Intérieur [salon où Napoléon est mort le 5 mai 1821, à Sainte-Hélène]

Artiste(s) : VILLAIN Jean-François
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Intérieur [salon où Napoléon est mort le 5 mai 1821, à Sainte-Hélène]

Emmanuel de Las Cases nous renseigne dans le Mémorial de Sainte-Hélène sur la disposition des pièces de la maison de Longwood, dont ce salon réaménagé fait partie :
« On entre à Longwood par une pièce qui venait d’être bâtie, destinée à servir tout à la fois d’antichambre et de salle à manger ; de là on passe dans une pièce attenante , dont on avait fait le salon ; on entre ensuite dans une troisième fort obscure, en travers sur celles-ci ; on l’avait désignée pour recevoir les cartes et les livres de l’Empereur ; cet appartement consistait en deux très petites pièces égales, à la suite l’une de l’autre, formant son cabinet et sa chambre à coucher ; un petit corridor extérieur, en retour de ces deux pièces, lui servait de salle de bain. À l’opposite de l’appartement de l’Empereur, à l’autre extrémité du bâtiment, était le logement de Mme de Montholon, de son marie et de son fils, local qui a formé depuis la bibliothèque de l’Empereur. En dehors de tout cela, et au travers d’issues informes, une petite pièce carrée, au rez-de-chaussée, contiguë à la cuisine, fut ma demeure. Au travers d’une trappe pratiquée au plancher, et à l’aide d’une échelle de vaisseau, on arrivait au gîte de mon fils, véritable grenier qui ne renfermait guère que la place de son lit. Nos fenêtres et nos lits demeuraient sans rideaux, le peu de meubles de nos chambres provenait évidemment de ce dont les habitants s’étaient défaits dans cette circonstance ; heureux, sans doute, de trouver cette occasion de les placer à profit pour les renouveler ensuite avec avantage. »

Sobrement baptisé Intérieur, probablement pour échapper à la censure que suscitait le nom de Napoléon sous la Restauration, cette estampe de Jean-François Villain (actif à Paris entre 1818 et 1852) reprend un dessin de Louis-Joseph-Narcisse Marchand (1791-1876), premier valet de Napoléon. Le fidèle domestique s’est représenté seul, pleurant son maître dans ce salon qu’il connaissait si bien. En raison de son fort impact émotionnel autant que d’une attention au détail qui donne au spectateur un puissant sentiment de proximité avec la scène, cette oeuvre a été ajoutée en introduction de l’album des lithographes Adam, Arnoult et Bichebois, Retour en France des dépouilles mortelles de Napoléon, paru en 1840.

Hélène Reuzé
Musée de l’Armée, Département Iconographie

mars 2016

Œuvre présentée lors de l’exposition Napoléon à Sainte-Hélène. La conquête de la mémoire, au musée de l’Armée, Paris (6 avril-24 juillet 2016).

Cette exposition présentait un ensemble exceptionnel d’œuvres, dont un certain nombre ont été restaurées dans le cadre de l’opération « Sauvez la maison de l’Empereur » (2010-2014), une souscription internationale lancée et conduite conjointement par la Fondation Napoléon et le ministère des Affaires étrangères, ainsi que le Souvenir napoléonien.

Date :
vers 1825
Technique :
Lithographie
Dimensions :
H = 35 cm, L = 45 cm
Lieux de conservation :
Paris, musée de l'Armée, inv. 2015.0.144
Crédits :
© Musée de l'Armée
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