En 1979, le prince et la princesse Napoléon ont cédé à l’Etat 17 écrins, 11 recouverts de moire et de velours de soie bleu, six de moire et de velours de soie rouge, ayant appartenu pour les premiers à Napoléon III, pour les derniers au prince impérial. Ces écrins contiennent un exceptionnel ensemble de décorations. A l’origine, ils étaient rangés dans trois coffres en acajou et cuivre aujourd’hui conservés dans une collection privée.
L’écrin Légion d’honneur du coffre 1 contenait une plaque, une grand-croix, une croix de chevalier de la Légion d’honneur et une Médaille militaire en diamants, payés par l’empereur sur sa dotation personnelle. L’empereur emporta la plaque et la grand-croix au début de la guerre contre la Prusse. Que devinrent-ils ensuite ? En 2008, l’ambassadeur Antonio Benedetto Spada déposa au musée de la Légion d’honneur une grand-croix de la Légion d’honneur réputée avoir appartenu à Napoléon III, dont les dimensions correspondent à celle d’une alvéole de l’écrin. Pour autant, il nous est difficile d’affirmer que le bijou conservé par le musée est à coup sûr celui qui se trouvait dans l’écrin au départ du souverain. L’absence de sources archivistiques, en particulier de description précise des joyaux de l’empereur, nous contraint à la prudence.
Tout ce que nous pouvons dire, c’est que Napoléon III disposa durant son règne d’au moins deux ensembles d’insignes français en diamants : celui de l’écrin, dont la date de fabrication est inconnue, et celui des joyaux de la Couronne, réalisé par Ouizille-Lemoine en prévision de l’Exposition universelle de 1855. Pour cette occasion, Napoléon III fit dessertir un certain nombre de bijoux appartenant à la Couronne, dont la plaque et la grand-croix de la Légion d’honneur portées sous les régimes royaux. Le 12 mars, il les confia à Lemoine. Le bijoutier acheva de les monter le 24 avril et adressa sa facture à l’empereur le 26 juin. La plaque comprenait 673 brillants, la grand-croix 284 brillants, 28 émeraudes et 11 rubis, la croix de chevalier 116 brillants, 98 roses, 42 émeraudes et 4 rubis, la Médaille militaire 321 brillants et 36 roses.
Ces insignes survécurent aux évènements de 1870-1871, notamment grâce à la bravoure du maréchal Vaillant, grand maréchal du Palais. Après avoir été exposés au public en 1878 et 1884, ils furent sottement démontés et leurs pierres vendues aux enchères par l’Etat en 1887.
Laurence Wodey
Ancienne Conservateur adjoint du musée de la Légion d’honneur, historienne
Texte extrait du catalogue Ecrins impériaux, splendeurs diplomatiques du Second Empire, HM éditions, 2011, p. 100-101.
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