De retour en France, vainqueur après la bataille de Marengo le 14 juin 1800, Bonaparte fit étape les 28 et 29 juin à Lyon. À cette occasion, la municipalité de la ville lui offrit cet habit de Premier consul, en velours de soie uni rouge corail, brodé, or et argent, de motifs de feuilles d’olivier ; habit dit « à la française », à un seul rang de boutons, sans revers, fermé sur la poitrine mais s’évasant sur les cuisses, aux longues basques, comme on pouvait en porter à la Cour de France sous le règne de Louis XVI. Seul le col droit est typiquement à la mode du Consulat et le restera sous l’Empire.
Il s’agissait donc, avec son gilet et sa culotte, d’une tenue de cérémonies, destinées aux grandes occasions, contrairement à l’habit quotidien, croisé, à col rabattu, et aux broderies moins riches, comme on le peut le voir représenté sur le portrait du Premier Consul par Antoine-Jean Gros et que, du reste, Bonaparte délaissa après Marengo.
Le Premier Consul porta spécialement cet habit le dimanche de Pâques 18 avril 1802 (28 germinal an X), à la messe célébrée à Notre-Dame de Paris pour la signature du Concordat et au grand dîner qui s’ensuivit, aux Tuileries.
Las Cases l’évoque dans le Mémorial de Sainte-Hélène, au 10 janvier 1816 :
« L’Empereur s’est fait ouvrir les armoires, elles n’ont présenté que son linge et ses habits ; le tout était fort peu considérable, et pourtant il s’étonnait encore d’être si riche.
On y voyait son habit de Premier consul, en velours rouge, brodé soie et or ; il lui avait été présenté par la ville de Lyon ; circonstance qui faisait sans doute qu’il se trouvait ici, son valet de chambre sachant qu’il l’affectionnait beaucoup, parce qu’il lui venait, disait-il, de sa chère ville de Lyon. »
Finalement, Napoléon l’offrit à la fille du Grand Maréchal Bertrand, Hortense, future madame Thayer, pour qu’elle en fasse une robe ! Fort heureusement, elle s’en abstint et en fit plus tard don au prince Victor Napoléon à qui il fut acheté en 1979. Il est aujourd’hui conservé au château de Malmaison.
Denis Carlier
février 2009