Fusil de chasse de Napoléon Ier

Artiste(s) : LE PAGE Jean (1779-1822), armurier
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Fusil de chasse de Napoléon Ier
Fusil de chasse de Napoléon Ier © Fondation Napoléon- Patrice Maurin-Berthier

Signé Le Page à Paris – Arquebusier de l’Empereur
Inscription gravée « Ile d’Aix le 15 juillet à 8 heures du soir 1815 »

Voir l’image en grand format sur le site des collections de la Fondation Napoléon

Ce grand fusil de chasse fut offert par Napoléon au capitaine Besson le 14 juillet 1815 en guise d’ultime remerciement pour avoir organisé une tentative d’évasion vers les États-Unis.
La plaque d’argent découpée en écu incrustée sur la face extérieure de la crosse et portant l’inscription commémorative, Ile d’Aix le 15 juillet à 8 heures le soir 1815, fut certainement apposée à la demande d’un des fils de Besson ; ce dernier n’aurait pas fait de confusion entre le 14, jour où l’arme fut offerte, et le 15 juillet, jour où Napoléon, embarquant sur le Bellorophon, remit son sort entre les mains des Anglais.

Après la défaite de Waterloo le 18 juin 1815 et son abdication le 22 juin, Napoléon était parvenu le 3 juillet suivant à Rochefort où deux frégates, La Saale et La Méduse, avaient été mises à sa disposition par le gouvernement provisoire pour le conduire aux États-Unis. Alors que l’attente des sauf-conduits se prolongeait et devant l’incertitude du sort de l’Empereur réfugié sur l’île d’Aix, plusieurs projets d’évasion lui furent soumis dont celui du lieutenant de vaisseau Jean-Victor Besson (1781-1837). Ce dernier se proposait d’embarquer Napoléon sur La Magdalena, un brick portant pavillon danois, propriété de son beau-père, qui transportait de l’eau de vie pour le compte de la maison Pelletreau de Rochefort. Deux barriques vidées et capitonnées avaient été aménagées pour servir de cachette en cas d’arraisonnement par les Anglais.

Accepté par Napoléon, le projet donna lieu à un contrat fictif d’affrètement signé entre Besson et Las Cases. Le 13 juillet, alors que le départ était prévu pour la nuit même, Besson fut informé par Napoléon de sa décision de se livrer aux Anglais. Les bagages furent déchargés dans la journée du 14 et, dans la soirée, Napoléon reçut Besson qui donna plus tard le récit des événements et de cette dernière entrevue : « Dès que l’Empereur me vit entrer, il vint à moi et dit : « Capitaine, je vous remercie à nouveau, aussitôt que vous vous serez rendu libre ici, venez me voir en Angleterre. J’y aurai encore sans doute, ajoutait-il en souriant, besoin d’un personnage de votre caractère […] alors, il prit parmi les armes pour son usage personnel qui se trouvaient dans un angle de la pièce, un riche fusil à deux coups qu’il avait emporté longtemps à la chasse et, tout en me le tendant, il me dit d’une voix émue : « Je n’ai plus rien dans ce monde-ci à vous offrir mon ami, que cette arme. Veuillez l’accepter comme un souvenir de moi ». La Magdalena appareilla le soir même sans son illustre passager et franchit sans être inquiétée la croisière anglaise.

Destitué à la Restauration, Besson s’essaya sans enthousiasme au commerce maritime puis se mit au service de Méhemet Ali, terminant sa carrière comme vice-amiral et major général de la flotte égyptienne. Transmis de génération en génération, le fusil de Napoléon est resté dans la famille Besson jusqu’en 1977, date de sa mise en vente à Drouot et de son acquisition par Martial Lapeyre.

Karine Huguenaud
(octobre 2004)

Cet objet fait partie des Chefs-d’œuvre de la Collection de la Fondation Napoléon à découvrir ici.

Date :
1815
Technique :
Noyer, argent, or, fer, acier, cuir
Dimensions :
L = 133 cm
Lieux de conservation :
Paris, Fondation NapoléonInv. 1111, donation Lapeyre
Crédits :
© Fondation Napoléon, Patrice Maurin-Berthier
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