La guerre de Crimée, qui opposa la Russie à l’Empire ottoman, entraîna l’alliance de la France et de l’Angleterre, les deux principaux soutiens de la Sublime Porte lors du conflit. C’est cette alliance que salue cette médaille commémorative à travers les victoires du corps expéditionnaire franco-britannique, celles des batailles de l’Alma le 20 septembre 1854, de la Balaklava le 25 octobre et d’Inkermann le 5 novembre. Frappée en 1854, cette médaille ne peut donc faire mention de l’entrée officielle des Alliés dans Sébastopol le 12 septembre 1855.
Mais, au-delà de victoires communes, c’est bien l’idée d’une union nouvelle entre les deux nations, hier ennemies, qui est ici évoquée. Sur l’avers de la médaille, les effigies couronnées de lauriers de la reine Victoria et de l’empereur Napoléon III, de profil à gauche, préfigurent l’amitié sincère qui unira les deux souverains – ils se rencontreront en 1855 lors d’un premier voyage officiel en Angleterre puis, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris -, amitié qui saura résister aux tensions politiques entre les deux pays.
Au revers, autour d’un trophée de drapeaux et d’armes orientales se détachant sur une mosquée, sont inscrites les victoires avec leurs dates, surmontées de la dédicace À la gloire des armées alliées.
Le graveur belge qui exécuta cette médaille, Laurent Joseph Hart (1810-1860), concevra un second modèle en 1854 sur le même thème La France et l’Angleterre unies pour la défense du Droit dans la Guerre de Crimée. Il s’était surtout distingué auparavant pour des médailles commémoratives liées à l’histoire de la Belgique et au règne de Léopold Ier, et notamment celle célébrant la pose de la première pierre le 25 septembre 1850 du monument dédié au Congrès national et à la Constitution, à l’époque la plus grande médaille jamais frappée au monde.
Si l’on connaît des exemplaires en argent et en bronze de la médaille commémorative de la guerre de Crimée (1), celui-ci, en or, est exceptionnel. C’est par l’intermédiaire de Jean Julien Sacaley (1800-1875) qu’il est parvenu jusqu’à nous. Bras droit de Jean-François Mocquard, le chef de cabinet du Prince-Président puis de l’Empereur, c’est tout naturellement que Sacaley devint premier attaché puis, à partir de 1864, sous-chef du Cabinet de l’Empereur dont il restera jusqu’à la fin un proche et fidèle collaborateur. Conservée par sa descendance, cette médaille inédite est conservée au musée du Cabinet des Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il reste encore à connaître les circonstances dans lesquelles elle a été frappée, de même qu’à vérifier l’hypothèse d’un second exemplaire en or qui aurait été en possession de la reine Victoria.
Karine Huguenaud, septembre 2010
Tous nos remerciements à M. Daniel Mallet pour sa précieuse collaboration et pour nous avoir aimablement transmis les informations et les images relatives à cette œuvre.
1) A ne pas confondre avec la médaille de Crimée créée en 1856 par la reine Victoria pour récompenser tous les militaires ayant débarqué en Orient avant le 8 septembre 1855, date de la prise de Sébastopol, et autorisée par décret impérial du 26 avril 1856.
mise à jour de la fiche 18 août 2020 (actualités BnF).