Le 14 août 1857 était solennellement inauguré le « Nouveau Louvre « , c’est-à-dire la réunion en un ensemble palatial unifié du Louvre et des Tuileries, un accomplissement qui hissait Napoléon III au rang des grands monarques français. « L’achèvement du Louvre, déclara-t-il, n’est pas le caprice d’un moment, mais la réalisation d’un plan conçu pour la gloire et soutenu par l’instinct du pays pendant plus de trois cents ans ». C’est cette œuvre magistrale que célèbre une composition allégorique peinte par Victor-Joseph Chavet. Le portrait de profil de Napoléon III, un grand médaillon sculpté ceint du grand collier de la Légion d’honneur et surmonté de la couronne impériale, y est porté par deux angelots dominant une vue aérienne du palais, tandis qu’un troisième assis achève d’inscrire pour la postérité le nom du souverain. La précision et la justesse de la description architecturale sont confirmées par des photographies d’époque, aujourd’hui seuls témoignages du palais des Tuileries ravagé par les flammes en 1871.
Cette composition peinte est en fait un carton de tapisserie commandé en 1855 et livré en 1857. Par un décret du 22 novembre 1851, il avait en effet été ordonné l’exécution de 28 tapisseries de la manufacture des Gobelins, destinées à la Galerie d’Apollon du palais du Louvre. Toutes devaient représenter les hommes, souverains, architectes, artistes, qui, au fil des siècles, avaient œuvré à l’édification du monument. Cette commande s’inscrivait dans un programme de restauration initié dès 1848 et qui aboutit en 1851 à la réouverture au public de la célèbre galerie. Le 16 octobre de la même année, le Prince président en personne présida à l’inauguration de la peinture de Delacroix, Apollon vainqueur du serpent Python. Dix ans plus tard, ce sont les Diamants de la Couronne et les collections d’émaux et d’orfèvrerie qui trouvèrent dans la Galerie d’Apollon le précieux écrin qui est toujours le leur.
Les tapisseries, dont les cartons furent confiés à une vingtaine de peintres, ont été réalisées de 1853 à 1864. Elles rythment l’espace de la galerie de bout en bout. Au centre, se faisant face deux par deux, quatre panneaux figurent les monarques qui marquèrent le plus durablement l’histoire du Louvre, Philippe Auguste, François Ier, Louis XIV et Napoléon III. Cette dernière tapisserie fut remplacée en 1887 par une autre composition à la gloire de Henri IV.
Karine Huguenaud, février 2010
Retrouvez l’histoire de la Galerie d’Apollon dans le mini-site conçu par le Louvre.