Lit de campagne de Napoléon

Artiste(s) : DESOUCHES
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Lit de campagne de Napoléon
© RMN - D. Arnaudet

Le bivouac de Napoléon lors des campagnes militaires se devait d’être d’une grande commodité, facilement démontable, transportable et peu encombrant. Tous les éléments du mobilier fournis par le garde-meuble impérial répondaient à ces prérogatives : tente, chaises, tabourets, tables pouvaient se plier et se ranger au gré des besoins. Pièce essentielle de cet aménagement, le lit avait été conçu avec un soin tout particulier. C’est Desouches, « serrurier du garde-meuble de S.M. l’Empereur et Roi », qui déposa un brevet d’invention pour des lits de fer portatifs. Plusieurs livraisons sont connues dès le Consulat, celles de 1809, 1810 et 1813 allant parfois jusqu’à 12 exemplaires. La facture de 1809 porte ce descriptif : […] lit de campagne du petit modèle, pouvant être transporté à dos de mulet, avec impériale, exhaussé portant platine et pomme en cuivre doré ; les ornements dorés et son étui en cuir doublé de drap, 1100F « .

Adoptés tant par l’Empereur que par les Officiers supérieurs, ces lits de camp se présentent sous deux modèles, le petit et le grand, avec ou sans baldaquin. Ils se plient dans le sens de la longueur et de la largeur grâce à des rotules sur les grandes tiges du cadre et les deux tiges de chaque extrémité. Les rotules principales sont poinçonnées de la couronne impériale entourée de l’inscription : « Desouches ».  Les six pieds reposent sur des roulettes et les montants sont ornés à leur sommet de boules en cuivre ou en bronze doré. L’impériale est fixée aux montants sous les quatre boules et se termine au sommet par une plaque de métal qui supporte une petite coupole rehaussée d’un globe en cuivre. Des rideaux de soie vert pâle doublés d’une cousinière en mousseline ou en coton blanc, avec embrasses en cordelettes de soie verte, pouvaient s’y adapter. Le sommier est formé par une toile en coutil rayé montée sur des sangles fixées par des crochets de fer et de laiton au cadre. Une fois démonté et replié, l’ensemble se range facilement dans un solide étui en cuir. Le petit modèle pouvait ainsi être transporté à dos de mulet, le grand modèle prenait place dans un fourgon.

Utilisé par Napoléon lors de toutes ses campagnes à travers l’Europe, le célèbre « lit de fer » fut aussi celui de sa dernière heure. Plusieurs modèles avaient été emportés à Sainte-Hélène dont celui-ci rapporté par le général Bertrand, et c’est dans un lit identique aujourd’hui conservé au musée de l’Armée que Napoléon s’éteignit le 5 mai 1821.

Karine Huguenaud, mai 2009

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