La barricade rue de la Mortellerie, juin 1848 dit Souvenir de guerre civile
Paris, musée du Louvre
Enrôlé en tant que capitaine d’artillerie de la Garde nationale, Meissonier a vécu de près les journées de juin 1848 pendant lesquelles les troupes du général Cavaignac écrasèrent les insurgés parisiens. Il en a livré un témoignage quasi journalistique dans cette petite toile. Son observation d’un réalisme implacable a l’objectivité d’un daguerréotype. « C’est horrible de vérité », commente Delacroix.
Les nombreuses déceptions apportées par la révolution de 1848 et la IIe République vont permettre à Louis-Napoléon Bonaparte de jouer un rôle sur la scène politique française. Il rallie à sa cause la bourgeoisie effrayée par les désordres révolutionnaires, la paysannerie plutôt hostile à la République mais aussi une partie du monde ouvrier confiant en son programme social. Le 10 décembre 1848, il est élu président de la République. Mais la barricade de Meissonier préfigure une autre répression brutale, celle qui suit le coup d’Etat du 2 décembre 1851, marquant d’une souillure originelle le futur régime impérial.