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Inscription : Sur la reliure « DONNE PAR SA MAJESTE / L’EMPEREUR ET ROI / AU MARECHAL LANNES / DUC DE MONTEBELLO » Présence d’une étiquette à l’intérieur du réceptacle de l’étui, encre noire « GARNESSON / Palais Royal »
Dimensions :
– de l’écritoire : hauteur : 32,2 (fermé) / 32,2 (ouvert)
– de l’étui : hauteur, 31 cm ; diamètre, 4 cm
Description : Écritoire de campagne à message en maroquin rouge, fermant avec un ruban vert. L’extérieur de l’écritoire est décoré d’un semis d’abeille et d’une dédicace justifiant la donation de l’Empereur au maréchal Lannes. L’emplacement réservé à l’écriture et notamment à la signature des documents est décoré d’une bordure de palmettes. On notera la présence de « N » dans les quatre coins de cette page. L’existence de tâches d’encre sur l’écritoire témoigne de son utilisation. L’étui rond rigide à quatre compartiments est encore présent dans le réceptacle de l’écritoire. Il contient deux outils d’écriture : son encrier et son poudrier en métal argenté.
On connaît les liens d’amitié qui liaient Napoléon et le maréchal Lannes, à la fois anciens et sincères. A la mort du maréchal en 1809, l’empereur estima avoir perdu un ami mais aussi un confident. Ce cadeau témoigne une fois de plus de la force de leur relation. Avant qu’il ne le remette à son vieux camarade de combat, l’écritoire servait de support aux ordres rédigés par Napoléon pendant les manœuvres militaires ou au cœur des combats. Un chasseur de l’escorte ou un aide de camp de l’empereur en conservait toujours un par devers lui, se tenant prêt à le déplier si besoin. Il arrivait parfois qu’il soit déployé sur le dos de celui qui le convoyait ou d’un autre militaire. Seul comptait alors la rapidité d’exécution comme en témoigne cette phrase célèbre de Napoléon : « Je préfère perdre une bataille plutôt qu’une minute ». Dès lors, on ne s’étonnera pas que l’empereur ait voulu généraliser ce dispositif épistolaire en l’offrant à l’un de ses proches. Ainsi équipé, le maréchal n’avait donc plus d’excuses pour ne pas répondre sur le champ aux missives toujours impatientes de son souverain.
Comme tout ce qui entourait Napoléon, l’écritoire fut finement exécuté par les artisans de l’époque. A travers chaque objet du quotidien, il fallait en effet rappeler la majesté du nouveau régime. Cette règle était valable aussi bien au palais des Tuileries qu’en campagne. Les tâches d’encre bien visibles sur l’écritoire démontrent que, malgré leur esthétique et leur qualité, ce genre d’accessoires servait usuellement. Partant, ils étaient également conçus de manière pratique comme en témoigne l’ingéniosité de cet écritoire. La pompe impériale ne devait jamais être un obstacle à l’efficacité. On reconnaît bien là la marque de Napoléon au pragmatisme toujours étudié. D’ailleurs, que n’aurait-il pas fait avec nos modernes tablettes électroniques, lointaines descendantes de cette écritoire ?
Pierre Branda
Responsable du pôle Patrimoine, Fondation Napoléon
Janvier 2015
Cet objet a été donné à la Fondation Napoléon par SAS le Prince Albert II de Monaco, le 15 décembre 2014.