Dans son atelier installé dès 1854 au 113 de la rue Saint-Lazare à Paris, puis, à partir de 1860 au 35 boulevard des Capucines, le photographe Nadar y reçoit tout ce que Paris compte comme personnalités en vue : hommes politiques (Guizot, Proudh'on), acteurs (Bernhardt), écrivains (Hugo, Baudelaire, Sand), peintres (Corot, Delacroix) et tant d'autres…
Il les photographie simplement, sans accessoire inutile, à la lumière naturelle des hautes verrières souvent réfléchies sur de grands panneaux mobiles. Les poses très classiques (comparables à celles de Ingres) valent surtout par la grande qualité dans le choix des expressions qui révèlent parfaitement la personnalité de ses modèles et prouvent que Nadar était fin connaisseur de ses contemporains et qu'il avait su créer avec eux une grande complicité. Dans cette période, où le portrait s'industrialise dans un académisme convenu, Nadar supprime les accessoires picturaux, les décors conventionnels et refuse la retouche, au profit de « l'expression vraie et de cet instant de compréhension qui vous met en contact avec le modèle, qui vous aide à le résumer, vous guide vers ses idées et son caractère. »
Mais à partir de 1860, à cause de la forte concurrence, Nadar accepte des compromis commerciaux, fait des portraits carte de visite (petits formats produits en série et très bon marché inventés par Disdéri).
(Extrait de l'article de Pierre-Jean Amar : « Gaspard-Félix Tournachon dit Nadar », in Célébrations nationales 2010)
L’art du portrait par Nadar (1820-1910)
Artiste(s) : NADAR Gaspard-Félix Tournachon dit