Ce vélocipède, qui fut sans doute l’un de ceux du fils de Napoléon III, Napoléon Eugène, Prince impérial, fut donné à Alberto di Roccagiovine, fils de Julie Bonaparte, (fille de Charles-Lucien Bonaparte, lui-même fils de Lucien, frère de Napoléon). La plaque métallique sur le vélocipède fait référence à l’année 1869, période à laquelle la société Michaux se joignit aux trois frères Olivier. Aussi Alberto Roccagiovine aurait pu recevoir l’engin en novembre ou décembre 1876, comme le jeune Prince impérial allait rencontrer sa famille au cours d’une visite formelle à Rome avec sa mère.
Pierre Michaux et ses fils furent les pionniers de la fabrication de ce qui deviendra la bicyclette. Le premier écrit qui parle d’un « vélocipède » date de 1864. Une pédale fut attachée au moyeu de la roue avant avec un petit poids pour la maintenir à l’horizontale. La roue avant des anciennes draisiennes, qu’on manœuvrait alors en poussant les pieds par terre, devenait donc une roue motrice. On ajouta également un mécanisme de frein actionné depuis le guidon. Par la suite, le cadre du vélocipède fut allégé par la substitution de la fonte par du fer forgé (néanmoins le poids moyen restait autour de 30 kg !), et sur certains modèles on mit une petite selle à la hauteur réglable. Ces améliorations furent appliquées à la série de production de 1867, année de fondation de la Maison Michaux. Un an plus tard, elle brevetait un Perfectionnement dans la construction des vélocipèdes (brevet français n° 80 637 déposé le 24 avril 1868).
Le jeune Prince impérial portait un grand enthousiasme à cette nouvelle technologie, et le public parisien le connaissait comme « le petit qui pédalait partout« . Il était spectateur à la première course officielle de vélocipède sur piste, le 31 mai 1868, dans le parc de Saint-Cloud – course dont le vainqueur reçut une médaille d’or à l’effigie de l’Empereur. En raison de cet intérêt passionné, le Prince impérial fut surnommé par les caricaturistes, après la chute du régime, Napoléon Eugène-Louis-Jean-Joseph Vélocipède IV !
Auteurs : Marco Fortini, trad. et aug. par Peter Hicks et Claude Reynaud, octobre 2009
Bibliographie
– Claude Reynaud, Le vélocipède illustré…et déjà la bicyclette, Domazan : Musée du Vélo et de la Moto, 2008, 2 vol. (400 p.)
– Keizo Kobayashi, Histoire du vélocipède de Drais à Michaux, 1817-1870 : mythes et réalités, K. Kobayashi ([Tokyo, Japon]), 1991, (406 p.)
Ce vélocipède est exposé dans la Salle XI-Les Bonaparte à Rome, du Museo Napoleonico.
Nous remercions Giulia Gorgone directrice du Museo Napoleonico pour son autorisation de reproduire sur napoleon.org ces texte et image, originellement publiés en italien dans le livret Museo Napoleonico : Guida, Milan : Mondadori Electa S.P.A., 2008, p. 84.