Madame Tallien

Artiste(s) : GERARD François (baron)
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Madame Tallien

Plus que toute autre période de l’Histoire de France, le Directoire a permis l’émergence de personnalités féminines emblématiques, symboles du renouveau de la vie sociale après la tourmente révolutionnaire. Le peintre Gérard a immortalisé les plus célèbres d’entre elles, Joséphine, l’épouse du jeune général Bonaparte, Laure de Bonneuil – madame Regnaud de Saint-Jean d’Angely, Madame Récamier ou encore Madame Tallien qu’il peint ici en 1804.

Thérésia Cabarrus (1773-1835) naquit à Madrid d’un père banquier d’origine française, François Cabarrus. Élevée à Paris, elle épousa à quatorze ans le marquis de Fontenay, libertin et joueur dont elle se sépara rapidement. Elle fit ensuite la conquête de Tallien, rencontré à Bordeaux où la Convention l’avait envoyé en mission. Elle exerça sur celui qui allait devenir son second mari une telle influence qu’elle permit de sauver de nombreuses vies sous la Terreur. Ce dévouement lui vaudra plus tard le surnom de Notre-Dame de Thermidor ou de Notre-Dame des Bonsecours. Madame Tallien fut La femme à la mode sous le Directoire. Très proche de Joséphine, elle partagea avec elle les faveurs de Barras puis débuta en 1799 une liaison avec Ouvrard. Divorcée en 1802 de Tallien, elle se remaria en 1805 avec le comte de Caraman, bientôt prince de Chimay, qu’elle suivit en Belgique sous la Restauration. Cette tumultueuse vie sentimentale fut réprouvée par Napoléon et la contraignit dès le Consulat à se tenir éloignée de Joséphine et des sphères officielles.

Superbe ambassadrice de la mode parisienne, Madame Tallien attirait les louanges tant par sa beauté que par sa bonté. Gérard la montre ici couronnée d’anémones, vêtue de cette légère robe à l’antique qu’elle avait imposée sous le Directoire et enveloppée d’un châle de cachemire rouge révélant la blancheur des épaules et des bras. La voyant un jour à l’Opéra, vêtue d’une simple tunique de soie blanche sans manche et ne portant visiblement pas de sous vêtement, Talleyrand avait eu ce mot : « il n’est pas possible de s’exposer plus somptueusement ». C’est une femme au corps plantureux dessinant ses courbes généreuses que peint Gérard en 1804 mais, à cette date, la belle Thérésia a déjà mis au monde six enfants…

Le portrait de celle qui reste pour la postérité Madame Tallien fut acquis par la Ville de Paris, le 16 avril 2001, lors d’une vente aux enchères à Bayeux, pour la somme de six millions quatre cent mille francs. Il avait été conservé jusque là dans les collections du château de Chimay.

Karine Huguenaud, mars 2005

Date :
1804
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 2,12 m, L = 1,27 m
Lieux de conservation :
Paris, musée Carnavalet
Crédits :
© Photothèque des Musées de la Ville de Paris / Joffre
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