Sous le Premier Empire, la prostitution redevient un délit (il avait été aboli sous la Révolution) dès qu'elle est visible dans la rue : les filles publiques les plus pauvres (16% de l'ensemble des prostituées – 22 000 à 25 000 femmes, d'après une enquête de police de 1810) étaient ainsi refoulées vers les quais, notamment près de l'Hôtel de Ville et surtout l'île de la Cité, afin d'être moins visibles. Mais la prostitution dans la capitale a plusieurs visages : on estime que 9 000 travaillent en maison de tolérance (l'un des hauts lieux de concentrations de ces maisons est le quartier du Palais-Royal) tandis que 3 000 à 4 000 travaillent en « indépendantes » en louant leurs propres chambres ou en étant entretenues. Enfin une part non négligeable (7 000 à 9 000) exerce le plus vieux métier du monde uniquement de manière sporadique, pour arrondir les fins de mois. Il y a, enfin, une autre forme de prostitution qui échappe aux statistiques : celle des femmes galantes, que bientôt on nommera « semi-mondaines » au cours du XIXe s. Ces femmes côtoient l'élite politique et culturelle, sont parfois actrices officiellement et font la mode ; elles échappent à tout arrestation ou internement par la Police car protégées dans les hautes sphères.
Source :
– Image sur le site de la Bibliothèque nationale de France
– Atlas de Paris au temps de Napoléon, Irène Delage et Chantal Prévot, 2014, éd. Parigramme
Pour aller plus loin :
– De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de l'hygiène publique, de la morale et de l'administration : ouvrage appuyé de documens statistiques puisés dans les archives de la Préfecture de police. Tome 1, A.-J.-B. Parent-Duchâtelet, 1836
Caricatures parisiennes. Le Sérail en boutique (Garde-à-vous, 1)
Artiste(s) : Anonyme
- Date :
- 1805 ?
- Technique :
- Estampe
- Lieux de conservation :
- Estampes et photographie, bibliothèque nationale de France, TF-19-FOL
- Crédits :
- Bibliothèque nationale de France