Après avoir été nommé roi de Naples le 15 juillet 1808, le prince Murat, grand duc de Berg, céda à l’Empereur par une « convention particulière » tous les biens qu’il possédait en France. Ces biens comprenaient notamment le palais de l’Élysée que Murat avait acheté en 1805 afin de répondre dignement au titre de prince dont il venait d’être honoré. Les architectes Vignon et Thibault avaient alors rendu sa splendeur à l’ancienne résidence de la marquise de Pompadour qui devint l’un des fleurons de l’habitat palatial à Paris. C’est ainsi qu’une partie des splendides objets mobilier acquis par le couple Murat passa en 1808 dans les collections du Garde-Meuble impérial, aujourd’hui celles du Mobilier national.
Selon les inventaires de 1808 et 1809, cette paire de candélabres se trouvait dans la chambre à coucher des petits appartements de la princesse Murat au rez-de-chaussée du palais de l’Élysée, chambre qui deviendra celle de l’Empereur. Dans l’inventaire de 1813, elle est mentionnée au premier étage dans le cabinet de travail de l’Impératrice puis, à partir de 1817, dans le premier salon des grands appartements au rez-de-chaussée et, sous le Second Empire, elle réintègre la chambre à coucher des petits appartements de l’Empereur. Les candélabres quittèrent l’Élysée en 1872.
La nécessité de remeubler les palais dévastés par la Révolution avait engendré une explosion de la production de mobilier et d’objets d’art sous le Consulat et le Premier Empire. La place du bronze y était considérable, s’émancipant du mobilier pour investir toutes les sphères des arts décoratifs, depuis les luminaires jusqu’aux surtouts de table sans oublier la pléthorique production de pendules. La qualité incomparable du bronze à cette époque s’explique par le savoir-faire d’une industrie essentiellement parisienne. Pas moins de 60 artisans spécialisés sont recensés par l’Almanach du Commerce à la fin de l’Empire. Ici, sur un socle carré en bronze et marbre vert de mer, une figure de cariatide en bronze patiné sert de support à six lumières. La tête porte trois branches et un vase allongé aux anses en forme de serpents tandis que les mains maintiennent deux hautes cornes. L’Antiquité donne également le ton sur le socle avec deux figures féminines dansant au son de leurs instruments de musique sur la face avant et, sur les côtés, deux amours tenant des flambeaux.
Karine Huguenaud, janvier 2011
Source : Marie-France Dupuy-Baylet, L’heure, le feu, la lumière 1800-1870. bronzes du Garde-Meuble impérial et royal, Faton 2010.