L’après bataille d’Aspern-Essling
Après la bataille d'Aspern-Essling, les 21 et 22 mai 1809, Alexandre Berthier, major général de l'Armée d'Allemagne, écrivit au maréchal Bernadotte sa propre analyse de l'évènement dont il venait d'être témoin :
« Nous avons eu, le 21 et le 22, Prince, une bataille assez sérieuse sur la rive gauche du Danube, aux villages d'Essling et d'Aspern. L'ennemi était dans la plus parfaite déroute à huit heures du matin., quand nos deux ponts sur les deux grands bras du Danube ont été emportés par la crue des eaux ; ce qui a obligé l'Empereur à rester en position, une partie de notre cavalerie, les parcs de nos divisions et le corps du duc d'Auerstaedt étant resté sur la rive droite. Notre perte se monte à 4 000 blessés environ ; l'ennemi a perdu beaucoup plus de monde. Nous avons fait 1 500 prisonniers, dont un feld-maréchal, pris quatre drapeaux, plusieurs pièces de canon. » [lettre de Berthier, prince de Neuchâtel, au maréchal Bernadotte, le 24 mai 1809, n° 15250, Correspondance de Napoléon Bonaparte.]
Le 14 juin 1809, la Bataille de Raab
A la bataille de Raab, le 14 juin 1809, les troupes franco-italienne d'Eugène de Beauharnais battaient les Autrichiens, postés juste à l'extérieur de la ville (actuelle Györ en Hongrie). L'infanterie française sous le général de division Seras, supportée par la cavalerie de Montbrun, attaquait le gros des positions ennemies campées sur Kismegyer, un village de la périphérie. L'aile gauche autrichienne s'était effondrée, mais le centre avait tenu jusqu'à l'après-midi, quand, face à l'arrivée des renforts français sous le commandement de MacDonald, l'archiduc Jean ordonna la retraite. Dans son rapport à Napoléon, son beau-fils Eugène nota simplement : « Sire, je dois informer Votre Majesté que j'ai livré bataille aujourd'hui au Prince Johann, et j'ai été bénit pour la victoire. C'était également l'anniversaire d'un grand jour [La bataille de Marengo avait eut lieu le 14 juin 1800] et aucune infortune ne pouvait nous toucher. » [Eugène à Napoléon, datée du 14 juin 1809, citée dans les Mémoires du Prince Eugène.]
Dans sa réponse de félicitation, Napoléon décrivit la bataille comme « la petite fille de Marengo et de Friedland » [Napoléon à Eugène, lettre datée du 16 juin 1809]
La défaite autrichienne fut un événement clé, mettant fin aux espoirs de l'archiduc Jean de parvenir à placer les troupes de son frère Charles à la bataille de Wagram. Eugène, de l'autre côté, était libre de se joindre à la bataille de Napoléon, des 5 et 6 juillet, laquelle mettrait fin à la cinquième coalition. La cité de Raab devait tomber deux semaines après, le 24 juin.
Situation au début de l’été 1809
Au début de l'été 1809, Frédéric Guillaume, duc de Brunswick-Wolfenbüttel (cousin et beau-frère du Prince Régent britannique, le futur George IV), décida d'entrer dans le conflit avec la France. Il était particulièrement amer depuis que son territoire de Brunswick avait été intégré au royaume de Westphalie de Jérôme Bonaparte, en 1807. Il décida de créer un corps de partisans avec le soutien de l'Empire autrichien. Le 25 février 1809, le Duc signa une convention d'amitié à Vienne avec l'archiduc Charles et l'Oberstleutnant Guillaune t. Freiherr v. Steinmetzen, alliant l'Autriche et le Brunswick. Les 18 articles de la convention visaient à aider le duc de Brunswick à récupérer son territoire, et organisaient à cet effet un « Freikorps ». Placé sous la protection autrichienne, entièrement financé par le duc de Brunswick, ce corps indépendant était composé de 1 200 soldats d'infanterie et 500 cavaliers. Ces hommes de Brunswick, dont la devise était « la victoire ou la mort », furent vite appelés les Hussards noirs, en raison de la couleur noire de leur uniforme. Le 11 juin 1809, les Hussards noirs et quelques troupes autrichiennes, conduits par le général Amende, occupèrent la ville clé de Dresde, en Saxe, ville depuis laquelle le duc de Brunswick adressa à son peuple une proclamation l'incitant à résister, de toutes ses forces, à l'occupant français. Le roi de Saxe, Frédéric Auguste, demanda de l'aide au roi de Westphalie. Le roi Jérôme envoya, le 21 juin 1809, 11 000 hommes menés par le général Albignac, pour bouter les forces autrichiennes et les Hussards noirs hors de Dresde. L'affrontement (qui se tint près de Waldheim, le 27 juin) fut indécis, les deux camps se proclamant vainqueurs. Le duc de Brunswick se replia alors vers le sud de la Franconie, avec la ferme intention de continuer à se battre.
Le 1er juillet 1809, Napoléon installe sa tente sur la petite île de Lobau, rebaptisée « île Napoléon », au milieu de ses troupes qui y sont depuis quelques semaines. Les deux armées française et autrichienne sont alors situées chacune sur l'une des rives du Danube. Napoléon avait choisi comme point de passage, au sud, Lobau, qui sépare le fleuve en deux bras et se situe à l'est de Vienne. Le premier passage tenté les 21-22 mai (Essling) avait été un échec. Un second passage sera tenté le 5 juillet (Wagram). En ce début de juillet, Napoléon Ier dispose alors de 150 000 hommes stationnés sur l'île, et l'archiduc Charles de 170 000 hommes au nord du Danube…
Wagram les 5 et 6 juillet 1809
Ayant pris place sur l'île Napoléon, l'empereur a transformé le site en une véritable forteresse garnie de pièces de gros calibres prises à l'arsenal de Vienne. Les troupes françaises se préparent à affronter l'archiduc Charles qui avait fait avancer les siennes dès le 30 juin au nord d'Aspern et d'Essling. Ce dernier est convaincu que Napoléon utilisera la même stratégie qu'au mois de mai et fera déboucher ses troupes dans la plaine du Marchfeld. Aussi, l'archiduc Charles fait occuper et organiser les villages d'Aspern, Essling et Enzersdorf. Une diversion effectuée par Masséna le 30 juin le confirme dans cette idée. Mais, le 3 juillet, voyant que l'offensive française ne se développe pas, il se retire dans les hauteurs au nord de Russbach.
Le 4 juillet vers 21h30, Napoléon fait débuter le franchissement du bras du Danube par ses troupes, sous un violent orage. Le 5 juillet à 6h du matin, Oudinot, Masséna et la division Friant du corps de Davout sont passés sur la rive gauche. Ce sont plus de 30 000 hommes massés au nord. Jusqu'à 9h, les ponts de Enzersdorf, Wittau et Mühllein sont sous contrôle français. Les Français se sont déployés en quart de cercle, la droite au Russbach, la gauche près du Danube. Les Autrichiens se tiennent à l'extérieur de ce quart de cercle, parallèlement à la ligne française. La mission la plus importante est confiée à Masséna et son 5e corps, puisqu'il devra à lui seul couvrir toute l'aile gauche du dispositif. A 19h, la division Molitor atteint Breitenlee, Boudet atteint Kagern, Carra Saint-Cyr, Leopoldau, et Legrand, Sussenbrünn. Le corps de Masséna tient à lui seul un front de 7 à 8 km. Mais en se déployant, les troupes françaises sont fragilisées à la droite des Autrichiens qui ne manquent pas de marcher sur Aspern.
Le 6 juillet, à l'aube, l'archiduc Charles lance deux offensives : l'une sur la droite des Français (Davout), l'autre sur la gauche (Masséna). Davout parvient à repousser l'adversaire jusqu'au plateau de Neusiedel. La droite autrichienne reprend le village d'Aderklaa. Les divisions de Masséna, isolées, marchent vers Aderklaa. A 11h, la division Molitor est rejetée d'Aderklaa. A 11h30, Napoléon ordonne à Masséna de se porter vers le sud et à Macdonald de reprendre l'espace laissé par ce dernier. A 13h, Masséna est prêt à passer à l'offensive, malgré une blessure au pied qui l'oblige à se déplacer en calèche. Il lance l'attaque centrale. L'offensive devient générale à 14h. A 18h, alors que la victoire française est acquise, le général Lasalle se fait tuer en chargeant à la tête de ses escadrons. A 20 heures, tout est terminé. Les Français ont perdu 37 000 hommes et les Autrichiens 43 000.
Après cette victoire à Wagram, Napoléon perd la trace de l'armée autrichienne. Mais très vite, il acquiert la certitude qu'elle se replie sur Znaïm et se lance à sa poursuite. Les combats reprennent à Znaïm dès le 10 juillet 1809