Portrait de François-Nicolas Mollien, (1758-1850), ministre du Trésor public

Artiste(s) : LEFEVRE Robert
Partager
Portrait de François-Nicolas Mollien, (1758-1850), ministre du Trésor public
Portrait de François-Nicolas Mollien, (1758-1850), ministre du Trésor public, Robert Lefèvre
© Musée national du château de Versailles

Après son retour de la première campagne d’Allemagne de 1805 et dans le prolongement de la victoire d’Austerlitz, Napoléon fit paraître un décret le 17 mars 1806 afin que ses ministres soient peints par les plus grands portraitistes de l’époque (Gros, Prudhon, Kinson, Lefèvre, …) et que ces toiles soient accrochées dans le salon attenant au Salon des maréchaux, au palais des Tuileries. Parmi ces « maréchaux civils » se trouvait le ministre du Trésor, François-Nicolas Mollien (1758-1850).

Mollien devait sa solide carrière non seulement à ses qualités évidentes mais aussi au fait qu’il avait su être la bonne personne au bon moment. Après un début de carrière très réussi sous l’Ancien Régime, il avait fini par occuper un poste privilégié dans l’administration des Finances, plus à la Ferme générale et au Contrôle général. Il avait évité de justesse la guillotine pour devenir, sous le Consulat, le conseiller spécial de Napoléon sur les questions liées à la bourse et à la banque. Mollien était un ami proche du ministre des Finances consulaire, Martin-Michel Gaudin. Quand en 1806, le ministre du Trésor public Barbé-Marbois fut brutalement limogé à cause du scandale des Négociants réunis, Mollien, alors conseiller d’État et présent lors de cette décision, fut catapulté à sa place, presque malgré lui. Il fut cependant l’un des grands ministres du Trésor de France, de l’Empire et des Cent-Jours, homme d’État reconnu y compris sous le règne de Louis XVIII où il fut fait pair de France.
Décédé à l’âge de 92 ans, Mollien était le dernier des ministres du Premier Empire et le seul qui vit l’arrivée de Louis-Napoléon Bonaparte au pouvoir, en 1848.

Napoléon comme Denon avaient beaucoup apprécié le travail de Robert Lefèvre (1756-1830), l’auteur de ce portrait. Il reçut cette commande officielle de la part de Vivant Denon dans une lettre datée du 3 Juin 1806. Les instructions étaient très précises : pour un montant de 4 000 francs, il devait livrer le 1er novembre de cette même année une peinture de « 2 mètres 18 ½ centimètres (6 pieds, 8 pouces, 7 lignes) de haut pour 1 mètre 42 ½ centimètres de large (4 pieds, 4 pouces, 6 lignes) ».

Comme il sied à un portrait officielle, Mollien est représenté dans son uniforme ministériel et portant la décoration de la Légion d’honneur. Figé de biais, dans la position dynamique d’une petite foulée, il est porté par un mouvement ascendant grâce à l’escalier. Mollien semble pris sur le vif et diligent, comme en chemin vers une hypothétique réunion avec l’Empereur.

Ce ne fut pas seulement la seule représentation que Lefèvre fit du ministre : le catalogue du Salon de 1808 mentionne en n° 513 une peinture préparatoire mais entièrement achevée de ce portrait, décrite comme « un portrait en buste de Son Excellence, Monseigneur le ministre du Trésor ». Or la Banque de France possède un portrait en buste du ministre, peint par Alexandre Hesse en 1874, qui ressemble au portrait de Lefèvre : Hesse a-t-il pu copier cette peinture préparatoire ?

L’oeuvre de Lefèvre ne fut jamais (ou que très brièvement) accrochée dans les Tuileries : en mai 1808, la toile ainsi que les autres portraits des ministres commandés en 1806 furent redirigés au palais de Compiègne. Aujourd’hui, ce portrait se trouve au château de Versailles. De juin à octobre 2012, il a séjourné à Melbourne, en Australie, dans le cadre de la grande exposition, Napoleon: Revolution to Empire, organisée par la National Gallery de Victoria en partenariat avec la Fondation Napoléon.

Les Mémoires d’un ancien ministre du Trésor public de Mollien sont actuellement en cours de publication, avec le concours de la Fondation Napoléon.
– Tout passionné d’économie et de finance sera intéressé par le programme du colloque « Napoléon et l’économie. Monnaie, banque, crises et commerce sous le Premier Empire » du 23-24 mars 2016 (désormais complet : inscriptions terminées).

Peter Hicks, trad. Marie de Bruchard, février 2016

Date :
1806
Technique :
Huile sur toile
Dimensions :
H = 2,14 m, L = 1,37 m
Lieux de conservation :
Versailles, musée national du château MV 8653
Crédits :
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Partager