Le 2 mai 1808, la population madrilène, inquiète de la présence des troupes françaises depuis quelques semaines, se soulève. Les combats font rage dans les rues ; Murat décrète la loi martiale. Le soir, une commission militaire siège, avec pour instruction de distinguer entre les insurgés et le reste de la population ; tous ceux qui ont été pris les armes à la main sont condamnés à mort. Près de 400 prisonniers sont exécutés le 3 mai.
À la chute de Napoléon, Francisco de Goya, peintre attachée à la cour d’Espagne, projette de « perpétuer au moyen du pinceau les scènes les plus notables et héroïques de [la] glorieuse insurrection contre le tyran de l’Europe ».
Au début de 1814, le Conseil de régence lui commande deux tableaux évoquant le soulèvement du 2 mai et la répression du 3 mai. Le premier tableau décrit un affrontement à la Puerta del Sol, au coeur des combats, entre les insurgés et les mamelouks de la Garde impériale, ces cavaliers d’élite. N’ayant pas assisté aux événements, le peintre travaille d’après des récits. L’esquisse, qui diffère quelque peu du tableau final (Madrid, musée du Prado), fixe une composition dense, constamment en mouvement, qui ne s’arrête sur aucune figure en particulier, soulignant la volonté et le sacrifice des insurgés.
Fondateur à bien des égards pour les représentations ultérieures de conflits, ce parti peu classique exalte l’action spontanée du peuple, qui en est le véritable héros. Ferdinand VII ne s’y trompe pas, remerciant, peu après, Goya, accusé de sympathie pour les idées libérales.
Emilie Robbe, conservateur, département moderne, musée de l’Armée, et commissaire de l’exposition Napoléon et l’Europe, du Musée de l’Armée (27 mars-14 juillet 2013)
mai 2013