Cet exemplaire authentique, sur lequel a été apposé le Sceau royal de la Grande-Bretagne, a été signé par le prince régent, futur Georges IV, et par le ministre des affaires étrangères anglais, Lord Castlereagh (cf. image du détail, ci-dessous). Il s’agit de l’exemplaire officiel de la Grande-Bretagne sur lequel le sceau a été apposé par le Lord Chancellor (le garde des sceaux), Lord Eldon (cf. image du détail, ci-dessous).
La nouvelle fit sensation au congrès de Vienne lorsqu’elle fut connue : Napoléon s’était échappé de l’île d’Elbe. Après quelques entretiens houleux, un accord fut trouvé entre les quatre grandes puissances encore assemblées : la Russie, la Prusse, l’Autriche et l’Angleterre.
Il était particulièrement sévère vis-à-vis de Napoléon. La déclaration du 13 mars affirmait notamment que « Napoléon Buonaparte s’est placé hors des relations civiles et sociales, et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’est livré à la vindicte publique ». Les puissances s’engageaient à employer tous leurs moyens et à réunir tous leurs efforts « pour que la paix générale, objet des vœux de l’Europe et but constant de leurs travaux, ne soit pas troublée de nouveau ». L’Europe entière était en train de se liguer contre un seul homme, fait rare dans l’histoire mondiale.
Cette déclaration, affichée à la hâte, ne retarda en rien la remontée de l’Empereur vers Paris, mais elle fut suivie par le protocole et le traité du 25 mars qui furent signés par la quasi-totalité des pays d’Europe. Il y était décidé d’éloigner du pouvoir Napoléon par la force. Le traité, dit de la quadruple alliance, était « uniquement dirigé dans le but de soutenir la France ou tout autre pays envahi contre les entreprises de Buonaparte ». Une clause secrète (ici non présente) précisait que l’Angleterre s’engageait à financer et équiper toute mobilisation militaire destinée à abattre Napoléon.
Le traité du 25 mars fut d’abord signé par les puissances dites de premier rang, citées plus haut. Les autres puissances, dites de second ordre, furent ensuite invitées à y adhérer également sans pouvoir toutefois y apporter modification.
L’exemplaire présenté ici témoigne de l’adhésion du royaume de Piémont-Sardaigne à l’effort de guerre. Tous les États, petits ou grands, suivirent l’exemple de ce royaume entre la fin mars et le début avril 1815.
Après cet engagement d’une Europe à nouveau coalisé contre l’empereur des Français, la guerre était inéluctable. Le traité prévoyait d’engager de telles forces militaires que la défaite de Napoléon était en quelque sorte programmée. Un désastre militaire comme celui de Waterloo ne pouvait être évité.
Pierre Branda, février 2015
Ce traité a été présenté lors de l’exposition « Le congrès de Vienne » du 7 avril au 30 juillet 2015 au musée Carnavalet, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères, les Archives nationales et la Fondation Napoléon.