Jean-Antoine Houdon modelant le buste de Bonaparte Premier consul

Artiste(s) : BOILLY Louis Léopold
Partager
Jean-Antoine Houdon modelant le buste de Bonaparte Premier consul

Cette toile appartient à la série des études préparatoires réalisées par Boilly pour un tableau présenté au Salon de 1804, L’Atelier d’un sculpteur. Tableau de Famille, aujourd’hui connu sous le titre L’Atelier de Houdon (Paris, musée des Arts décoratifs). Exécutée entre 1802 et 1803, cette étude nous révèle le cheminement de l’artiste pour parvenir à la composition de 1804. Si le sujet principal reste le même – Houdon au travail dans son atelier, le sujet annexe, le buste de Bonaparte en train d’être modelé, sera finalement remplacé par celui de l’astronome et mathématicien Pierre-Simon de Laplace (1749-1827). Une autre version préparatoire conservée au musée des Beaux-Arts de Lille, tout à fait semblable à celle-ci, substitue déjà Laplace à Bonaparte. Et, dans la composition finale, c’est bien le mathématicien qui est mis en scène, assis dans un fauteuil surélevé sur une estrade, en train de poser pour le sculpteur dans son atelier du palais des Beaux-Arts (l’ancien collège des Quatre-Nations et futur siège de l’Institut en 1805), en présence de l’épouse et des trois filles de l’artiste.

Pour quelles raisons Boilly renonça-t-il à la version finale avec le Premier consul ? Mystère. Il reste cette étude, vision intime et réaliste qui nous plonge au cœur du travail du sculpteur, n’en cachant aucun détail prosaïque. Houdon est représenté dans l’exercice de son art, en pantoufles, arborant une simple blouse, avec pour seul décor ses outils, les ébauchoirs et les spatules, la sellette sur laquelle repose le buste de Bonaparte, la cuvette et les chiffons pour humidifier l’argile. La composition permet aussi de retrouver une œuvre de Houdon aujourd’hui disparue, un buste consulaire en terre cuite mentionné dans le catalogue de la vente après décès de l’atelier de l’artiste en 1828. Si l’on ne sait rien de ce qui a présidé à la conception de cette sculpture, des reproductions ou copies en marbre en sont connues, proches des productions de Boizot à la même époque. Aucune n’est signée. Houdon ne dut pas être suffisamment satisfait de l’œuvre pour l’autoriser. En revanche, le deuxième portrait de Napoléon qu’il exécuta en 1806 est passé à la postérité puisqu’il s’agit du célèbre buste en hermès de l’Empereur (musée des Beaux-Arts de Dijon), une terre cuite pour laquelle le sculpteur eut le privilège d’obtenir, fait rare, des séances de pose au palais de Saint-Cloud.

Karine Huguenaud
janvier 2012
Cette œuvre a été présentée dans la rétrospective Boilly au Palais des Beaux-Arts de Lille (4 novembre 2011 – 6 février 2012).

Date :
vers 1802 - 1803
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 56, 5 cm, L = 46, 5 cm
Lieux de conservation :
Paris, musée du Louvre
Crédits :
© D. R.
Partager