Le salon de réception de Malmaison n’a pas toujours été tel qu’il se présente aujourd’hui. Il a subi, depuis l’Empire, plusieurs transformations.
En 1800, un premier mobilier est commandé aux frères Jacob, ébénistes. Il se compose de deux canapés, de deux bergères, de huit fauteuils et de douze chaises, en bois d’acajou, avec des figures égyptiennes. Les sièges sont recouverts de velours de soie bleu ornés de galons d’or. Six de ces fauteuils subsistent, rachetés par le musée en 1986. Ils sont actuellement exposés dans le salon, recouverts de velours bleu et galons dorés.
En 1811, l’impératrice Joséphine décide de renouveler ce mobilier. Jacob-Desmalter livre à Malmaison deux causeuses, huit grands fauteuils de forme gondole, douze chaises, six tabourets en x et deux tabourets de pied. L’ensemble était en bois peint en blanc rechampi or et couverts d’une tapisserie brodée à petits points sur un fond de soie blanche ornée d’un double J enlacé, surmonté d’une couronne de roses. L’Impératrice et ses dames auraient peut-être exécuté ses broderies. Après la mort de Joséphine, le mobilier considéré par Eugène comme un souvenir de famille, fut envoyé à Munich où il résidait. Il est conservé au château de Nymphenbourg, mais sans sa garniture d’origine.
Quant aux meubles qui ornent aujourd’hui le salon de compagnie de Malmaison, ils proviennent du palais de Saint-Cloud et furent commandés en 1802 pour le salon de l’Impératrice aux frères Jacob. Il s’agit de huit fauteuils, quatre chaises et deux causeuses en bois doré, le dossier à volutes et des figures égyptiennes aux accoudoirs, ainsi que deux tabourets de pieds (six autres chaises en acajou appartenant au même ensemble, sont conservées en réserve). Ces meubles furent installés à cet emplacement en 1866 par Napoléon III pour remeubler le château. Ils furent recouverts d’un gros de Tours jaune à médaillons et bouquets de lilas, tissé en 1812 par Jean-Pierre Seguin à Lyon, pour le quatrième petit salon de l’appartement de Napoléon Ier au palais de Versailles mais non employé sous l’Empire. Utilisée en 1819 pour la duchesse d’Angoulême, cette étoffe, dont il devait rester un métrage important à Saint-Cloud, fut envoyée à Malmaison pour en recouvrir les meubles du salon. C’est cet ensemble qui constitue le Salon doré. Il n’a pas été refait depuis le Second Empire. Les couleurs ont gardé leur fraîcheur mais l’usure est considérable.
Claudette Joannis, mai 2006
Conservateur en chef du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau
L’Association pour la restauration du mobilier napoléonien a lancé une action de mécénat afin de restituer le mobilier du Salon doré.