Sur cette toile de Jacques-Augustin Pajou (1766-1828), exposée au Louvre durant le Salon de 1810, Talma, grande figure du théâtre sous le Premier Empire, tient le rôle masculin titre, Antiochus, dans la tragédie Rodogune, princesse des Parthes de Pierre Corneille (écrite en 1645). Antiochus s’apprête à boire la coupe empoisonnée que lui a donnée sa mère, Cléopâtre, interprétée par Mlle Raucourt. Sa fiancée Rodogune, jouée par Mlle Duchesnois, l’en empêche et accuse l’empoisonneuse.
Les autres personnages présents sont, à gauche, Oronte (interprété par Barbier), ambassadeur du roi des Parthes ; derrière Démétrius, Timagène (joué par Desprez), son gouverneur ; soutenant Cléôpatre, Laonice (interprétée par Mlle Thénard la jeune), sa confidente. ► Lire la pièce Rodogune, princesse des Parthes, par Pierre Corneille (édition 1667 numérisée par BnF/Gallica)
Légèrement désaxé, mais centre principal de la toile, figure l’acteur François-Joseph Talma (1763-1826), immense « star » de son époque, que la Comédie-Française actuelle décrit en 2023 comme « le plus grand acteur tragique de l’histoire du théâtre français » dans la notice qui lui est consacrée sur son site Internet.
Survivant de la Terreur (Marat le détestait), apprécié par Bonaparte puis Napoléon, avec qui il échangeait très régulièrement, Talma dut sans aucun doute à son grand talent de ne pas avoir été disgracié après la chute de l’Empire. Il fut fait doyen de la Comédie-Française deux ans avant de succomber à un cancer des intestins, en 1826.
Enterré au Père-Lachaise, où ses obsèques furent massivement suivies par la population parisienne, il n’avait quitté la scène que quelques semaines avant son décès.
Jacques-Augustin-Catherine Pajou, auteur de cette toile, est le fils du célèbre sculpteur néoclassique Augustin Pajou. Ami du baron Gérard, Pajou fils a notamment produit sous le Premier Empire une Clémence de Napoléon envers mademoiselle de Saint-Simon, aujourd’hui perdue, dont on ne conserve qu’une évocation par Charles-Paul Landon qui l’a croquée lors de sa visite au Salon de 1812.
Il a également exécuté la commande d’un portrait en pied du maréchal Berthier en 1808, aujourd’hui conservé au château de Versailles.
Marie de Bruchard
Mars 2023 – Avec l’aide de la notice de Paris Musées consacrée à l’oeuvre