« Violettes du 20 mars 1815 »

Artiste(s) : CANU Jean-Dominique-Etienne
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Pendant la période de la Restauration en France, la violette était un symbole de la cause bonapartiste de la même façon que le lys représentait la cause monarchiste. Cette fleur est devenue si fortement associée à Napoléon Bonaparte qu’il a même été surnommé « Père la Violette » dans les chansons populaires de l’époque. La violette servait également de signe secret de reconnaissance parmi les conspirateurs qui complotaient contre la monarchie des Bourbons. Lorsque Napoléon est exilé sur l’île d’Elbe, tous attendent son retour au printemps, au moment de l’éclosion de cette petite fleur. L’estampe des « Violettes du 20 mars 1815 », par Jean-Dominique-Etienne Canu est le symbole du retour de Napoléon de l’île d’Elbe et son arrivée à Paris, le 20 mars 1815. Cette gravure au pointillé colorée du bouquet de violettes sert aussi d’ornement pour représenter les profils de Napoléon, de Marie-Louise et du roi de Rome. Une gravure d’un bouquet de lys similaire présentait quant à lui les profils de Louis XVIII, du comte d’Artois et de la duchesse d’Angoulême, datée du 10 mai 1815. 

 

« Violettes du 20 mars 1815 »
« Violettes du 20 mars 1815 », par Jean-Dominique-Etienne Canu
© BnF Gallica

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Les gravures séditieuses représentant la trinité impériale ont obtenu un grand succès et ont servi de réponse aux caricatures. Les profils de Napoléon, de Marie-Louise et du roi de Rome s’inscrivent dans les contours du bouquet de violettes : Marie-Louise (à gauche) et Napoléon (à droite) se font face dans la partie supérieure du bouquet et, sur son bord extérieur, le bicorne de Napoléon est formé d’une feuille. Le roi de Rome est de profil à droite au milieu et en dessous de ses parents.

Comparaison avec le « Lys du 10 mai 1815 » où les profils de Louis XVIII, du comte d’Artois et de la duchesse d’Angoulême s’inscrivent dans les contours d’un bouquet de lys. Cette estampe a été réalisée pendant une période de transition politique en France, qui a vu la chute de Napoléon et la restauration de la monarchie sous Louis XVIII, puis le retour de Napoléon. Les contours des profils de chaque figure sont clairement visibles dans les fleurs, mais ils sont subtilement cachés pour que seules les personnes averties puissent les percevoir.

« Lys du 10 mai 1815 »
© BnF Gallica

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Ces deux estampes, bien que simples en apparence, sont en réalité des œuvres d’art subtiles et complexes qui transportent le spectateur dans une lutte politique insoupçonnée. Il s’agit d’une allégorie politique destinée à souligner la rivalité entre les deux factions qui se disputaient le pouvoir à l’époque. Les contours cachés des profils de chaque personnage dans les fleurs étaient une façon subtile de faire passer un message secret aux partisans de chaque camp.

Claudia Bonnafoux, web-éditrice des sites de la Fondation Napoléon (21 mars 2024)

Date :
1815
Technique :
Gravure au pointillé, colorée
Lieux de conservation :
Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE QB-370 (72)-FT 4
Crédits :
© BnF Gallica
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