La fontaine et la place du Châtelet en 1810

Artiste(s) : BOUHOT Etienne
Partager
La fontaine et la place du Châtelet en 1810
La fontaine et la place du Châtelet en 1810, par Etienne Bouhot (musée Carnavalet, Paris) © DR

En 1810, les Parisiens et les touristes avaient toutes les raisons d’apprécier cette jolie place, au centre de laquelle s’élevait la majestueuse fontaine du Palmier rendant hommage aux victoires de la Grande Armée.

Jusqu’en 1802, se dressait Le Grand Châtelet, forteresse du IXe siècle agrandie et reconstruite en pierre au XIIe siècle par Louis VI, au pied du Pont au change (alors dénommé Grand-Pont) sur la rive droite, pour assurer la défense de la capitale. À la fin du XIIe siècle, le Grand Châtelet devint le siège de la juridiction de la prévôté de Paris chargée de la police et de la justice criminelle, et devint une prison à la sinistre réputation, au temps où la torture était indispensable pour valider tout aveu et les conditions de détention souvent fatales.
Décidée en septembre 1792, la destruction du Grand Châtelet s’étala de 1802 à 1810. La disparition de la prison s’accompagna de celles de la place de l’Apport-Paris et de son important marché, pour dégager un large espace et l’entrée de la rue Saint-Denis, ouvrir une perspective sur le Pont au change et améliorer la circulation dans ce quartier au tissu urbain dense.

Le 2 mai 1806, Napoléon Ier prit un décret pour développer le réseau d’eau potable et gratuite, largement défaillant, et donner aux Parisiens quinze nouvelles fontaines. Parmi elles, la fontaine du Châtelet devait célébrer les victoires napoléoniennes, dont les noms (Lodi, Arcole, Rivoli, Pyramides, Mont Thabor, Marengo, Austerlitz, Ulm, Iena, Eylau, Dantzig, Friedland) furent inscrits sur le fût de la colonne ornée à son sommet de feuilles de palmier. Le sculpteur Louis Boizot (1743-1809) fut chargé de réaliser la statue de la Victoire dominant la colonne, et des allégories des Vertus cardinales, la Prudence, la Tempérance, la Justice et la Force, en ronde au pied de la colonne. De cornes d’abondance à têtes de dauphin jaillit l’eau s’écoulant dans un bassin.
Un large bassin et un socle orné de têtes de sphinx furent ajoutés à l’ensemble en 1858, lorsque la fontaine fut déplacée pour être replacée au centre de la place agrandie par le préfet Haussmann. Remplacée par une copie en 1898, la Victoire ailée de Boizot est conservée dans les jardins du musée Carnavalet (Paris).

Élève de Pierre Prévost, premier peintre de panoramas si prisés sous l’Empire, Étienne Bouhot (1780 – 1862) avait offert au regard des visiteurs du Salon de 1808 une première vue d’architecture, La place Vendôme, alors que la colonne venait d’être érigée. Au Salon suivant, en 1810, il renouvelait l’exercice avec cette vue de La fontaine et la place du Châtelet en 1810, pour laquelle il reçut une médaille de bronze.
Dans cette œuvre plus maîtrisée, Bouhot met en scène l’animation autour de la fontaine de la place du Châtelet, double témoignage des réalisations d’un Napoléon urbaniste méconnu.

Irène Delage
mars 2015

A lire : Atlas de Paris au temps de Napoléon, Irène Delage et Chantal Prévot*, éd. Parigramme, 2014
Irène Delage et Chantal Prévot sont des collaboratrices de la Fondation Napoléon.

Date :
1810
Technique :
Huile sur toile
Dimensions :
H = 81 m, L = 99 m
Lieux de conservation :
Musée Carnavalet, Paris
Crédits :
© DR
Partager