L’administration générale des Postes et relais, un rouage essentiel
L’administration générale des Postes et relais est un rouage essentiel du bon fonctionnement de l’État et du développement économique : la circulation des correspondances (Poste aux lettres) comme des voyageurs et de leurs biens (Postes aux chevaux), doit pouvoir se faire en sécurité, dans des délais visant à se réduire, suivant une organisation rigoureuse. Le premier cadre étatique des relais de poste remonte au règne de Louis XI, suivant une organisation inspirée de l’Antiquité, le cursus publicus.
Durant le Consulat et l’Empire, cette administration est placée sous la tutelle du ministère des Finances, et confiée à Antoine-Marie de Lavalette (1769-1830), conseiller d’État et ancien aide de camp de Bonaparte. Plusieurs divisions et bureaux administrent les affaires générales, l’affranchissement, le routage de la presse, la surveillance du réseau des relais disséminés le long des routes. Dès le Consulat, le monopole du transport des correspondances avait été confirmé à la Poste aux lettres.
Les relais sont installés dans des fermes et tenus par des maîtres de postes, qui perçoivent des droits dont ils conservent une partie. Ils assurent l’entretien et la disponibilité de chevaux frais, peuvent proposer parfois des services pour les voyageurs (hébergement, nourriture). Ils emploient des postillons, chargés de conduire des courriers (employés qui accompagnent les dépêches, reçoivent et livrent celles des bureaux de postes sur leur route) et des voyageurs en malle-poste au relais le plus proche puis de revenir à vide, le retour se faisant à une allure modérée afin de ménager les montures. Sous l’Empire, le système s’appuyait en France sur 1 400 relais employant 16 000 chevaux et 4 000 postillons.
Des messageries d’État ou privées se sont développées, recourant au quadrillage des relais, pour offrir un service de diligences destinées au seul transport des voyageurs.
Le bon fonctionnement des postes implique la qualité des routes à travers l’Empire. Le réseau routier en France était constitué de grandes routes, de routes départementales et de chemins vicinaux. Un décret du 16 décembre 1811 définit un classement des routes :
► 14 sont qualifiées de première classe ou « routes impériales », entièrement à la charge de l’État, elles formaient un réseau en étoile menant de Paris aux frontières et à certains ports :
- la Belgique : routes impériales n° 1, n° 2 et n° 3
- la Prusse : routes impériales n° 4 et n° 5
- la Suisse : route impériale n° 6
- l’Italie : routes impériales n° 7 et n° 8
- le port de Toulon : route impériale n° 9
- l’Espagne : routes impériales n° 10 et n° 11
- le port de Rochefort : route impériale n° 12
- le port de Brest : route impériale n° 13
- le port de Cherbourg : route impériale n° 14.
► 13 de seconde classe (la charge étant partagé entre l’État et les départements),
► plus de 200 routes de troisième classe, départementales (à la charge des départements).
Le réseau ferroviaire remplaça peu à peu celui des postes aux chevaux, fermé en 1873.
L’état des postes et les cartes des routes pour préparer son voyage : délais, durée, parcours
L’état des postes et les cartes des routes sont édités chaque année afin de permettre aux voyageurs de déterminer leurs parcours, leur durée et leur coût.
L’état des postes indique le nom des relais et la distance entre eux de toutes les routes, soit menant de Paris à toutes les principales villes, soit faisant communiquer ces différentes villes entre elles. Il est précédé d’un calendrier de l’année, d’un extrait des lois et règlements relatifs à la poste aux chevaux, des tarifs.
► Voir un exemplaire de 1811 sur le site Gallica/BnF
L’exemplaire issu des collections de la Fondation Napoléon est composé d’un livre d’état, et de quatre cartes pour l’année 1812 conservées dans un étui :
• carte de l’Allemagne,
• carte de l’Italie,
• carte de l’Angleterre et France Nord,
• carte de France sud et de l’Espagne.
Les cartes ont été réalisées par Charles Picquet (1771-1827), géographe ordinaire de l’empereur Napoléon et des deux rois qui lui ont succédé, Louis XVIII et Charles X. Il fut membre de la Société géographique de Paris. Son fils Pierre-Charles (1794-1856) lui succéda et devint à son tour géographe du roi et du duc d’Orléans.
Les cartes ont été gravées par P.A.F Tardieu, graveur des Postes Impériales, identifié comme Antoine-François Tardieu, dit Tardieu de l’Estrapade, graveur et cartographe français (1757-1822).


Les conquêtes territoriales ont amené les administrateurs des Postes à adapter l’organisation des services postaux. Les mêmes règles de fonctionnement devant être en usage sur tout le territoire de l’Empire, elles furent traduites, par exemple en hollandais en 1808.
Irène Delage (cheffe du service Médiation et Documentation numérique)
mai 2025