La création des armoiries
Proclamé Empereur des Français le 28 floréal an XII (18 mai 1804), Napoléon aborde pour la première fois le problème des emblèmes de la souveraineté le 23 prairial suivant (12 juin) lors d’une séance au Conseil d’État. Le choix d’une nouvelle symbolique, nécessaire pour marquer la rupture avec la monarchie d’Ancien Régime, s’avère difficile. Crétet propose successivement l’aigle, le lion et l’éléphant. Cambacérès préfère les abeilles, puisque la France est organisée autour d’un chef, comme une ruche ; Ségur penche pour le lion, vainqueur du léopard anglais ; Laumond pour l’éléphant, » le plus fort des animaux » ; Duroc choisit le chêne pacifique et Lebrun la fleur de lis qui, pour lui, est l’emblème de la France et non des Bourbons. Au coq finalement adopté par le Conseil d’État, Napoléon préfère le lion. Mais, le 21 messidor an XII (10 juillet 1804), l’Empereur raye le lion sur le décret instituant son sceau et ses armes pour imposer l’aigle. Mises au point par Denon, Gay et Biennais, les armes de l’Empire, inspirées par la Rome antique et Charlemagne, seront reprises sans grandes transformations par le Second Empire.
Elles combinent les éléments suivants :
L’aigle
Composante principale du nouveau blason, l’oiseau de Jupiter, emblème de la Rome impériale, est associé depuis la plus haute antiquité aux victoires militaires. Le décret du 10 juillet 1804 stipule que les armes de l’Empereur sont : » d’azur à l’aigle à l’antique d’or, empiétant un foudre du même « . Cette aigle, très différente des motifs de l’héraldique traditionnelle, s’inspire aussi de l’aigle carolingienne. Dès le lendemain du sacre, Napoléon fait placer le symbole au sommet de la hampe de tous les drapeaux des armées napoléoniennes.
Les abeilles
Symbole d’immortalité et de résurrection, les abeilles sont choisies afin de rattacher la nouvelle dynastie aux origines de la France. En effet, des abeilles d’or (en réalité des cigales) avaient été découvertes en 1653 à Tournai dans le tombeau de Childéric Ier, fondateur en 457 de la dynastie mérovingienne et père de Clovis. Elles sont considérées comme le plus ancien emblème des souverains de la France.
Le collier de la Légion d’honneur
Créée le 29 floréal an X (19 mai 1802) pour récompenser les services civils et militaires, la Légion d’honneur emprunte sa dénomination à la Rome antique. Le collier de la Légion d’honneur, réservé à l’Empereur, aux princes de la famille impériale et aux grands dignitaires, se compose d’une chaîne en or formée de 16 trophées reliés entre eux par des aigles portant au col le ruban et la croix de l’ordre. Cette chaîne est bordée de chaque côté par une chaînette alternant étoiles et abeilles. Le motif central composé du chiffre de Napoléon, le N, est entouré d’une couronne de lauriers et supporte la croix de la Légion d’honneur, une étoile à cinq branches à pointes pommelées, émaillée de blanc, avec en son centre le profil lauré de l’Empereur, le tout surmonté de la couronne impériale.
La main de Justice et le sceptre
Deux des » Honneurs » de Charlemagne, repris lors du sacre du 2 décembre 1804, figurent entrecroisés sur les armoiries impériales. Le sceptre, bâton de commandement, signe d’autorité souveraine, est celui de Charlemagne et supporte à son sommet une statuette du premier Empereur d’Occident. La main de Justice, reconstituée, est une hampe surmontée d’une main d’ivoire bénissant.
La couronne et le manteau impérial
L’ écu se détache sur le manteau impérial inspiré de celui des pairs de France. De velours pourpre semé d’abeilles d’or, bordé de pampres, frangé d’or et doublé d’hermine, il s’échappe de la couronne fermée, formée d’aigles aux ailes levées alternant avec des arceaux et aboutissant à un globe crucifère.
Ce portrait de Napoléon Ier sur le trône impérial, peint par Jean Auguste Dominique Ingres en 1806, rassemble les symboles du pouvoir impérial napoléonien (sauf la couronne impériale) : clique sur l’image pour faire apparaître les détails et les infos.
(production en LCC issue du site Salle 112)
juin 2004, mise à jour août 2018