, puis Lyon. Le Vol de l’Aigle devait se poursuivre jusqu’à Paris durant encore deux semaines.
Mars- avril 1815 – La réaction des alliés au congrès de Vienne
La veille, dans la nuit du 6 au 7 mars, les grandes puissances alliées et la délégation royaliste au congrès de Vienne avaient appris le départ de Napoléon Bonaparte d’Elbe. Les réunions qu’ils tinrent le 7 mars au matin et en soirée n’aboutirent sur rien de concret : seule fut proclamée une union de principe contre Napoléon, qu’ils croyaient sur la route de l’Italie. Une des mesures annexes prises à l’annonce de cette fuite fut le confinement de Marie-Louise et du roi de Rome à Vienne.
Le 2 avril 1815, Napoléon avait fait parvenir à Vienne une demande de négociation via Caulaincourt à qui il avait confié le ministère des Affaires étrangères dès son retour à Paris. Cette tentative n’eut aucun effet sur le congrès de Vienne et Caulaincourt fut en butte à une fin de non-recevoir : dès le 4 avril, Castlereagh lui signifia en effet l’union des souverains européens contre Napoléon.
Pendant ce temps, chez les proches de Napoléon…
Mars-juin 1815 – Réunion et mésaventures dans la famille Bonaparte
Lorsque Napoléon quitta l’île d’Elbe, l’entreprise était trop périlleuse pour que sa mère et sa soeur, qui lui tenaient compagnie dans son exil, l’accompagnent. Ce n’est que le 10 mars, une fois arrivé à Lyon, que l’Empereur donna l’autorisation à sa mère de le rejoindre en France. Letizia embarqua début avril à bord du Joachim que le roi et la reine de Naples lui ont envoyé. à Porticci, sur le chemin de Naples, elle fut rejointe par le cardinal Fesch puis Jérôme qui avait fui Trieste et la surveillance des Autrichiens. La famille fit alors voile le 20 avril vers Gaète pour embarquer à bord de La Dryade à destination de la France. Des manœuvres pour éviter la Royal Navy retardèrent ce voyage vers Golfe-Juan, qui n’aboutit que le 22 mai. Une relâche à Bastia, le 13 mai, permit entre-temps à la mère de Napoléon de revoir la Corse, pour la dernière fois de sa vie. Elle arriva à Paris le 1er/2 juin.
Pauline n’avait pas attendu le signal de Napoléon pour s’enfuir d’Elbe. Le 4 mars, elle embarqua sur une felouque avec des dames de compagnie et débarqua le 6 mars à Viareggio pour rejoindre le château de Campignano, propriété de sa sœur Elisa, ex-grande-duchesse de Toscane. Or Elisa s’était elle-même réfugiée à Bologne où elle serait bientôt arrêtée puis envoyée prisonnière en Moravie. Saisie par les Autrichiens sur les ordres du nouveau grand-duc de Toscane Ferdinand, Pauline eut plus de chance que sa sœur : grâce aux injonctions médicales liées à sa santé fragile, elle fut consignée à Campignano et eut même le droit, le 5 juin, de prendre les eaux à Lucques. Sur l’ordre de Napoléon, les ministres Decrès et Caulaincourt devaient plaider la cause de Pauline auprès du grand-duc et envoyer La Dryade vers Livourne pour ramener en France la sœur de l’Empereur. Les événements de juin 1815 en décidèrent autrement : Pauline allait rester jusqu’en octobre à Lucques.
Réorganiser l’Empire
Mars-avril 1815 – L’acte additionnel du 22 avril
À son retour au pouvoir à Paris le 20 mars, Napoléon devait respecter les proclamations qu’il avait faites à Lyon, avant. Elles l’engageaient à se démarquer de Louis XVIII et de sa Charte : une nouvelle constitution devait asseoir le pouvoir du « nouveau Napoléon ». Une commission spéciale, composée en grande partie de modérés – Cambacérès, Maret, Carnot, Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, Boulay-de-la-Meurthe, Merlin-de-Douai et Defermon, mais aussi Benjamin Constant, l’ennemi juré du régime impérial – fut créée pour élaborer le nouveau texte fondateur. Ce fut Constant qui rédigea le texte. Son premier projet, daté du 15 avril 1815, proposait un mélange entre la Charte de Louis XVIII et la constitution britannique. Seul Carnot s’opposa à cette approche : pour lui, seule la séparation complète des corps intermédiaires, sans transmission héréditaire et sous l’égide de l’empereur, permettrait d’éviter l’instabilité des années révolutionnaires 1790-1799 et donc la menace des pays voisins. Cette idée était cependant minoritaire au sein des hommes de pouvoir, notamment Fouché. De fait, la commission finit par suivre « la Charte améliorée », selon les mots de Chateaubriand, proposée par Constant, avec ses chambres délibératives, élues par le plus grand grand électorat possible, sa pairie héréditaire, et ses droits et libertés garantis. Napoléon eut cependant le dernier mot sur de nombreux points, en particulier sur la confiscation des biens de ceux qui avaient suivi Louis XVIII en exil et dans le choix du titre du document : « Acte additionnel aux constitutions de l’Empire », malgré les réticences de la commission et de Constant. Cette expression devait, selon lui, marquer la continuité entre les deux régimes qui l’avaient connu. Par cette exigence, Napoléon s’exposait à la suspicion : son comportement qui avait conduit la France à la chute et la première abdication avait-il changé ? L’Acte additionnel fut finalement adopté le 22 avril, publié le jour suivant, puis soumis à un plébiscite le 1er juin.
La riposte de XVIII
Mars-avril 1815 – Le Journal universel et le manifeste de Gand
Après avoir quitté Paris le 19 mars, à l’approche de Napoléon, Louis XVIII s’installa le 30 mars à Gand, alors sous l’influence du tout nouveau royaume des Pays-Bas. Rassemblant un gouvernement de fidèles, Louis XVIII comptait sur le Journal universel, journal de quatre pages payé sur la cassette du roi et publié la première fois le 14 avril, pour contrebalancer le Moniteur universel redevenu bonapartiste. Ce « moniteur de Gand » publia ainsi jusqu’au 21 juin. Les frères Bertin, journalistes et co-directeurs jusqu’en 1811 du Journal des débats, le dirigeaient dans l’idée constante de nuire à Napoléon Bonaparte. Hors de cette ligne éditoriale, les tensions et contradictions internes entre libéraux et ultraroyalistes empêchaient une unité plus grande dans sa rédaction à laquelle Lally-Tollendal et Chateaubriand participèrent notoirement. Dans la même optique, Louis XVIII fit paraître le 2 mai 1815 un manifeste signé du 24 avril à l’attention des Français. il y rappelait les bienfaits de son retour en 1814, en particulier comme rempart aux répressions des pays étrangers et pour la création de la charte et de la nouvelle constitution. Il exhortait les Français, en mentionnant spécifiquement les gardes nationales, à se rallier à lui contre « l’usurpateur ». Louis XVIII esquissait, enfin, des promesses de réforme : « Français, le Roi qui a toujours été près de vous, sera bientôt avec vous. Sa Majesté, le jour où elle posera le pied sur son territoire et le vôtre vous fera connaître en détail ses intentions salutaires et toutes ses dispositions d’ordre, de justice et de sagesse. Vous verrez que le temps de la retraite n’a pas été un temps perdu pour vos intérêts. » Pourtant, l’optimisme affiché dans cette déclaration était en décalage avec la réalité : en cette fin d’avril 1815, la marge de manœuvre du gouvernement en exil était bien mince ; l’absence de Talleyrand à Gand en était un indice flagrant.
La fin du règne du roi Joachim et de la reine Caroline sur Naples
Mars 1815 – L’échec de la chevauchée de Murat
Avant même le début de la campagne de France, Murat avait choisi de négocier avec l’Autriche pour conserver son trône à Naples. Les alliés regardaient avec circonspection ce souverain dont beaucoup doutaient de son ralliement. En France, en particulier, Talleyrand attendait un faux-pas du beau-frère de Napoléon à la faveur duquel il espérait voir Ferdinand IV revenir sur le trône de Naples. Un an après, en décembre 1814, les échanges épistolaires entre Murat et Napoléon, prouvant une réconciliation, achevèrent de convaincre les alliés, y compris l’Autriche, d’adopter cette position. Avant même le retour de Napoléon, Metternich avait mis en garde Murat : la présence d’un seul soldat napolitain hors des frontières du royaume serait considérée comme acte de guerre. Informé par Colonna d’Istrie, le chambellan de Madame Mère arrivé d’Elbe, des projets de l’Empereur, Murat fit envoyer un agent à Vienne pour plaider la cause de Napoléon. Mais l’enthousiasme du retour de Napoléon en France, que son épouse Caroline partageait peu, poussa Murat à aller plus loin que les recommandations de l’Empereur de s’en tenir à des actions diplomatiques. Le 10 mars, lorsqu’il apprit que son beau-frère était à Grenoble, Murat décida de partir pour Ancône avec son armée et pénétra le 21 mars dans les états pontificaux, déclenchant la fuite de Pie VII à Florence. Mais l’Autriche n’avait pas de troupes disponibles pour arrêter une potentielle avancée du roi de Naples. Contre toute attente, Murat ne profita pas de cet avantage et décida étrangement de rester à Ancône une dizaine de jours, sans doute convaincu que sa seule présence permettrait le soulèvement des Italiens contre les Autrichiens. Décidé à défier les Autrichiens, il envoya 40 000 de ses hommes à la fois sur le Pô et sur Florence. Arrivé le 30 mars à Rimini, Murat appela la population à se soulever pour son indépendance dans une proclamation (en italien) considérée comme énoncé précurseur de l’unité italienne. Stoppé avec les 30 000 hommes qui lui restaient le 7 avril, à Occhiobello, Murat fut forcé de se replier sur Bologne. Dès lors, le roi de Naples battit en retraite et la désertion parmi les rangs de son armée s’accéléra. La bataille entre Macerata et Tolentino, du 2 au 4 mai sonna un échec quasi final. Le 11 mai, son armée ne comptait plus que 9 000 hommes.
Avril 1815 – La fin du règne
Lorsque les premiers échecs de la « campagne » de Murat furent manifestes, le roi de Naples donna les pouvoirs à sa femme Caroline, restée à Naples, afin qu’elle en contienne les rumeurs et défende la cité. Devenue régente le 18 avril, Caroline n’eut pas seulement à craindre de la population napolitaine : les deux vaisseaux et les deux frégates britanniques du capitaine Robert Campbell, parvenues près de la rade de Naples le 26 avril, Campbell ordonna à la sœur de Napoléon de se rendre. Consciente de ne pouvoir résister à l’avancée des Autrichiens et au siège des Britanniques, Caroline sut négocier la promesse de Campbell que les membres de sa famille – Madame Mère, le cardinal Fesch, Jérôme et ses propres enfants -, qui avaient été rattrapés dans leur fuite de Naples vers Toulon, puissent se réfugier à Gaète. Le 12 mai, une convention entre Campbell et le prince de Cariati, le représentant de Caroline, fut signée : la flotte et les arsenaux de Naples seraient soumis aux assiégeants, tandis que Caroline pourrait se réfugier sous protection britannique dans les propriétés de son choix, et rejoindre ses enfants pour être conduite dans un port de Provence à sa convenance. Face à la rumeur de la débandade des troupes de Murat, Caroline fit preuve de sang froid et empêcha la prise du palais. Le 16 mai, les Autrichiens écrasèrent Francesco Macdonald, le ministre de la guerre de Murat, à San Germano. Dans cette atmosphère chaotique, Murat put passer discrètement durant sa retraite par Naples, le 19, pour faire ses adieux à son épouse. Le lendemain, deux de leurs envoyés négociaient avec l’Autriche la reddition du royaume, tandis que la reine de Naples déchue se réfugiait sous pavillon britannique sur Le Tremendous. Le 22, le commandant autrichien Neipperg entra dans Naples et exigea que Caroline lui soit remise, malgré ses accords préalables avec les Britanniques et les Autrichiens. Faite prisonnière, la sœur de Napoléon n’allait jamais revoir son époux.
Pendant ce temps, au congrès de Vienne, sur la fin…
Février-mai 1815 – Concertations pour une Allemagne confédérée
Après les longues discussions de début 1815 pour régler les questions de la Pologne et de la Saxe, le congrès de Vienne pouvait aborder le devenir du reste de l’Allemagne, notamment de la confédération du Rhin de Napoléon. Le comité pour les Affaires d’Allemagne, sous la houlette de l’Autriche, la Prusse, la Grande-Bretagne et la Russie, avait présenté un premier projet de réorganisation des territoires germanophones en février 1815 mais les petits états concernés, s’estimant mis à l’écart, s’y opposèrent. Une fois les revendications de ces états étudiées, l’Autriche présenta un projet de constitution pour une confédération germanique début mai 1815. Le projet fut étudié les 25 et 26 mai par une conférence, élargie à tous les futurs membres de la future confédération. Leur accord le plus manifeste résidait dans la volonté d’éviter le retour de l’empereur des Français, ainsi que d’assurer une égalité entre les états membres sans création d’une instance de degré supérieur (d’où l’absence d’empereur à la tête de cette confédération, malgré une présidence de sa diète par l’empereur d’Autriche). La rédaction des articles de la constitution de la confédération fut dès lors rapide : commencée le 1er juin, elle fut approuvée par les plus grands alliés directement concernés, l’Autriche et la Prusse, le 5 et signée officiellement le 8 (texte intégral), en réalité le 10, par l’ensemble de ses 38 membres.
9 juin 1815 – L’acte final et la clôture du congrès de Vienne
Le 9 juin 1815, les puissances principales du congrès de Vienne – Autriche, Grande-Bretagne, Russie, Prusse, France, Portugal et Suède – signèrent son acte final, rédigé en français. Seule l’Espagne rechigna, contestant certains des articles qu’elle estimait dictés sans négociation par les quatre plus grandes puissances. Une grande cérémonie fut organisée à la Hofburg et, deux jours plus tard, le congrès était officiellement clos. Les pays de moindre échelle allaient tous signer au fur et à mesure. Quel que fût le résultat du conflit imminent avec Napoléon Bonaparte, l’Europe avait déjà fait ses choix pour le siècle à venir.
La fin des Cent-Jours et l’exil de Napoléon
1er juin 1815 – La mort du maréchal Berthier, un présage funeste ?
Le 1er juin s’éteignait dans les circonstances restées obscures d’une défénestration l’un des serviteurs les plus fidèles de Napoléon Bonaparte, le maréchal Berthier qui avait été chef d’état-major de son armée. → Lire sa biographie sur napoleon.org.
16-18 juin 1815 – Pendant la bataille de Waterloo, récits décalés de la presse de Napoléon
Alors que la bataille de Waterloo fait rage et que la défaite sur le terrain des troupes de Napoléon se précise, son organe de presse n’en a encore aucune perception et se veut rassurant auprès des Français.
En ouverture du Moniteur, on pouvait lire « La nouvelle suivante, ne nous étant parvenue aujourd’hui qu’à 4h du matin, n’a pu être insérée dans les exemplaires du journal qui étaient déjà imprimés. Nous répéton [sic] pour ceux de nos lecteurs qui ne l’auraient pas reçue ». Le journal décrivait alors la prise du 15 juin de Charleroi par Napoléon, avec ses « 1 500 prisonniers », ses « 4 régiments prussiens écrasés » et le « peu d’hommes » imprécis perdus par l’Empereur. « L’enthousiasme des habitants de Charleroi, et de tous les pays que nous traversons, ne peut se décrire ». Le journal rajoutait à la date même du 18, 6h du matin, que cent coups de canons à Paris avaient annoncé « une grande victoire remportée à Ligny sur les armées anglaises et prussiennes, commandées en chef par le lord Wellington. »
21-22 juin 1815 – Retour à Paris et abdication
Napoléon rentra après la défaite de Waterloo à Paris dans la matinée du 21 juin. Le 22, il adressa sa lettre d’abdication aux Français, écrite depuis le palais de l’Élysée : « Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Puissent-ils n’en avoir jamais voulu qu’à ma personne ».
29 juin-3 juillet 1815 – Départ pour Rochefort
Durant les quelques jours où Napoléon resta à Malmaison, dans l’attente de son sort et en caressant l’idée d’un exil volontaire vers l’Angleterre puis vers les États-Unis, la commission provisoire qui gouvernait la France depuis le 22 juin, date de son abdication, hésita sur la marche à suivre. Fouché, en particulier, redoutait que Napoléon ne tente un nouveau coup d’État (la rumeur enflait à Paris) mais abhorrait également l’idée que les Prussiens puissent mettre la main sur lui tandis qu’ils approchaient dangereusement de la Malmaison. La commission s’en remit, après des jours de tergiversation, aux Britanniques. Finalement, le 29 juin, Napoléon quitta Malmaison en direction de Rochefort ; il y arriva le 3 juillet et s’installa dans la maison du Roy, alors préfecture maritime. L’attente s’y poursuivit.
8 juillet 1815 – la fin des Cent-jours
L’abdication de Napoléon devait amener le roi de Rome à accéder au trône. Le gouvernement provisoire fit en sorte qu’il n’y accède jamais. Le 8 juillet, Louis XVIII avait regagné Paris. La Deuxième Restauration débuta.
10 juillet-17 octobre 1815 – De Rochefort au Bellerophon puis des côtes britanniques à Sainte-Hélène.
N’ayant toujours pas obtenu les sauf-conduits qu’il attendait pour aller en Amérique, Napoléon quitta Rochefort pour l’île d’Aix, au large en face du port. Le 10 juillet, il fit savoir par l’intermédiaire de Savary et Las Cases au capitaine du Bellerophon, Maitland, qu’il demandait asile au peuple anglais. Maitland lui garantit sa protection jusqu’aux côtes britanniques sans préjuger du sort qui l’attendrait par la suite.
Le 15 juillet, Napoléon embarqua avec une suite d’une quinzaine de personnes à bord du Bellerophon. Le bateau prit alors la direction de la Grande-Bretagne et rejoignit Torbay puis la rade de Plymouth le 26, où l’on fit attendre Napoléon le temps que le gouvernement britannique se mette d’accord sur son lieu d’exil (Castlereagh plaida pour l’Ecosse pour une durée provisoire). Le 31 juillet, la décision tomba : ce serait l’île de Sainte-Hélène. Le Bellerophon quitta Plymouth avec Napoléon à son bord le 4 août ; le Northumberland allait prendre le relais pour le transporter jusqu’à Sainte-Hélène le 7. Le navire n’accostera que le 17 octobre suivant sur l’île de l’Atlantique Sud.
Marie de Bruchard, mars 2022