Le Serment [Sacre de Napoléon Ier, 2 décembre 1804]

Artiste(s) : FONTAINE Pierre-François-Léonard
Partager
Le Serment  [Sacre de Napoléon Ier, 2 décembre 1804]
Le Serment, par Fontaine © Fondation Napoléon, Patrice Maurin Berthier

Voir l’image en grand format sur le site des Collections de la Fondation Napoléon

Ce 2 décembre 1804, assis sur le grand trône à l’extrémité ouest de la cathédrale Notre-Dame, Napoléon leva la main droite pour prêter le serment constitutionnel. À sa droite, l’impératrice Joséphine était assise sur un petit trône, le couple impérial était entouré des princes, des dignitaires et des généraux. L’assemblée était toute tendue vers la scène, pour suivre alors ce geste dramatique de l’Empereur : Napoléon s’apprêtait à s’engager à respecter la Constitution, l’irrévocabilité de la vente des biens nationaux, et à préserver les acquis de la Révolution française.

« Je jure de maintenir l’intégrité du territoire de la République ; de respecter et de faire respecter les lois du concordat et la liberté des cultes ; de respecter et faire respecter l’égalité des droits, la liberté politique et civile, l’irrévocabilité des ventes des biens nationaux ; de ne lever aucun impôt, de n’établir aucune taxe qu’en vertu de la loi ; de maintenir l’institution de la légion d’honneur ; de gouverner dans la seule vue de l’intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français. » Comte L.-P. de Ségur : Procès verbal du sacre, 1805

Le couronnement et la consécration de Napoléon comme Empereur des Français fut un mélange unique de cérémonies et de rituels. Dès le début du Consulat, Napoléon rétablit et reprit les symboles de la France monarchique, et la cérémonie du sacre à Notre-Dame fut l’apothéose de cette pompe d’Ancien Régime. Napoléon s’inspira également du sacre de Charlemagne, mais si ce dernier se rendit à Rome, Napoléon exigea du pape Pie VII qu’il vint à Paris pour le consacrer. La présence du Souverain Pontife à Paris fut un événement, car c’était la première fois qu’un pape venait en France depuis le concile de Vienne (Isère) en 1311.
La cérémonie dura pas moins de trois heures. Avant la messe votive pour la Vierge, Napoléon fit profession de foi de Napoléon, puis le Pape bénit le couple impérial, bénédiction suivie de la triple onction. La messe pour la Vierge fut interrompue pour les bénédictions des « ornements » (dans l’ordre l’épée, le manteau, l’anneau, les couronnes et le globe), rite emprunté au Sacre de Reims. Napoléon fut revêtu du manteau et se saisit du sceptre et de la main de justice. L’impératrice reçut alors son anneau et son manteau. Intervint alors le couronnement proprement dit : Napoléon se saisit de la couronne pour la placer sur sa tête, puis fit de même pour son épouse Joséphine. Le couple rejoignit les petits trônes, avant d’être escorté par les dignitaires au grand trône. Le pape prononça alors la formule de Reims, « Que Dieu vous affermisse sur ce trône… », baisa la joue de l’Empereur, puis la cathédrale retentit des cris Vivat Imperator ! La messe put reprendre, et après le Te Deum, la communion du couple impérial marqua la fin de la messe, le Pape et le clergé se retirèrent. Napoléon prêta alors le serment constitutionnel.

Peint par Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853), cette scène est l’une des huit études acquises par la Fondation Napoléon en 1997 qui décrivent les événements et les décorations élaborées pour le couronnement de Napoléon Ier. Architecte officiel du gouvernement depuis 1801, Fontaine avait reçu la mission, avec son ami et collègue Charles Percier (1764-1838), de créer des ensembles de décor pour la cérémonie du couronnement ainsi que pour les célébrations subséquentes. Fontaine réalisa ces huit dessins, comme travail préparatoire à la série de gravures publiée en 1807, sous le titre Description des cérémonies et des fêtes qui ont eu lieu pour le couronnement de leurs Majestés Napoléon, empereur des Français et roi d’Italie et Joséphine, son auguste épouse. Recueil de décorations exécutées dans l’église de Notre-Dame de Paris et au Champ de mars, d’après les dessins et sous la conduite de C. Percier et P-F.L. Fontaine, architectes de l’Empereur.

Le 19 décembre 1804, en reconnaissance de la qualité de son programme décoratif, Fontaine, sans Percier, fut nommé « Architecte du palais des Tuileries, du Louvre et dépendances, des manufactures impériales des tapisseries des Gobelins et des tapis de la Savonnerie, des magasins de marbre et tous les bâtiments situés dans l’enceinte de la Ville de Paris », un poste qu’il occupera jusqu’à sa démission le 20 septembre 1848, l’âge de 86 ans.

Francesca Whitlum-Cooper, et Irène Delage (trad.)
décembre 2014

Retrouvez l’animation 3D du Sacre, réalisée par Peter Hicks, Vaughan Hart et Joe Robson (2005) © Fondation Napoléon/Bath University

► Voir une autre aquarelle de Fontaine, œuvre des collections de la Fondation Napoléon : Rotonde décorée de tapisseries, accueillant les invités lors de leur arrivée à Notre-Dame [Sacre de Napoléon Ier, 2 décembre 1804]

Date :
1804
Technique :
Plume, Encre, Lavis, Aquarelle, Crayon, Papier vergé, Vélin
Dimensions :
H = 36 cm, L = 52 cm
Lieux de conservation :
Fondation Napoléon, inv. 1150-5
Crédits :
© Fondation Napoléon, Patrice Maurin Berthier
Partager