L’impératrice Joséphine et sa suite visitant la statue de saint Charles Borromée

Artiste(s) : TAUNAY Nicolas-Antoine
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L’impératrice Joséphine et sa suite visitant la statue de saint Charles Borromée
© RMN

Artiste prolifique, Nicolas-Antoine Taunay aborda tant de genres et de thèmes qu’il échappe à toute catégorie. Bien que se définissant lui-même à la fin de sa vie comme un « peintre de paysage historique », son œuvre, riche de plus d’un millier de tableaux, témoigne d’une ampleur et d’une diversité dépassant cette classification réductrice. Il fut un grand peintre de l’épopée, participant par exemple au concours de La Bataille de Nazareth remporté par Gros. Outre les combats qu’il illustra notamment dans L’Attaque du château de Cossaria près de Millesimo ou Le Combat et la prise de la ville d’Ebersberg, le 3 mai 1809, il favorisa d’autres épisodes militaires comme les entrées triomphales dans les villes, Munich le 24 octobre 1805, Paris à la barrière de la Villette le 25 novembre 1807. Mais c’est dans la peinture du quotidien des armées napoléoniennes qu’il donna ses œuvres les plus saisissantes, vues d’hôpitaux militaires ou marches des troupes dans des conditions extrêmes. Sa vision d’un épisode de la Guerre d’Espagne, L’armée française traversant les défilés de la Sierra Guadaramma, décembre 1808 possède une incontestable dimension romantique.

Taunay s’est aussi essayé à la peinture Troubadour et a multiplié les scènes de genre. Son célèbre voyage au Brésil entre 1816 et 1821, dans le cadre de la fondation d’une académie des Beaux-Arts, suffit aujourd’hui à lui assurer une réputation internationale par ses rarissimes vues panoramiques de Rio de Janeiro au début du XIXe siècle.
L’impératrice Joséphine appréciait tout particulièrement cet artiste qui la mit en scène à plusieurs reprises dans de petites compositions où la verve anecdotique du peintre s’exprime pleinement. Ici, le sujet se situe pendant une excursion en juin 1805 lors d’une visite de Joséphine à Arona, sur une des îles du Lac Majeur. La part belle est donnée au paysage, ce promontoire dominé par la monumentale statue de saint Charles Borromée. La visite de l’Impératrice et de sa suite, les aumônes qu’elle fait distribuer autour d’elle, la jeune femme assise en train de dessiner, tout semble bien secondaire face à ce gigantisme. Mais le sens du détail et l’extraordinaire vie insufflée aux plus petits personnages, confèrent à l’œuvre un charme caractéristique. Acquise lors d’une vente publique en avril 2007 par le musée national de Malmaison, cette toile vient rejoindre un autre tableau de Taunay, S.M. l’Impératrice en Italie apprenant la nouvelle d’une victoire présenté au Salon de 1808 et qui appartenait aux collections de Joséphine.

Karine Huguenaud, mars 2008

Date :
vers 1806
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 65,5 cm, L = 81,5 cm
Lieux de conservation :
Musée national du château de Malmaison
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