Pendule : « Diogène cherchant un homme »

Artiste(s) : GALLE Claude
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Pendule : « Diogène cherchant un homme »
© RMN

À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles, l’Exposition des produits de l’Industrie française, sorte de vitrine où chaque département venait présenter ses fleurons, fut une manifestation déterminante pour la relance de l’économie nationale. Sous l’Empire, la plus fastueuse de ces expositions se tint en 1806, dans l’espace compris entres les Invalides et la Seine. Le bronzier Claude Galle (1759-1815) y exposait plusieurs pendules dont cette pendule à sujet : Diogène cherchant un homme. Le thème, dont l’idée première revient à un certain Provost, remporta un franc succès public.

La scène s’inspire d’une anecdote fameuse tirée de la vie de Diogène de Sinope, philosophe cynique du IVe siècle av.J.-C, célèbre pour son esprit caustique, son mépris des richesses et des conventions, son existence débarrassée de tout superflu. Se promenant à Athènes en plein midi une lanterne à la main, Diogène répondait à ceux à qui le questionnaient : « Je cherche un homme ». Dans cette composition, il semble enfin l’avoir trouvé en la personne de Napoléon ! Toute l’attitude du philosophe montre sa stupéfaction devant cette rencontre inespérée : l’index pointé, le mouvement en suspens, la lanterne qui bascule.
L’anecdote donne prétexte à une glorification de l’Empereur. Adoptant une pose simple et calme, Napoléon est représenté tel un héros antique. Couronné de lauriers par la Victoire et drapé dans une toge, il tient une page du code civil dans la main gauche en référence à son œuvre de législateur, tandis que le casque et le bouclier à ses pieds sont autant d’évocations de ses hauts faits militaires. La célébration se poursuit sur le socle de marbre. De part et d’autres des grandes armes de l’Empire, l’union de l’Empire français et du Royaume d’Italie est symbolisée par les figures allégoriques de la Seine et du Tibre. Enfin, à chaque extrémité, la Renommée et l’Histoire inscrivent les exploits du grand homme sur leurs tablettes.

Napoléon n’appréciait guère les allégories. C’est sans doute pour cette raison que la pendule de Galle, pourtant fournisseur de nombre d’objets d’art pour les palais impériaux, ne fut pas acquise par le Garde-Meuble de la Couronne. Elle disparut pendant plus d’un siècle avant de réapparaître chez un antiquaire qui la céda en 1938 au musée de Malmaison.

Karine Huguenaud, avril 2002

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