Buste de Napoléon Ier, par Houdon

Artiste(s) : HOUDON Jean-Antoine
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Buste de Napoléon Ier, par Houdon

Remarquable portraitiste qui immortalisa les grands hommes du XVIIIe siècle, Jean-Antoine Houdon reçut commande sous l’Empire d’une monumentale statue de bronze de Napoléon, prévue pour surmonter la colonne de la Grande Armée à Boulogne, tandis que les reliefs de la base étaient confiés à Jean Guillaume Moitte. Afin de fixer les traits de son illustre modèle, Houdon eut le privilège d’obtenir en 1806 des séances de pose au palais de Saint-Cloud : « […] S. M. l’Empereur a daigné m’accorder des séances pour faire son buste. J’ai été assez heureux pour qu’Elle fût satisfaite de la ressemblance« . Le buste en terre cuite, fruit de ces précieuses heures de travail, reste sans doute comme le plus beau portrait jamais exécuté de l’Empereur. Simplicité, sobriété, sévérité, émanent tout à la fois de ce visage d’une incroyable profondeur psychologique due à la rigoureuse observation du sculpteur. Figuré à l’antique, en hermès et diadémé, ce portrait de Napoléon semble s’inscrire ici dans la grande tradition du portrait romain.

Le public découvrit ce buste au Salon de 1806 avec une inscription pleine de superbe tracée sur le côté gauche : « Sa Majesté / l’Empereur et Roy / fait d’après nature / St Cloud Aoust 1806 / houdon f.  » Fierté affichée et méritée puisque, entre temps, Houdon avait obtenu la commande de deux bustes en marbre de l’Empereur et de l’Impératrice. Le Journal de la Revue philosophique rendant compte de l’œuvre affirma :  » le buste de l’Empereur est le plus ressemblant que je connaisse : c’est la nature, c’est la vie « . Usant de son habituelle technique d’incision des pupilles, l’artiste a en effet su rendre à merveille l’intelligence du regard, l’intensité de l’expression. Deux siècles plus tard, l’étrange fascination de ce portrait est toujours bien réelle.

Quant à la statue de la colonne de la Grande Armée, à l’origine de ce chef-d’œuvre, elle fut achevée en 1813 mais ne fut jamais installée. La colonne ne fut terminée qu’en 1821 mais la statue de l’Empereur en costume impérial, de 5 m de hauteur, avait déjà été détruite, fondue sous la Restauration pour fournir le bronze nécessaire à l’exécution de la statue équestre d’Henri IV par Lemot rétablie sur le pont Neuf en 1818.

Karine Huguenaud, mars 2004

Date :
1806
Technique :
terre cuite
Dimensions :
H = 52,5 cm, L = 26 cm, P = 20,5 cm
Lieux de conservation :
Dijon, musée des Beaux-Arts
Crédits :
© musée des Beaux-Arts, Dijon
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