Très engagé politiquement, Vela rejoignit volontairement en 1847 les troupes du général Dufour lors de la guerre du Sonderbund puis, en 1848, il participa aux luttes révolutionnaires contre les Autrichiens. Après la défaite des patriotes italiens, l’artiste rentra à Milan, vivant de commandes privées et publiques. L’une d’elle établit sa renommée. Son Spartacus, exécuté en 1850, fut accueilli comme un symbole du combat contre le joug autrichien. Quelque dix ans plus tard, c’est avec un grand groupe allégorique que Vela salua cette fois la libération de la Lombardie. Désireuses de faire un cadeau significatif à l’impératrice Eugénie en remerciement du soutien de la France lors du conflit de 1859, les dames patriotes de Milan lancèrent une souscription destinée à financer leur projet. C’est finalement la sculpture de Vincenzo Vela qui l’emporta. La France y reçoit le baiser de l’Italie libérée, libération signifiée par la chaîne brisée gisant à ses pieds. Dans sa longue et ample tunique, la France portant la couronne impériale attire doucement à elle dans un mouvement protecteur de la main gauche une Italie dont la nudité partielle est subtilement porteuse d’un double sens : la fragilité de cette nation toute neuve, hier encore asservie à un pouvoir étranger, reste indissociable d’une émancipation à parachever et à défendre.
Offerte le 1er janvier 1863 à l’impératrice Eugénie, la sculpture fut exposée au Salon de 1863 sous le titre La France et l’Italie, avec la mention « offert par les dames de Milan à SM l’Impératrice ». Sur le socle en bois sur lequel repose le groupe de marbre, un cartel porte cette inscription dédicatoire : A EUGENIA IMPERATRICE / NELL’ESULTANZA / DELLA PRIMA VITTORIA / CHE RENDEVA LA PATRIA A SE’STESSA / LE DONNE MILANESI / GIUGNO MCDCCCLIX (à l’impératrice Eugénie dans l’allégresse de la première victoire qui rendit la patrie à elle-même les dames milanaises juin 1859). Installée sous le Second Empire au Grand Trianon à Versailles, la sculpture fut déposée à Compiègne en 1937. Le plâtre est conservé au museo Vela de Ligornetto, ville natale de Vela.
L’artiste continua durant toute sa carrière à rendre hommage aux acteurs du Risorgimento italien en exécutant des monuments à Cavour (1861-1863), à Victor Emmanuel II (1865) ou encore à Garibaldi (1888-1889).
Karine Huguenaud, février 2010 – mise à jour : mai 2024
Retrouvez une présentation de la célèbre sculpture de Vincenzo Vela, Les derniers jours de Napoléon à Sainte-Hélène.