Diadème transformable en broches et ornements de cheveux, dit diadème Leuchtenberg

Période : Restauration/Restoration
Artiste(s) : FOSSIN Jean-Baptiste
Partager
Diadème transformable en broches et ornements de cheveux, dit diadème Leuchtenberg
Diadème Leuchtenberg © Chaumet

Serti de 698 diamants et de 32 émeraudes – dont une grande émeraude hexagonale colombienne de près de 13 carats du XVIIIe siècle – ce rare bijou, dit diadème Leuchtenberg, se compose de huit pièces détachables montées sur or et argent.

S’il fascine par sa composition audacieuse, la qualité de ses pierres ou encore son illusion naturaliste, c’est aussi la provenance illustre de ce joyau qui lui confère un caractère exceptionnel. La création de cette pièce, ayant appartenu aux collections du duc Georges de Leuchtenberg, petit-fils d’Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie, et arrière-petit-fils de l’impératrice Joséphine, peut être attribuée à Nitot, joaillier officiel de l’empereur Napoléon Ier. Selon la tradition familiale, la reine Hortense, fille de Joséphine et sœur d’Eugène, aurait possédé ce diadème transformable. Bien que l’acquisition semble remonter au Premier Empire, le bijou a probablement été modifié entre 1830 et 1840 par le successeur de Nitot, Jean-Baptiste Fossin, dont les fleurs diamantées ont fait la renommée, afin de répondre au goût romantique.

Diadème Leuchtenberg : partie centrale © Chaumet
Diadème Leuchtenberg : partie centrale © Chaumet

En effet, à l’époque romantique, l’attrait pour la botanique, hérité de la passion de l’impératrice Joséphine au début du siècle, incite les femmes à parer leurs chevelures et leurs décolletés de fleurs fraîches. Ces ornements éphémères inspirent aux joailliers des diadèmes et devants de corsage composés de fleurs en boutons ou épanouies et de feuillages traités au naturel. La nature ainsi mise en scène est magnifiée par l’éclat des gemmes les plus précieuses. Cette mode est attribuée à la princesse Marie d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe et de la reine Marie-Amélie, par Madame Junot d’Abrantès qui note dans ses chroniques publiées en 1840 dans une célèbre revue de mode, La Sylphide : « C’est elle qui avait mis en vogue les guirlandes, ou dans chaque fleur est un diamant et des perles. ».

Ces créations joaillières visent à reproduire le spectacle de la nature vivante, notamment grâce à la technique chère à la Maison du montage sur « trembleuse ». La fleur centrale du diadème Leuchtenberg est ainsi montée sur un système de ressorts, qui lui permet de vibrer avec légèreté au gré des mouvements de la dame qui le porte et de jouer des effets de la lumière.

Ce diadème révèle également le savoir-faire de la Maison pour les bijoux transformables. Chaque élément peut ainsi être démonté de l’arc du diadème afin d’être porté individuellement en broche ou en ornement de cheveux, tandis qu’une seconde structure métallique permet de recomposer un bouquet qui peut être porté en devant de corsage.

Diadème Leuchtenberg : boîte © Chaumet
Diadème Leuchtenberg : boîte © Chaumet

Chef-d’œuvre naturaliste, caractéristique des créations de Fossin, cette pièce témoigne ainsi de l’observation précise du monde végétal, grâcieux, poétique, fugace, et de sa fidèle retranscription par les joailliers de la Maison Chaumet.

L’écrin original de cette œuvre, en maroquin rouge doré aux fers, présente une couronne royale et un décor de feuilles de chêne. Sa forme unique témoigne d’une création sur mesure s’adaptant au volume du bouquet de fleurs et feuilles, détachées de l’arc qui compose la structure du diadème.

Gilliane Berardini
Mars 2020

Gilliane Berardini est responsable des collections patrimoniales et coordinatrice des expositions au département du patrimoine de la Maison Chaumet

Date :
1830-1840
Technique :
Or, argent, émeraudes, diamants
Lieux de conservation :
Paris, Collection Chaumet
Crédits :
© Maison Chaumet
Partager