La paix d’Amiens (de janvier 1801 à juin 1802)

Période : Directoire-Consulat-Ier Empire/Directory-Consulate-1st Empire
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Janvier – Février

29 Janvier – L’Espagne pose un ultimatum au Portugal pour rompre ses relations avec l’Angleterre.

9 Février – Paix de Lunéville
Conséquence de la victoire du général Moreau à Hohenlinden le 12 frimaire an IX (3 décembre 1800), l’armistice est signé à Steyr, ville située au nord de l’Autriche, le 4 nivôse an IX (25 décembre 1800). Quelques semaines plus tard, un traité de paix est signé à Lunéville entre la France et l’Autriche, le 20 pluviôse an IX (9 février 1801), par Joseph Bonaparte, à la tête de la délégation française chargée de négocier la paix, et le chancelier d’Autriche Cobenzl. Le traité reproduisait celui de Campio-Formio et stipulait le rétablissement de la République cisalpine en Italie. L’Autriche reconnaissait les transformations opérées en Suisse (République helvétique), et en Hollande. Le traité de Lunéville est publié le 24 pluviôse an IX (13 février 1801) dans la Gazette nationale ou Moniteur Universel. Décidée au lendemain de la paix de Lunéville, l’annexion du Piémont devient officielle par le sénatus-consulte du 24 fructidor an X (11 septembre 1802).

27 Février – L’Espagne déclare la guerre au Portugal.

14 Mars – Démission de Pitt : Addington devient premier ministre le 17.
Addington remplace Pitt, qui quitte le gouvernement après avoir tenté de reprendre sa démission donnée le 8 février 1801, officiellement parce qu’il s’opposait à la politique royale défavorable aux catholiques, officieusement en raison de l’échec de sa politique contre la France. Cornwallis démissionne également de son poste de Vice-roi d’Irlande soutenant Pitt.

23 Mars – Le Tsar Paul Ier est assassiné ; l’Angleterre est suspectée de collusion.

1801, Avril-Juin

2 Avril – Bataille de Copenhague
Nelson remporte une victoire décisive contre les Danois, malgré leur demande d’armistice. Cette victoire anglaise annonce le glas de la ligue des Neutres, constituée du Danemark, la Russie, la Suède et la Prusse en décembre 1800.

19 Mai – Les troupes de Godoy entrent au Portugal : cet épisode connu sous le nom de la « Guerre des Oranges », prend fin avec la signature du traité de paix de Badajoz (7 juin) par Godoy « le Prince de la Paix » et le ministre portugais Pinto (le Portugal doit payer 15 millions de livres d’indemnités, fermer ses ports aux bateaux anglais et la région de Olivenza est cédée à l’Espagne).

17 Juin – Le Tsar Alexandre Ier signe un traité de paix avec l’Angleterre : la Ligue des neutres est dissoute.

27 Juin – Au Caire, Belliard capitule devant les Anglais.
Le général Augustin-Daniel Belliard (1769-1832) était retranché dans la ville égyptienne depuis la mi-avril avec 5000 hommes, alors que Lagrange se trouvait à Rahmanieh avec 4000 hommes, et Menou à Alexandrie avec 6000 hommes. Alors que les Anglais prenaient Rosette le 8 avril 1801, et qu’une rupture des digues entre le lac de Madieh et le lac de Maréotis, provoquée par les Anglais, isolait Alexandrie le 13 avril, Lagrange fut amené à se replier sur Le Caire le 10 mai : l’armée française d’Orient se retrouvait coupée en deux. Devant la menace accrue de la peste, le début du siège par les Anglo-Ottomans, l’isolement et le désespoir de voir arriver des troupes de France, Belliard demanda une suspension des combats puis signa la capitulation. Ce fut à partir du 14 juillet que les 13600 Français, militaires, savants, employés, quittèrent Le Caire. La fin de l’expédition d’Égypte fut marquée le 31 août 1801 par la capitulation de Menou à Alexandrie.

1801, Juillet-Août

6-12 Juillet – Combat naval à Algesiras entre une flotte anglaise conduite par l’amiral Saumarez, et une flotte franco-espagnole. Les pertes anglaises se limitent à un vaisseau de ligne (Hannibal), 130 morts et 240 blessés alors que les pertes franco-espagnoles se montent à 5 vaisseaux de ligne et plus de 1 700 morts.

4 Août – Latouche-Tréville repousse l’attaque anglaise et défait Nelson à Boulogne.
31 Août – Le général Menou et ses troupes se rendent aux Anglais à Alexandrie, et sont rapatriés en France sur des bateaux anglais.

1801, Octobre

1er Octobre – Lord Hawkesbury et Louis-Guillaume Otto signent à Londres les préliminaires à la Paix d’Amiens.
L’Angleterre rend à la France, à l’Espagne (sauf Trinité) et la République batave(sauf Ceylan),  les colonies et les possessions occupées depuis que la guerre a commencé en 1793, ainsi que l’île de Malte aux chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean.
La France abandonne toutes ses prétentions en Égypte, évacue Naples et les États pontificaux, reconnaît l’indépendance des îles Ionniennes (République des Sept Iles),.
L’article 15 annonce l’organisation d’une conférence de paix à Amiens pour décembre.
Chargé de porter la ratification des préliminaires de paix entre la France et l’Angleterre, Jacques-Alexandre-Bernad Law, comte de Lauriston (1768-1828 ; d’origine écossaise, il est le petit-fils du financier John Law 1671-1729) est acclamé et porté en triomphe par la foule londonienne, qui crie « Vive Bonaparte ».

8 Octobre – Un traité franco-russe est signé à Paris, par le comte de Marcov, le ministre des Relations extérieures qui représente le Tsar dans la capitale française : ce traité signe l’entente des deux pays sur plusieurs questions italiennes et notamment l’indépendance du royaume de Naples ; il affirme également la position de médiateur de la Russie dans le règlement des affaires en Europe et la volonté franco-russe de faire tous les efforts pour maintenir la paix générale en Europe.

1802, Janvier-Mars

25 Janvier – Bonaparte est élu Président de la République italienne, nouvelle appellation de la République Cisalpine à partir du 26 janvier. Francesco Melzi d’Eril en devient le vice-président.

6 Février – Le général Victoire-Emmanuel Leclerc (1772-1802) lance sa première attaque contre Toussaint-Louverture. Le général français avait quitté Brest le 14 décembre 1801, et accosté à Saint-Domingue le 29 janvier 1802.

25 Mars – La paix est signée à Amiens par Joseph Bonaparte, pour la France, et Lord Cornwallis, pour l’Angleterre. L’Espagne et la République batave sont représentées respectivement par Azzara et Schimmelpenninck. En plus des dispositions prises lors des préliminaires de Londres, la République batave conserve le Cap de Bonne Espérance. L’Angleterre doit évacuer Porto Ferraio (Ile d’Elbe) et Malte (mais la planification pour l’indépendance de l’île est suspendue ; placée sous la tutelle du royaume de Naples, un allié des Anglais, Malte demeure sous influence anglaise). L’article 8 affirmant l’intégrité des « territoires, possessions et droits » de la Sublime Porte (la Turquie), les Britanniques doivent abandonner leurs prétentions en Égypte.
L’Espagne récupère Minorque mais pas Trinité qui demeure possession anglaise.
La France doit évacuer le royaume des Deux-Siciles, le Portugal, l’Égypte et les États pontificaux, mais aucune mention ne figure dans le traité sur la Belgique et la rive gauche du Rhin, occupés par les Française suite au traité de Lunéville.

1802, Mai-Juin

1-6 Mai – Toussaint-Louverture, vaincu, tente de négocier sa reddition.

8 Mai – Le Sénat vote une prolongation de 10 ans des pouvoirs de Bonaparte : ce dernier décide de contourner ce résultat en en appelant aux citoyens.

10 Mai – Réunion extraordinaire du Conseil d’État pour organiser le plébiscite :  » Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie ?  » Deux jours plus tard, le Tribunat vote pour le Consulat à vie à l’unanimité (sauf Carnot), et le Corps législatif, également à l’unanimité sauf trois voix. Le plébiscite est organisé jusqu’au 1er juin, et les résultats sont connus début août : Napoléon Bonaparte est proclamé Consul à vie par le Sénat, qui lui communique alors les résultats du plébiscite : 3 568 885 citoyens ont voté pour, 8 374 contre.

25 Juin – La France conclue la paix avec la Sublime Porte (La Turquie) à Paris.

Après dix années de guerre, la France connaît enfin la paix. Comme l’écrit Talleyrand dans ses Mémoires (Paris : Jean De Bonnot, 1967, vol. 1, p. 286) : « On peut le dire sans la moindre exagération, à l’époque de la paix d’Amiens, la France jouissait au dehors, d’une puissance, d’une gloire, d’une influence telles, que l’esprit le plus ambitieux ne pouvait rien désirer au delà pour sa patrie. Et ce qui rendait cette situation plus merveilleuse encore, c’était la rapidité avec laquelle elle avait été créée. En moins de deux ans et demi, c’est-à-dire du 18 brumaire (9 novembre 1799) au 25 mars 1802, date de la paix d’Amiens, la France avait passé de l’avilissement où le directoire l’avait plongée, au premier rang en Europe. »

Auteurs : P. Hicks, I. Delage, mars 2002

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