Napoléon méditant sur le cercueil de Frédéric II de Prusse dans la crypte de la GarnisonKirche à Potsdam

Artiste(s) : PONCE-CAMUS Marie Nicolas
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Napoléon méditant sur le cercueil de Frédéric II de Prusse dans la crypte de la GarnisonKirche à Potsdam
Napoléon méditant sur le cercueil de Frédéric II de Prusse
dans la crypte de la GarnisonKirche à Potsdam, Marie-Nicolas Ponce-Camus
© RMN-Grand Palais - D. Arnaudet

En passe de faire son entrée triomphale dans Berlin et de briser la quatrième coalition formée par l’Angleterre, la Russie, la Suède et la Prusse – cette dernière étant fortement fragilisée après la défaite d’Iéna du 14 octobre 1806 – Napoléon semble néanmoins toujours hanté par le souvenir des victoires du grand Frédéric. Les artistes s’en font l’écho et Ponce-Camus représente ainsi Napoléon méditant sur le cercueil de Frédéric II de Prusse dans la crypte de la GarnisonKirche à Potsdam, le 26 octobre 1806.
L’artiste, spécialisé dans les portraits et la peinture d’histoire, joue volontairement sur les clairs-obscurs et les projections d’ombres dans un caveau voûté d’un extrême dépouillement. Dans cette atmosphère mystérieuse, le gros trousseau bien mis en évidence au premier plan dans les mains de Geim, sacristain de l’église servant de guide, semble contenir la clef du vécu du grand homme disparu. La tombe de Frédéric II, dont le nom est écrit clairement en majuscules, constitue l’élément principal de la scène, éclairé par la lanterne portée par Tramonci, le valet de chambre mis à la disposition de Napoléon par Frédéric-Guillaume III. Un autre cercueil, celui de Frédéric-Guillaume Ier, la porte colossale ainsi que les massifs éléments d’architecture sont assez imposants pour faire se sentir humbles les hommes les plus valeureux. Le spectateur est invité à partager ce sentiment et à pénétrer dans le tableau en suivant la ligne de fuite qui entraîne le regard vers l’arrière : le tombeau et la scène macabre formée par le cercle des personnages l’entourant. Un grand soin est porté aux expressions des visages empreints d’émotion : pourtant absent des descriptions contemporaines de l’événement, Murat est le plus proche de l’Empereur ; plus loin se trouvent Berthier, Duroc et Ségur. La véracité de cette représentation peut être mise en doute en raison notamment du nombre élevé de personnages entourant l’Empereur qui, le visage grave, semble absorbé par ses pensées.
Le tableau, exposé au Salon de 1808, est commenté en ces termes par un critique d’art anonyme : « M. Camus a le talent de faire l’Empereur ressemblant » (Sentiment impartial sur le Salon de 1808, Paris, Chaignieau aîné, 1810, p. 14). Ce tableau sera acheté par l’Etat après le Salon (Archives des Musées nationaux, P 6 1800 et Archives nationales, A FIV 1050), puis accroché dans la salle à manger du grand Trianon.

Elodie Lerner, octobre 2006

Date :
vers 1808
Technique :
Huile sur toile
Dimensions :
H = 1,81 m, L = 2,32 m
Lieux de conservation :
Musée national du château de Versailles
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