Apothéose de Napoléon Ier, esquisse

Artiste(s) : INGRES Jean Auguste Dominique
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Apothéose de Napoléon Ier, esquisse

Après le coup d’État de 1851, Ingres, partisan de l’ordre, ne fit nul mystère de son soutien à Louis-Napoléon Bonaparte. Son admiration pour le personnage, puis son adhésion au régime impérial, lui firent accepter de bonne grâce une commande sans doute passée par l’entremise du prince Napoléon. Le 2 mars 1853, le peintre, alors âgé de 73 ans, signait en effet un contrat qui l’engageait à réaliser avant la fin de la même année une Apothéose de Napoléon Ier, toile monumentale destinée au plafond du salon de l’Empereur à l’Hôtel de Ville de Paris, ainsi que huit panneaux décoratifs évoquant les principales villes liées à l’histoire du Premier Empire, Rome, Milan, Naples, Berlin, Vienne, Moscou, Madrid et Le Caire. Peinte avec l’aide de ses élèves, L’Apothéose de Napoléon Ier fut bien achevée à la fin de 1853 dans un grand atelier loué au sculpteur Gatteaux, au 47 rue de Lille, juste à côté du domicile de l’artiste. C’est là que Napoléon III et Eugénie vinrent admirer l’œuvre à la fin de janvier 1854. Et, alors qu’il refusait de participer au Salon depuis 1834, c’est en hommage à l’Empereur que le vieux maître accepta la rétrospective de sonœuvre à l’Exposition universelle de 1855. L’Apothéose de Napoléon y trônait en bonne place face à celle d’Homère, exécutée en 1827. Le livret explicitait clairement l’allégorie : « [Napoléon] est conduit, sur un char, au temple de la Gloire et de l’Immortalité ; la Renommée le couronne et la Victoire dirige les chevaux ; la France le regrette ; Némésis, déesse des vengeances, terrasse l’Anarchie ».

Détruite dans l’incendie de l’Hôtel de Ville en mai 1871 en même temps que le plafond de Delacroix, La paix vient consoler les hommes et ramène l’abondance, auquel elle faisait pendant, L’Apothéose de Napoléon Ier n’est plus connue que par une photographie de sa présentation à l’Exposition universelle et par des esquisses peintes ou des dessins préparatoires. Le modello du musée Carnavalet ou l’aquarelle du musée du Louvre donnent une idée précise de cette composition disparue. Dans la lignée des apothéoses à la romaine, la toile portait un message politique bien rare dans l’œuvre d’Ingres, une apologie dynastique que l’inscription gravée sur les marches du trône, « in nepote redivivus » (il revit dans son neveu), rendait particulièrement explicite sous le Second Empire. Déjà présente quelque 48 ans plus tôt dans le portrait de l’Empereur trônant, l’idée de la divinisation de Napoléon Ier prenait ici une forme plus académique, très appréciée par le gouvernement impérial. D’ailleurs, en 1861, suite à une commande de l’État, Ingres donna un modèle dessiné de la composition pour un camée en sardonyx gravé par Adolphe David, l’un des plus grands de l’histoire de la glyptique.

Karine Huguenaud, janvier 2010

Date :
1853
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 48 cm, L = 48 cm
Lieux de conservation :
Paris, musée Carnavalet
Crédits :
© D.R.
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