Athénienne de Napoléon Ier

Artiste(s) : BIENNAIS Martin-Guillaume
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Athénienne de Napoléon Ier
© RMN-Arnaudet

« Il y avait dans la chambre de l’Empereur un magnifique lavabo en argent sur trépied à cols de cygnes avec une aiguière de même métal, ouvrage de Biennais orfèvre ; mon désir de m’en emparer était combattu par la crainte de faire un acte répréhensible. L’Empereur avait loué ce meuble dans son usage, je savais de quelle privation il serait pour lui, il aimait après sa barbe, se mettre la figure dans beaucoup d’eau […] dans la pensée de lui être agréable, je le fis porter à ma voiture et je le couvris de mon manteau pour ne point éveiller l’attention des passants dans Paris et sur la route« . Voilà comment Marchand décrit dans ses Mémoires la récupération, fin juin 1815, d’un petit meuble placé durant les Cent-Jours dans les appartements de l’Empereur au palais de l’Elysée. Ce luxueux lavabo qui avait été livré à Napoléon sous le Consulat, inventorié en 1809 dans la chambre de l’Empereur aux Tuileries, puis à l’Elysée en 1815, suivit donc l’Empereur déchu à Sainte-Hélène grâce aux bons soins et à l’esprit d’initiative du fidèle Marchand.

Désigné à l’époque sous le nom d’athénienne, ce type de petit meuble caractéristique du néo-classicisme apparut en 1773, directement inspiré par un trépied antique représenté dans un tableau de Joseph-Marie Vien, Une prêtresse brûle de l’encens sur un trépied, dit La Vertueuse Athénienne. Le modèle de l’athénienne de Napoléon semble avoir été donné par Charles Percier et l’œuvre fut exécutée par Martin-Guillaume Biennais, aidé de Marie-Joseph-Gabriel Genu pour la cuvette et l’aiguière en argent. Tabletier, ébéniste, et orfèvre, Biennais fut le fournisseur officiel de la cour impériale. La fortune lui sourit quand, en 1798, il eut l’heureuse idée de faire crédit au jeune général Bonaparte à l’occasion de ses premiers achats. Plus tard, la célèbre enseigne « Au Singe Violet » livra au Premier Consul puis à l’Empereur tous ses nécessaires de voyage, la plus grande partie de l’orfèvrerie des tables impériales et, en 1804, c’est encore Biennais qui fut chargé d’exécuter les insignes de la cérémonie du Sacre, la couronne de lauriers, le sceptre, la main de justice, le globe crucifère et le grand collier de la Légion d’honneur portés par Napoléon.
Cette athénienne témoigne de l’extrême raffinement des productions de Biennais. L’élégance des pieds légèrement arqués se rehausse du riche répertoire décoratif en bronze doré mêlant symboles impériaux et références antiques appartenant au registre aquatique – cygnes, dauphins, chimères, abeilles, aigles. Objets du quotidien de Napoléon, deux accessoires de toilette en portent plus particulièrement le souvenir, l’aiguière et le bassin marqués de l’inscription : Ce meuble qui a servi à l’Empereur Napoléon jusqu’à ses derniers moments est échu en partage à sa sœur Caroline.

Karine Huguenaud, décembre 2003

Pièce présentée dans l’exposition « Napoléon à Sainte-Hélène, la conquête de la mémoire » au musée de l’Armée (6 avril-14 juillet 2016).

Date :
1802-1804
Technique :
if, bronze doré, argent
Dimensions :
H = 90,5 cm, Diam. = 47,8 cm
Lieux de conservation :
Paris, musée du Louvre
Crédits :
© RMN-Arnaudet
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