En 1804, Napoléon commande une série de portraits à l’occasion du sacre du 2 décembre. Le portrait du proche collaborateur de l’Empereur, Géraud-Christophe-Michel Duroc, de son vrai nom Géraud-Christophe Michel du Roc, a été peint par Antoine-Jean Gros.
Gros est un ami de Duroc : il le rajoutera, par exemple, dans sa Bataille des pyramides de 1810 aux côtés des principaux officiers de l’état-major, quand seuls ces derniers devaient figurer dans la composition initiale. Il représente ici Duroc dans le costume qu’il porte lors du sacre de Napoléon, Légion d’honneur bien en évidence (Duroc est fait Grand-croix deux mois après le sacre, le 2 février 1805) et sur fond de la colonne Vendôme, qui n’est encore qu’à l’état de projet, lors de l’exécution de la peinture.
Ce détail est un écho à la carrière de Duroc, qui s’est en effet illustré brillamment dans les armes depuis la Révolution. Il est devenu aide de camp de Bonaparte en 1796, puis général de brigade le 13 octobre 1801. Gouverneur militaire du palais des Tuileries en 1802, il devient, enfin, grand maréchal du Palais le jour même où le sénatus-consulte du 18 mai 1804 crée l’Empire. Il sera créé duc de Frioul, en référence à ses exploits militaires en Italie, en 1808.
Duroc est par ailleurs un fin politique et un homme de confiance du Premier Consul puis de l’Empereur qui l’envoie en missions diplomatiques de Berlin à Saint-Pétersbourg. Sa nouvelle fonction de grand maréchal du Palais exige ce dévouement ; c’est une des charges les plus lourdes qui soit. Sous cette responsabilité se trouvent la protection de la personne de l’Empereur et de son entourage proche, et l’organisation du palais impérial au quotidien, comme celle des grandes cérémonies qui ponctuent le début du règne de Napoléon Ier, parmi lesquelles le sacre et le couronnement. L’archevêque menace-t-il de faire un trop long discours lors de la cérémonie du 2 décembre, Duroc lui fait signe d’abréger ses paroles… Ce pouvoir en fait un des hommes les plus puissants de la cour impériale.
Parvenant à rendre tout l’éclat de cette position militaire et politique dans ce portrait, Gros entoure le grand maréchal Duroc d’un parfait reflet de la gloire du sacre dont il est un des principaux metteurs en scène et acteurs.
Ce tableau existe en deux versions, celle qui est ici reproduite a été commandée par Napoléon pour la collection du château de Versailles. La seconde version de Gros, exécutée dans la foulée, était destinée à la famille Duroc. Elle est visible au musée des Beaux-arts de Nancy.
Une reproduction de la version du musée des Beaux-arts de Nancy de ce portrait a pu être admirée à l’exposition Duroc, l’ami de Napoléon du musée municipal « Au fil du papier » de Pont-à-Mousson jusqu’au 15 décembre 2013.
Marie de Bruchard
Septembre 2013
Sources :
– Duroc (1772-1813), Jean de la Tour, Nouveau monde Éditions, 2004
– Antoine-Jean Gros, peintre de Napoléon, David O’Brien, Gallimard, 2006