Photographie : Le comte Émilien de Nieuwerkerke (1811-1892), intendant des Beaux-arts (1853), chambellan honoraire de l’Empereur (1859)

Artiste(s) : CRÉMIÈRE Léon (1831-1913)
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Photographie : Le comte Émilien de Nieuwerkerke (1811-1892), intendant des Beaux-arts (1853), chambellan honoraire de l’Empereur (1859)
Le comte Émilien de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts,
chambellan honoraire de l'Empereur, par Léon Crémière, 1861
© Fondation Napoléon

Chargé de photographier les membres de la Maison de l’Empereur, le photographe Léon Crémière (1831-1913) nous livre ici un magnifique portrait d’apparat d’une personnalité essentielle de la vie artistique du Second Empire, Émilien de Nieuwerkerke, alors intendant des musées impériaux depuis 1853. Un portrait classique, sinon le regard très expressif de Nieuwerkerke : un jeu de comédien ?

Le comte Émilien de Nieuwerkerke (1811-1892)

Personnage flamboyant de la IIe République et du Second Empire, le comte Émilien O’Hara de Nieuwerkerke joua auprès de Napoléon III un rôle similaire à celui de Dominique-Vivant Denon auprès de Napoléon Ier.

C’est en 1845 que cet Hollandais (naturalisé français en 1849) fait la connaissance de la princesse Mathilde (1820-1904), cousine de Louis-Napoléon Bonaparte, futur président de la IIe République, puis empereur des Français. Mal mariée au Russe Anatole Demidoff, prince de San Donato, la princesse Mathilde devient, de 1846 à 1869, la maîtresse de Nieuwerkerke dont elle va assurer la carrière d’artiste et surtout d’administrateur. Nieuwerkerke, lui, est marié depuis 1832 à Marie Técla de Monttessuy (1810-vers 1886). Le couple sera invité plusieurs fois aux séries de Compiègne.

Élève de James Pradier (1790-1852), Nieuwerkerke est un sculpteur de sensibilité académique, qui expose aux Salons de 1842, 1843, 1846 (buste en bronze de René Descartes), 1847 (6 œuvres dont une statue en plâtre de La Reine Elisabeth la Catholique entrant à Grenade), 1849, 1855, 1857, 1859 (buste de la princesse Murat) et 1861. Il réalise également une statue équestre de Napoléon Ier pour la ville de Lyon (1850-1852, détruite en 1870-1871), dont une copie a été commandée par la ville de La Roche-sur-Yon (1852-1854). En 1852, il sculpte également des bustes du Prince-Président et de la princesse Mathilde, ainsi que celui de la jeune Eugénie de Guzman Palafox y Portocarrero qui deviendra le buste officiel, légèrement remanié, de l’Impératrice Eugénie.

Portrait en buste d’Eugénie de Guzman Palafox y Portocarrero,
par Émilien de Nieuwerkerke, 1852
© RMN-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Daniel Arnaudet

Mais Nieuwerkerke doit délaisser son art devant ses responsabilités et nominations : directeur général des Musées nationaux en 1849, intendant des Beaux-arts de la Maison de l’Empereur en 1853, chambellan honoraire de l’Empereur en 1859, surintendant des Beaux-arts en 1863 (fonction de l’Ancien Régime rétablie pour lui), il est aussi membre libre de l’Académie des Beaux-arts (élu en 1853), vice-président en 1855 puis président en 1856 de la Société des antiquaires de France, sénateur (décret de 1864), vice-président en 1863 puis président en 1865 de la Commission des Monuments historiques.

Responsable de trois musées (Louvre, Luxembourg, Versailles), il participe activement à la création du musée des antiquités gallo-romaines de Saint-Germain-en-Laye en 1862. Il est chargé des collections des musées impériaux, des commandes de tableaux, sculptures et gravures (liste civile) et de l’organisation du Salon. Il permet la réussite de la difficile réforme de l’école des Beaux-arts (1863) et fonde l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie (1864).

Homme influent au carrefour des milieux artistique et politique, Nieuwerkerke subit la suppression de la surintendance des Beaux-arts, remplacée par le ministère des Beaux-arts à la tête duquel le républicain Maurice Richard lui est préféré. Le comte devient alors plus modestement surintendant des musées impériaux. Apprenant la capitulation de Napoléon III à Sedan le 3 septembre 1870, il démissionne le 5 septembre, puis échappant de peu à son arrestation il arrive à rejoindre l’Angleterre. Il s’installe fin 1871 en Italie, se fixe à Gattaiola près de Lucques, où il meurt en 1892.

Sa caricature dans la Ménagerie impériale le représente en caniche tatoué d’un M surmonté d’une couronne (symbolisant sa relation avec la princesse Mathilde), et à la queue duquel sont attachés tableaux et statuette.

Le comte de Nieuwerkerke, caricaturé en caniche par Paul Hadol dans la « Ménagerie impériale », 1870
© Fondation Napoléon

Les albums Crémière

Acquis par la Fondation Napoléon en 1995, l’album Crémière est composé de quarante planches photographiques représentant des personnalités de la Maison de l’Empereur, témoignage unique sur les hommes qui ont fait le Second Empire dans l’ombre du souverain. Léon Crémière est alors le photographe officiel de la Maison de l’Empereur et installé 28 rue de Laval (renommée en 1887 rue Victor Massé) dans le 9e arrondissement de Paris.

Outre des portraits pris dans son atelier de nombreuses personnalités, il réalise de nombreuses commandes livrées sous forme d’album, comme :

Irène Delage, février 2019

Date :
1861
Technique :
Photographie, collée sur un montage en carton d'une dimension de 50 x 33 cm
Dimensions :
H = 50 cm, L = 30 cm
Lieux de conservation :
Fondation Napoléon INV 287.05
Crédits :
© Fondation Napoléon
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